Coronaspection, capture @ YouTube

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« Coronaspection »: « Le thème de la bonté de Dieu et de la façon dont elle s’exprime »

Trois voix de trois religions différentes

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« Le thème de la bonté de Dieu et de la façon dont elle s’exprime pendant la pandémie est un élément central du partage de l’évêque d’Assise », Mgr Sorrentino, dans le cadre du dialogue interreligieux post-pandémie suscité par la série « Coronaspection », qui réunit 40 chefs religieux du monde entier pour réfléchir aux défis spirituels posés par le Covid-19, y compris « vu de Rome », avec le pape François et le rabbin Ricardo Di Segni, puis Maria Voce et l’imam Feisal Abdul Rauf. Et maintenant trois nouvelles voix.

“Coronaspection” propose ici une autre contribution catholique significative avec Mgr Domenico Sorrentino, et celle du rabbin David Wolpe, ainsi qu’une contribution musulmane féminine avec Marcia Hermansen.

Coronaspection est une série de 40 entretiens vidéo réalisés avec des chefs religieux de 15 pays et 7 religions sur les défis du Covid-19 par Alon Goshen-Gottstein, un spécialiste des études juives et un théoricien et activiste dans le domaine du dialogue interreligieux.

Il est fondateur et directeur de l’Elijah Interfaith Institute depuis 1997. Il s’est spécialisé dans le rapprochement de la dimension théologique et académique avec une variété d’initiatives pratiques, impliquant notamment les dirigeants religieux mondiaux.

Le thème de cette analyse à trois voies se rapporte à quelque chose de fondamental dans une vision religieuse de tout ce qui se passe dans la vie, y compris les grands défis et les souffrances créés par le Coronavirus. Le message se dégage des trois perspectives religieuses :  Le Coronavirus n’est pas simplement négatif. Il y a un bon côté à tout cela. Il peut même être considéré comme une bénédiction. Le bien peut en découler et c’est à nous de le découvrir. Cette compréhension peut facilement être transmise d’une religion à l’autre.

Mgr Domenico Sorrentino est théologien de formation et évêque d’Assise (Italie), la ville de saint François.

Le rabbinDavid Wolpe est le rabbin du Temple Sinaï, à Los Angeles (Etats-Unis), et a été désigné comme le rabbin le plus influent des États-Unis par le magazine Newsweek.

La professeure Marcia Hermansen est directrice du programme d’études mondial sur le monde musulman et professeure au département de théologie de l’université Loyola de Chicago (Etats-Unis), ainsi qu’un leader d’opinion au sein de la communauté musulmane américaine.

AB

Voici notre traduction de la synthèse proposée par « Coronaspection » en anglais:

Le thème de la bonté de Dieu et de la façon dont elle s’exprime pendant la pandémie est un élément central du partage de l’évêque d’Assise. Sa résidence se trouve dans la même maison que celle de l’évêque à l’époque de saint François et son domicile a joué un rôle important dans des étapes importantes de la vie du saint. L’une d’entre elles fut lorsqu’il gisait là, malade et proche de la mort. C’est là qu’il a ajouté quelques strophes à son célèbre Cantique des Créatures, notamment sa louange à Dieu pour “notre soeur la mort“. C’est une leçon qui montre comment la bonté peut être mise en évidence en toutes circonstances. On peut chanter les louanges de Dieu même sur son lit de mort. Même dans la situation la plus difficile, lorsqu’il est difficile de comprendre comment la bonté se révèle, nous devons avoir confiance en Dieu et en sa bonté. Cela amène donc l’évêque à se demander comment la bonté de Dieu peut être trouvée au moment de la pandémie et comment la grâce peut être trouvée dans la crise.

Une dimension importante est la découverte du foyer comme lieu de prière, en suivant de manière consciente l’exemple juif. C’est une occasion d’approfondir les prières qui sont habituellement récitées à l’église, et de les ressentir intérieurement. Le foyer est alors transformé en sanctuaire. Tout en étant chez nous, nous avons aussi la possibilité d’élargir notre conscience à la communauté au sens large. Selon l’enseignement chrétien, l’Église entière est présente dans chaque Eucharistie. Cela n’est généralement pas vécu. Aujourd’hui, cependant, en temps de crise, il existe un sentiment de solidarité universelle et une prise de conscience des autres parties de l’Église au sens large, voire de l’humanité tout entière, qui sont toutes amenées à participer à la prière et à la célébration liturgique.

 Par ailleurs, la pandémie offre des possibilités d’approfondissement de la vie religieuse. La solitude est une occasion de rentrer en nous-mêmes, d’étudier la Bible. C’est aussi une occasion pour les parents d’être avec leurs enfants. C’est une occasion de ramener la prière en famille. C’est un moment pour apprendre un rythme de vie différent, par opposition au stress et au rythme de vie antérieurs. C’est un temps de prise de conscience de la nature et du cosmos et une occasion de découvrir un équilibre entre toutes choses et une fraternité globale avec la nature.

Si l’on demandait à saint François ce qu’il nous dirait en ce moment, il répondrait, suggère l’évêque, que nous devrions chanter le cantique des Créatures.  Et si saint François pouvait parler de “notre soeur la mort“, pourquoi ne pouvons-nous pas parler de “notre frère Corona“ ?

