Le pape François bénit le p. Adolfo Nicolas SJ, Sophia, Tokyo © Antonio Spadaro SJ

Le pape François bénit le p. Adolfo Nicolas SJ, Sophia, Tokyo © Antonio Spadaro SJ

Décès du p. Adolfo Nicolas SJ ancien « général » des jésuites

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Rencontre avec le pape à Tokyo en novembre 2019

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Le p. Adolfo Nicolas, jésuite espagnol, 83 ans, ancien supérieur général de la Compagnie de Jésus, pendant 8 ans, est décédé ce mercredi 20 mai 2020, à Tokyo, où il avait pris sa retraite, en 2016, à 80 ans, indique ce communiqué des jésuites.

En novembre dernier, lors de son voyage au Japon, le pape François – premier pape jésuite – avait rencontré son ancien « général » à Tokyo, lors de sa visite à l’université Sophia des jésuites.

Décès du Père Adolfo Nicolás

ancien supérieur général de la Compagnie de Jésus

Nous apprenons avec tristesse le décès du P. Adolfo Nicolás, âgé de 83 ans, survenu ce 20 mai 2020 à Tokyo. Jésuite espagnol, le P. Adolfo Nicolás a été supérieur général de la Compagnie de Jésus pendant 8 années.

30e supérieur général, il a été élu le 19 janvier 2008, lors de la 35e Congrégation générale et succédait ainsi au P. Peter-Hans Kolvenbach. En 2016, âgé de 80 ans, il a présenté, pour raisons de santé, sa démission, acceptée par le pape François. La 36e congrégation générale a élu pour lui succéder le jésuite vénézuélien Arturo Sosa Ascabal.

Adolfo Nicolás Pachón, est né le 29 avril 1936 à Villamuriel de Cerrato (Espagne). Après des études secondaires au Collège jésuite de Madrid, il entre au noviciat le 15 septembre 1953. Il vit la première partie de sa formation jésuite en Espagne, avant d’être envoyé au Japon. C’est à Tokyo qu’il fait ses études de théologie. Il y est ordonné prêtre, le 17 mars 1967. De 1968 à 1971, il prépare une thèse de doctorat à Rome (Université Grégorienne) sur la Théologie du progrès humain.

Enseignement de la théologie à Tokyo

Rentré au Japon, Adolfo Nicolás enseigne la théologie à l’Université Sophia de Tokyo. Pendant six années (de 1978 à 1984), il est nommé directeur de l’Institut pastoral de Manille (Philippines). À partir de 1993 et pour six années, il est Supérieur provincial des jésuites du Japon. Ces charges ne changent pas le caractère de cet homme cordial, très spontané et plein d’humour : tous ceux qui le rencontrent sont touchés par sa simplicité de relation et son accessibilité.

Très sensibilisé aux questions de justice sociale, il travaille dans une paroisse auprès des émigrants philippins pauvres de Tokyo, tout en continuant son enseignement théologique à l’Université de Sophia. En 2004, il devient Président de la Conférence des Provinciaux jésuites d’Asie-Pacifique, supervisant les travaux de celle-ci. C’est à ce titre qu’il participe à la 35ème Congrégation générale. Il y est élu Supérieur général, comme le P. Pedro Arrupe 43 plus tôt – lui aussi missionnaire espagnol au Japon. Homme d’une double culture, il incarne ’« universalisme » croissant de la Compagnie de Jésus, de plus en plus mondiale, et de moins en moins européenne.

Invitation à la profondeur

Pendant ces huit années à la tête de la Compagnie de Jésus, il rappelle constamment la perspective universelle de la mission des jésuites, appelant à dépasser les limites étroites des régions, des nations, des Provinces. Parallèlement il a invité les jésuites à la profondeur tant spirituelle qu’intellectuelle, pour éviter tout risque de médiocrité ou de superficialité. « Universalité » et « profondeur » sont les deux leitmotivs de son mandat.

Il exhorte à utiliser l’intelligence, l’étude et le cœur pour regarder le monde avec les yeux de Dieu, pour partager les joies, les angoisses et les questions des hommes et femmes de notre temps. Plein d’humour et également pragmatique, il a parfois secoué certains compagnons désireux de trop bien faire, en affirmant que les épuisements sont souvent indicateurs d’un manque de discernement et de capacité à faire des choix.

Une Eglise « en sortie »

En 2013, il assiste à la première élection d’un pape jésuite, né la même année que lui. Il y a une réelle syntonie entre les deux hommes, pour vivre la mission dans une Église « en sortie », appelée à proclamer Jésus et à servir sur les frontières et aux périphéries ; pour se sentir en chemin avec le peuple de Dieu, en solidarité avec les pauvres et avec tous ceux qui souffrent ; pour chercher et reconnaître Dieu présent et actif en toutes choses aux confins du monde et dans la profondeur de l’histoire…

La santé du P. Adolfo Nicolás est toutefois moins bonne. Dès le 20 mai 2014, il laisse entendre qu’il s’apprête à convoquer une Congrégation générale, au cours de laquelle il présentera sa démission. Celle-ci sera acceptée le 3 octobre 2016 par les membres de la 36e Congrégation générale. Le P. Adolfo Nicolás se retire alors tout simplement, par un dernier mot d’humour, et en laissant les délégués très émus. Retourné en Asie, d’abord aux Philippines, puis au Japon, il décède ce mercredi 20 mai 2020.

Visite du p. Nicolas en France

Du 29 septembre au 2 octobre 2011, le Père Adolfo Nicolàs a effectué une visite en France à la rencontre des jésuites et des œuvres de la Compagnie de Jésus en région parisienne. Récit de cette visite chaleureuse jesuites.com/visite-du-pere-general-en-france/

Interview du P. Nicolàs par le P. Spadaro, parue dans La Civiltà Cattolica le 10 septembre 2016, sur les années écoulées dans sa fonction de Supérieur général depuis 2008 https://www.jesuites.com/entretien-avec-le-pere-nicolas-sj-superieur-general-de-la-compagnie-dejesus/

Qui sont les jésuites ?

La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique fondé par saint Ignace de Loyola en 1540. Il réunit près de 16 000 jésuites dans le monde dont 500 dans la Province d’Europe Occidentale Francophone répartis dans 38 communautés de France, de Belgique, du Luxembourg, de Grèce et de l’Ile Maurice. 9 novices sont actuellement à Lyon et 8 « nouveaux jésuites » ont prononcé leurs premiers vœux fin 2019 à Paris.

Vivant en communautés, ils remplissent des missions très variées (éducative, sociale, pastorale, enseignement et recherche intellectuelle…) en s’efforçant d’intégrer réflexion, prière et actions. Leur formation d’une quinzaine d’années vise à faire d’eux, à la suite du Christ, des hommes de rencontre et de réconciliation.

Acteurs d’une Église en marche, ils souhaitent contribuer avec d’autres à un monde plus humain et plus divin et trouver Dieu en toutes choses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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