Le directeur général de l’Œuvre d’Orient, Mgr Pascal Gollnisch, tire le signal d’alarme face à une situation de grave crise en Irak : « La crise du coronavirus a amplifié l’effondrement de l’économie irakienne déjà fragile, dit-il : le taux de chômage a considérablement augmenté et les gens n’ont plus de quoi se nourrir. »
C’est ce qu’il a affirmé au cours de la conférence de presse sur le thème « Irak, Syrie, Liban : le spectre de la faim » qui s’est déroulée le 5 mai dernier, en prévision de la Journée des chrétiens d’Orient qui a lieu ce dimanche 17 mai 2020.
L’Œuvre d’Orient travaille fort sur le territoire du pays: « Nous avons d’innombrables appels de nos correspondants chrétiens en Irak qui souhaitent aider la population à se nourrir, que ce soit la minorité chrétienne ou l’ensemble de la population. Dans les paroisses irakiennes, il y a des distributions alimentaires, des soupes populaires pour l’ensemble de la population chrétienne ou non. »
« La difficulté c’est que l’Œuvre d’Orient n’a pas les moyens de nourrir l’Irak, explique Mgr Gollnisch. Nous pouvons faire quelques actions symboliques. »
Dans son intervention, Mgr Gollnisch souligne particulièrement « les efforts considérables, qui mériteraient des articles dans la presse », du patriarche de Babylone des Chaldéens, le cardinal Louis Raphaël Ier Sako, « qui est à Bagdad et aide la population à s’avancer vers la pleine citoyenneté pour tous ».
Il affirme que le patriarche travaille pour toute la population de l’Irak, sans distinction : « L’action de ce patriarche n’est pas une défense corporatiste des chrétiens, bien sûr il soutient sa communauté, mais ce qu’il souhaite c’est que l’Irak tout entier avance vers la notion de pleine citoyenneté pour tous. Ceci est un élément tout à fait essentiel. »
Le directeur général souligne aussi que « face à sa banqueroute et à une population proche de la famine, l’état irakien est impuissant ». Il dénonce les actions des Américains en Irak notant qu’ils « ont détruit l’armée et l’état irakiens en donnant tout pouvoir aux shiites ». « Certes les shiites en Irak sont largement majoritaires, poursuit-il, mais la démocratie ce n’est pas ‘donner tous les pouvoirs à un groupe majoritaire’, c’est aussi les droits de l’opposition, des minorités, l’indépendance du judiciaire, la liberté d’expression, une saine gestion régionale. »
Mgr Gollnisch explique qu’il y a présentement « deux factions qui s’affrontent dans la classe politique irakienne et qui font que cet état n’est pas gouverné ». Ce sont « ceux qui font jouer la solidarité arabe et disent aux Iraniens ‘rentrez chez vous ‘ » et les « chiites qui se sont battus avec Saddam Hussein dans la guerre Irak-Iran ».
« Lorsqu’un Etat n’est pas gouverné, les violences ne sont pas loin, en particulier pour les minorités qui ont besoin d’un état fort pour les protéger », avertit le directeur général de L’Œuvre d’Orient.