Présentation de "Samaritanus Bonus", capture @ Vatican Media

Présentation de "Samaritanus Bonus", capture @ Vatican Media

L’objection de conscience, un droit et un devoir du personnel soignant

« Le service de la vie interpelle la conscience humaine au quotidien »

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Le nouveau document de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur la fin de vie, « Samaritanus bonus », publié ce 22 septembre 2020 (pas encore en français), rappelle le droit du personnel soignant à l’objection de conscience.

Il y a, d’une part, le devoir de tout accompagnateur de ne jamais poser un acte qui pourrait être une forme « d’approbation » d’un acte contre la vie: « Aucun geste qui puisse être interprété comme une approbation, même implicite » de l’euthanasie, n’est admissible de la part de ceux qui assistent spirituellement les malades, a déclaré le cardinal préfet Luis Ladaria Ferrer en présentant le document au Vatican.

Pas de « coopération » dans le mal

D’autre part, il y a le droit à « l’objection de conscience de la part des agents de santé et des établissements de santé catholiques » (paragraphe 9).

« Face aux lois qui légitiment l’euthanasie ou le suicide assisté – sous toute forme d’assistance médicale – toute coopération formelle ou matérielle immédiate doit toujours être refusée », affirme le document: « Ces contextes constituent un domaine spécifique pour le témoignage chrétien, dans lequel «nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Actes 5,29). Il n’y a pas de droit au suicide ou à l’euthanasie: le droit existe de protéger la vie et la coexistence des hommes, et non de causer la mort. Il n’est donc jamais légal pour quiconque de collaborer à de telles actions immorales ou de suggérer que l’on peut être complice en parole, en acte ou par omission. Le seul droit réel c’est celui du malade à être accompagné et traité avec humanité. Ce n’est qu’ainsi que sa dignité est sauvegardée jusqu’à la mort naturelle. »

Le document rappelle le devoir de ne pas coopérer formellement: le document rappelle « les principes généraux de la coopération dans le mal ».

Il demande que les États reconnaissent « l’objection de conscience dans les domaines médical et sanitaire, conformément aux principes de la loi morale naturelle, et en particulier lorsque le service de la vie interpelle la conscience humaine au quotidien ».

Et cela peut aller jusqu’à la désobéissance civile: « Lorsque cela n’est pas reconnu, cela peut conduire à la situation de devoir désobéir à la loi, afin de ne pas ajouter l’injustice à l’injustice, conditionnant la conscience des gens. Les professionnels de santé ne doivent pas hésiter à le demander comme leur droit et comme contribution spécifique au bien commun. »

Une position unifiée de la part des Conférences épiscopales

« Samaritanus bonus » aborde la question des pressions économiques exercées sur les structures et en appelle à la responsabilité de toute la société: « De même, les établissements de santé doivent surmonter les fortes pressions économiques qui les conduisent parfois à accepter la pratique de l’euthanasie. Et si la difficulté à trouver les moyens nécessaires rend l’engagement des institutions publiques très lourd, la société dans son ensemble est appelée à une responsabilité supplémentaire pour que les malades incurables ne soient pas abandonnés à eux-mêmes ou aux ressources de leur famille. »

Il en appelle aussi aux Conférences épiscopales et aux communautés chrétiennes: « Tout cela nécessite une position claire et unifiée de la part des Conférences épiscopales, des Églises locales, ainsi que des communautés et institutions catholiques pour protéger leur droit à l’objection de conscience dans les contextes juridiques qui prévoient l’euthanasie et le suicide. »

Il explique ce que signifie être un « Bon Samaritain »: « Le commandement de Jésus, « guérir les malades » (Lc 10, 9), trouve sa mise en œuvre concrète non seulement en leur imposant les mains, mais aussi en les ramassant dans la rue, en les aidant dans leurs maisons et en créant des structures d’accueil et d’hospitalité adaptées. Fidèle au commandement du Seigneur, l’Église a créé, au fil des siècles, diverses structures d’accueil, où les soins médicaux trouvent leur déclinaison spécifique dans la dimension du service intégral au malade. »

Ethiquement inacceptable

Le Saint-Siège encourage le témoignage chrétien dans ce domaine aussi, si les institutions veulent être vraiment « catholiques »: « Les établissements de santé catholiques sont appelés à être des témoins fidèles de l’attention éthique inaliénable au respect des valeurs humaines fondamentales et des valeurs chrétiennes constitutives de leur identité, en s’abstenant de tout comportement d’illégitimité morale évidente et d’obéissance déclarée et formelle aux enseignements de la Magistère ecclésial. Toute autre action, qui ne correspond pas aux finalités et aux valeurs auxquelles s’inspirent les établissements de santé catholiques, n’est pas éthiquement acceptable et, par conséquent, préjuge l’attribution, à l’établissement de santé lui-même, de la qualification de «catholique». »

Toute collaboration serait éthiquement inacceptable: « En ce sens, la collaboration institutionnelle avec d’autres hôpitaux vers lesquels les personnes demandant l’euthanasie peuvent être guidées et dirigées n’est pas éthiquement acceptable. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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