Le thème de l’opportunité figure également dans l’exposé de la professeure Marcia Hermansen. L’entretien avec elle a eu lieu pendant les premiers jours du Ramadan et la question de savoir comment le Ramadan serait célébré dans ces circonstances particulières a été un thème important. Nombre des célébrations habituelles ne sont pas possibles, car on ne va pas à la mosquée. Tout comme les conséquences de la fermeture des églises, la fermeture des mosquées offre également de nouvelles opportunités spirituelles. L’une des principales opportunités qui se présentent concerne le rééquilibrage entre les sexes. Une grande partie du Ramadan se déroule dans la mosquée et une grande partie est du domaine des hommes. Le déplacement de la célébration dans le foyer ouvre de nouvelles possibilités pour les femmes de participer à la célébration à domicile de la même manière que les hommes.

Le Ramadan est une période d’approfondissement spirituel. On se demande : où est mon âme en ce Ramadan ? Célébrer le Ramadan dans les conditions du COVID-19 est une occasion d’approfondir la célébration. Généralement, l’attente d’un tel approfondissement est surtout centrée sur les hommes. Ce sont eux qui se rendent à la mosquée et participent aux circonstances de la retraite, surtout pendant les dix derniers jours du mois saint. Cette année, ces jours-là sont célébrés à la maison, ce qui permet théoriquement aux femmes également de bénéficier de l’approfondissement qui caractérise ces journées.

Pour Sorrentino comme pour Hermansen, il existe une conscience distincte que les circonstances actuelles viennent de Dieu. « Nous avons confiance que Dieu nous parle dans cette situation » (Sorrentino). « Nous voyons le visage de Dieu dans cette situation, car tout vient de Dieu » (Hermansen). Ceci offre un point de contraste avec la troisième présentation, celle du rabbin David Wolpe. La théologie de Wolpe est celle du hasard, ou comme nous le disons en plaisantant pendant l’interview, du « saint hasard ». Mais même si nous ne considérons pas Dieu comme l’auteur de toutes choses, Dieu est toujours un facteur dans la façon dont nous traitons des défis tels que le COVID-19. Dieu est notre force dans la lutte. Et la lutte consiste à tirer le meilleur parti des épreuves et des difficultés, quelle que soit la façon dont nous considérons leur auteur ou leur source. Wolpe partage ici le sentiment des deux autres contributeurs que le COVID-19 est pour nous une opportunité. La solitude est une pause ou une préparation qui nous invite à réfléchir à la façon dont nous serons différents après la pandémie. Les épreuves sont des occasions d’explorer ce qui est en nous. Il faut même explorer la peur. De quoi avons-nous peur ? Nous devons vouloir savoir qui nous sommes et c’est un moment de découverte de soi.

L’un des avantages et des découvertes importants sur le COVID-19 concerne un thème qui est devenu prédominant dans l’actualité depuis – le racisme. Wolpe aborde le thème de l’interconnectivité, l’un des principaux thèmes de “Coronaspection“, à travers une exploration du racisme. Nous devons aller aux racines du racisme et le comprendre, afin de découvrir une compréhension plus profonde grâce à laquelle nous pouvons le surmonter. La suspicion à l’égard d’autres groupes est évolutive et biologique. D’autres groupes sont porteurs de virus et de maladies. Le coronavirus apparaît à une époque où nous ne pouvons plus limiter les effets néfastes des virus à un seul groupe. Comme il me le dit au cours de l’interview – « quelqu’un mord une chauve-souris en Chine et nous voilà en train de parler sur Zoom ». Nous sommes amenés à comprendre notre interdépendance.

Nous en sommes à un point où nous avons la possibilité de transcender nos limites évolutives par une portée spirituelle. C’est une leçon/opportunité/bénédiction importante venant du coronavirus qui a été notée à maintes reprises tout au long du projet. En fait, elle sert de message à la bande annonce de “Coronaspection“ suggérant sa place centrale.

Si les deux premiers entretiens étudiés ci-dessus se concentrent sur les possibilités d’intériorisation et d’approfondissement de la compréhension, le rabbin Wolpe ajoute une dimension supplémentaire, la possibilité pour toute l’humanité de grandir à un degré supérieur d’évolution spirituelle grâce aux reconnaissances qui émergent des circonstances particulières du COVID-19.

La réunion de ces trois voix nous enseigne quelque chose de fondamental sur la vie religieuse. Elle est basée sur un profond désir spirituel et évolutif de trouver le bien en toutes circonstances, de l’utiliser pour la croissance et le progrès spirituel. Elle est fondamentalement façonnée comme un moteur évolutif de croissance personnelle et communautaire. Toutes les religions sont en train de grandir, soit en elles-mêmes, en référence à leurs enseignements, soit par rapport à la façon dont elles sont reçues, comprises et pratiquées par leurs fidèles. Elles se caractérisent par une perspective fondamentalement positive et optimiste. Cette perspective positive informe les trois contributions et les façons dont elles trouvent, dans les difficultés liées au COVID-19, des opportunités de croissance et de transformation pour l’individu, pour la communauté et pour l’humanité.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

 

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Hélène Ginabat

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