Conférence de presse sur Fratelli tutti © Zenit / Deborah Castellano Lubov

Conférence de presse sur Fratelli tutti © Zenit / Deborah Castellano Lubov

« Fratelli tutti » : les valeurs des croyants, un trésor pour la société

Le cardinal Ayuso présente la nouvelle encyclique

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« Fratelli tutti » – tous frères, c’est « une réalité existentielle que le pape François tient paisiblement pour acquise : nous sommes tous frères et sœurs, personne n’est exclu! », a affirmé le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, en présentant la nouvelle encyclique du pape sur l’amitié sociale, le 4 octobre 2020, au Vatican.

Le dialogue interreligieux, a assuré le chef de dicastère, « est véritablement au cœur des réflexions et des actions » du pape argentin. « En désignant le respect et l’amitié comme deux attitudes fondamentales », a-t-il ajouté, « il a ouvert une autre porte, afin que l’oxygène de la fraternité puisse entrer au cœur du dialogue entre personnes de traditions religieuses différentes, entre croyants et non-croyants, et avec toutes les personnes de bonne volonté ».

Pour le cardinal Ayuso, « le croyant est témoin et porteur de valeurs qui peuvent apporter une grande contribution à la construction de sociétés plus saines et plus justes » : « La droiture, la fidélité, l’amour du bien commun, le souci des autres, en particulier des plus nécessiteux, la bienveillance et la miséricorde sont des outils précieux qui font partie du trésor spirituel des différentes religions. »

Voici le texte de son intervention traduit par le Saint-Siège.

Présentation du cardinal Ayuso

Je suis reconnaissant de cette occasion qui m’est donnée de présenter l’Encyclique Fratelli tutti, consacrée à la fraternité et à l’amitié sociale; un cadeau précieux que le Saint-Père nous a fait, non seulement à nous, Catholiques, mais à toute l’humanité.

Je salue tous les éminents orateurs qui se sont joint à moi pour présenter cette Encyclique. En particulier le Dr Mohamed Mahmoud Abdel Salam, Conseiller du Grand Imam d’Al-Azhar, ami et frère avec lequel je partage le travail du Haut Comité pour la Fraternité humaine, créé en août 2019, pour donner continuité et efficacité aux objectifs énoncés dans le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. Votre présence ici est vraiment un bon exemple de fraternité!

Je tiens à remercier publiquement le Pape François, au nom du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux que je préside, pour le nouvel élan qu’il a donné, dès le début de son pontificat, au dialogue interreligieux.

Je ne saurais vous cacher mon émotion à la lecture des pages de l’Encyclique, en particulier celles du chapitre huit : «Les religions au service de la fraternité dans le monde». Je collabore avec le Pape François depuis le début de son pontificat, c’est-à-dire depuis près de huit ans. Je peux témoigner de l’ampleur du travail accompli, même au milieu de difficultés indéniables, dont la dernière en date, la pandémie provoquée par le COVID-19.

Le dialogue interreligieux est véritablement au cœur des réflexions et des actions du Pape François. En effet, comme l’affirme Fratelli tutti : « Chercher Dieu d’un cœur sincère, à condition de ne pas l’utiliser à nos intérêts idéologiques ou d’ordre pratique, nous aide à nous reconnaître comme des compagnons de route, vraiment frères.» (Ft 274).

Le titre même de l’Encyclique exprime clairement le désir de s’adresser à tous comme à des frères et sœurs. Il s’agit d’une réalité existentielle que le Pape François tient paisiblement pour acquise : nous sommes tous frères et sœurs, personne n’est exclu!

Le chemin du dialogue entre personnes de traditions religieuses différentes ne vient, certes, pas juste de commencer. Il fait partie de la mission originelle de l’Église et est profondément enraciné dans le Concile Vatican II.

En désignant le respect et l’amitié comme deux attitudes fondamentales, le Pape François a ouvert une autre porte, afin que l’oxygène de la fraternité puisse entrer au cœur du dialogue entre personnes de traditions religieuses différentes, entre croyants et non-croyants, et avec toutes les personnes de bonne volonté.

