Les jésuites tchèques ont adressé à Rome un dossier en vue de l’éventuelle béatification du prêtre Adolf Kajpr S. J. (1902-1959) qui a été emprisonné par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et qui est décédé plus tard dans une prison communiste. Il pourrait être premier jésuite tchèque béatifié.
La phase diocésaine du procès de béatification s’est achevée le 4 janvier 2021 par une messe et par l’annonce officielle du cardinal Dominik Duka, archevêque de Prague, en l’église Saint-Ignace sur la place Charles de Prague où le p. Kajpr a servi et où il a été inhumé, indique le site catholique tchèque Katolicky tydenik le 5 janvier.
Né en 1902 en Bohême centrale, Adolf Kajpr perd très tôt ses parents et il est élevé par sa tante. À l’âge de 24 ans, il entre au lycée archiépiscopal de Prague-Bubeneč. Pendant ses études secondaires, en 1928, Adolf rejoint la Compagnie de Jésus et sept ans plus tard, après avoir étudié à Innsbruck, en Autriche, il reçoit l’ordination sacerdotale.
Au tournant des années 1930 et 1940, il est rédacteur en chef de quatre revues – Réveil, Adolescence, Nouvelles directions et Messager du Cœur Divin du Seigneur – où il écrit ouvertement contre le nationalisme, le racisme et l’antisémitisme. Il est réprimandé à plusieurs reprises par la Gestapo avant d’être arrêté en mars 1941. Pendant 4 ans il est emprisonné dans les camps de Terezín, Mauthausen et Dachau, où il rencontre le futur cardinal Josef Beran (1888-1969).
De retour à Prague, en mai 1945, il se consacre au travail avec la jeunesse et il dirige le magazine Katolík (Catholique), où il publie ses commentaires sur la vie spirituelle, politique et publique.
Le magazine, diffusé à 30 000 exemplaires, et dont le p. Kajpr est rédacteur en chef pendant les trois années d’après-guerre, est jugé « anti-Etat et réactionnaire » et il est interdit.
Le p. Kajpr est arrêté en 1950 et il est condamné à douze ans de prison ferme pour « haute trahison ». Le témoignage de ses codétenus parle de sa foi profonde, de ses discours spirituels à leur adresse, d’encouragements envoyés en secret aux laïcs et de la préparation de novices clandestins.
Il meurt d’une crise cardiaque en 1959 dans la prison de Leopoldov. Ses cendres ont été transférées en 1968 au cimetière de Vyšehrad. Depuis 2019, elles reposent en l’église Saint-Ignace.
Vojtěch Novotný, doyen de la Faculté de théologie catholique de l’Université Charles et postulateur de la cause de béatification, souligne que le p. Kajpr « cherchait des voies et des moyens pour prêcher l’Évangile au présent, à une société sécularisée dans laquelle les gens sont souvent en recherche … Et aujourd’hui, cela fait de lui le patron de nos efforts actuels pour évangéliser. »