La justice ne doit pas être le privilège des riches, a insisté le chargé d’affaires de la Mission permanente du Saint-Siège auprès des organisations internationales à Vienne, Mgr Joseph Grech. Il a pris la parole à plusieurs reprises lors de la rencontre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) intitulée “Mettre fin à l’impunité : faire justice en poursuivant le trafic d’êtres humains”, du 20 au 22 juillet 2020.
Dans une intervention au premier jour, il a fait observer que cette lutte ne connaissait pas de « manque d’innovation ». Mais, a-t-il interrogé, « ces instruments sont-ils appliqués efficacement ? » Il a pointé du doigt des efforts davantage dédiés à stopper des opérations et des criminels de petite envergure, plutôt que des “big fish”, restant « impunis ».
« Le bien commun exige que l’accès à la justice, à la représentation politique, et la reconnaissance de la dignité des autres ne soient pas le privilège des riches, mais qu’ils soient accessibles spécialement aux pauvres et aux vulnérables. »
Dénonçant « l’inégale distribution des biens », Mgr Grech a exhorté les systèmes judiciaires à « saisir toute opportunité pour assurer que les victimes soient traitées justement en accord avec leur dignité inaliénable ».
Les fermetures de frontières et les confinements dus à la pandémie de Covid-19 ont laissé les victimes de trafic d’êtres humains « dans des conditions plus désespérées », avec « moins de chance de se libérer ou de trouver de l’aide ».
Le lendemain, 21 juillet, le représentant du Saint-Siège a encouragé à « travailler plus intelligemment pour améliorer les enquêtes et les poursuites ». Il a notamment appelé une collaboration inter-gouvernementale, soutenue par l’expertise de juges, par l’échange d’informations entre les forces de police, et par les technologies de pointe.
« Le rôle positif des médias, a-t-il assuré, peut soutenir ces initiatives par des campagnes de sensibilisation qui encouragent un sens de responsabilité à la fois en politique et dans l’opinion publique. »
En parlant du point de vue des victimes, Mgr Grech a plaidé pour la garantie de leur sécurité. S’ils ne peuvent « témoigner en personne » au procès, il a conseillé d’autres moyens comme des entretiens enregistrés. La conséquence de la justice devrait être pour la victime « un sentiment de libération », a-t-il dit. Elle devrait aussi recevoir « une compensation adéquate » pour ses souffrances ainsi que « l’opportunité de regarder l’avenir avec espérance » et de « réintégrer la société ».
Enfin, au dernier jour, le 22 juillet, Mgr Grech a souligné que « le respect des droits de l’homme et de la dignité de la personne ne peut être subordonné à aucun autre dessein » : « Ils sont le phare auquel l’action politique, judiciaire et administrative doit se référer. »