Le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé par le Pape et par le Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb le 4 février 2019 à Abou Dhabi, a représenté un jalon sur la voie du dialogue interreligieux, et qui n’en marquait ni le début ni la fin. Nous sommes en chemin ! D’un regard clairvoyant et miséricordieux, Fratelli tutti nous exhorte à fouler le terrain commun de la fraternité humaine. Ce terrain commun est une vérité ancienne, mais qui peut sembler nouvelle dans le monde qui nous entoure, souvent atrophié par l’égoïsme. Les croyants de différentes traditions religieuses peuvent vraiment apporter leur contribution propre à la fraternité universelle dans les sociétés où ils vivent. Fratelli tutti déclare : «Il est inadmissible que, dans le débat public, seuls les puissants et les hommes ou femmes de science aient droit à la parole. Il faut aussi faire place aux réflexions nées des traditions religieuses, dépositaires de siècles d’expérience et de sagesse» (Ft, 275). En effet, le croyant est témoin et porteur de valeurs qui peuvent apporter une grande contribution à la construction de sociétés plus saines et plus justes. La droiture, la fidélité, l’amour du bien commun, le souci des autres, en particulier des plus nécessiteux, la bienveillance et la miséricorde sont des outils précieux qui font partie du trésor spirituel des différentes religions.

Vivre son identité dans le «courage de l’altérité» est le seuil que l’Église du Pape François nous demande aujourd’hui de franchir.

Il s’agit d’entreprendre des démarches concrètes avec les croyants d’autres religions et toutes les personnes de bonne volonté, avec l’espoir que nous nous sentirons tous appelés à être des messagers de la paix et des artisans de communion, en particulier en ces temps que nous traversons.

Dieu est le Créateur de tout et de tous. Nous sommes donc membres d’une même famille et nous devons nous reconnaître comme tels. C’est là le principe fondamental que la foi nous offre pour passer de la simple tolérance à la coexistence fraternelle.

L’invitation adressée par le Pape François aux différentes religions, à se mettre au service de la fraternité pour le bien de toute l’humanité, annonce une nouvelle époque. Notre voyage commun nous ouvre à une nouvelle lumière et à une nouvelle créativité qui met au défi le cœur même de chaque religion. Plus encore, la fraternité elle-même peut aussi devenir le chemin des croyances religieuses.

Dans un monde déshumanisé, où l’indifférence et l’avarice caractérisent les relations entre les gens, une nouvelle solidarité universelle et un nouveau dialogue fondé sur la fraternité sont nécessaires.

Le dialogue interreligieux a une fonction essentielle dans l’établissement d’une coexistence civile, d’une société qui inclut tous et chacun en refusant la «culture du déchet». La vision et l’objectif du dialogue sont d’œuvrer, à travers une collaboration authentique entre les croyants, à la réalisation du bien de tous, en luttant contre toutes les injustices qui affligent encore notre monde et en condamnant tout type de violence. En nous tournant vers le futur, nous devons veiller à ce que les religions ne se referment pas sur elles-mêmes. En tant que croyants et tout en restant fermement enracinés dans notre propre identité, nous devons nous engager, avec toutes les personnes de bonne volonté et malgré nos différences, sur la voie de la fraternité humaine. Dans le monde, il y a beaucoup de religions. Depuis notre perspective interreligieuse, nous devons apprendre à raviver les relations de respect et d’amitié, comme nous y appelle le Pape. Cela nous donnera la possibilité, en tant qu’êtres humains, de défendre l’égalité de tous. Nous sommes des croyants qui avons des visions différentes et nous ne devons pas renoncer à notre propre identité, mais nous devons appeler à une plus grande authenticité dans les relations.

Merci encore au Pape François, parce que Fratelli tutti nous fait tous nous sentir plus proches de l’amour du Christ et de l’Église, et nous encourage à nous mettre, tous ensemble, au service de la fraternité dans ce monde.

Je vous remercie de votre aimable attention.

© Librairie éditrice du Vatican

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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