Mme Latifa Ibn Ziaten, capture @ Vatican Media

Mme Latifa Ibn Ziaten, capture @ Vatican Media

« Pour qu’ils ne tombent pas dans la haine »: témoignage de Latifa Ibn Ziaten

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Lauréate du Prix Zayed 2021 pour la Fraternité humaine

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« Pour qu’ils ne tombent pas dans la haine »: c’est le « combat » mené par Mme Latifa Ibn Ziaten auprès des jeunes, depuis l’assassinat de son fils Imad, premier militaire assassiné en France, à Toulouse par le terroriste Mohammed Merah le 11 mars 2012. Plus tard, elle a fondé l’association IMAD pour la Jeunesse et la Paix.

Elle a participé, ce jeudi 4 février 2021, à la célébration de la première Journée mondiale pour la Fraternité humaine, reconnue par l’ONU, en tant que lauréate du Prix Zayed pour la fraternité humaine.

« Je suis aujourd’hui une deuxième mère pour beaucoup d’enfants que j’ai sauvés, que ce soit dans les maisons d’arrêt, dans les foyers, dans les écoles, pour qu’ils ne tombent pas dans la haine », a témoigné Mme Ibn Ziaten.

Elle a quitté le Maroc à l’âge de 17 ans pour Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) où elle a rejoint son mari, Ahmed, cheminot à la SNCF. Elle est mère de cinq enfants, une fille et quatre fils.

Imad Ibn Ziaten, né en 1981, était sous-officier du 1er régiment du train parachutiste de Francazal, près de Toulouse, quand il a été tué, l’année de ses 31 ans.

Imad Ibn Ziaten @ Association IMAD, 12.2015)

Imad Ibn Ziaten @ Association IMAD, 12.2015

Après la mort de son fils, Latifa Ibn Ziaten s’est rendue aux Izards, une cité du nord-est de Toulouse où vivait l’assassin d’Imad et de six autres victimes. Elle échange avec un groupe de jeunes au pied des tours : après avoir qualifié Mohammed Merah de « héros » et de « martyr de l’islam », ceux-ci apprennent l’identité d’Ibn Ziaten et ils lui présentent leurs excuses. Elle a alors voulu fonder une association, pour venir en aide aux jeunes des quartiers difficiles.

Voici son témoignage que nous transcrivons à partir de la vidéo de l’événement:

« Je suis ravie d’être parmi vous et je suis très fière et très honorée de recevoir ce Prix. Je vous félicite, Excellence [le co-lauréat, M. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui a permis la reconnaissance de cette Journée annuelle, ndlr], pour le Prix que vous avez reçu aussi. Et je remercie tous ceux qui sont présents, le Père [le pape François], l’Imam [Ahmed Al-Tayyeb], et vraiment cela va m’aider dans mon combat, pour les démarches que je fais aujourd’hui.

J’ai perdu un fils et aujourd’hui je tends la main à beaucoup d’enfants. Je suis aujourd’hui une deuxième mère pour beaucoup d’enfants que j’ai sauvés, que ce soit dans les maisons d’arrêt, dans les foyers, dans les écoles, pour qu’ils ne tombent pas dans la haine.

Parce que rassembler, faire passer un message de paix, un message d’amour, c’est très important. Je ne sais pas comment je peux exprimer la joie que j’ai aujourd’hui. Je suis une mère blessée, d’une blessure profonde: cette blessure elle ne pourra jamais être fermée.

Comme je le dis à chaque enfant, si l’on arrive à briser les barrières que l’on a à l’intérieur de notre coeur, on trouvera notre place dans la société, et on sera tous des frères. Mais ces barrières, il faut vraiment les briser. C’est très important.

Je vous remercie du fond du coeur: tout l’organisme qui m’a aidée et qui m’a apporté vraiment ce bonheur aujourd’hui pour continuer mon combat d’amour et de tolérance et de fraternité humaine. Je vous remercie vraiment du fond du coeur. Je vous remercie beaucoup. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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