« Nous ne sommes pas condamnés à l’inégalité universelle » ni à la « paralysie devant l’injustice », a affirmé le pape François à des banquiers, des économistes et des ministres des finances réunis au Vatican le 5 février 2020, dont le ministre français Bruno Lemaire, le Prix Nobel Joseph Stiglitz, et la directrice du FMI, Kritalina Georgieva.
Le pape est intervenu au sommet organisé par l’Académie des sciences sociales sur le thème “Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation ». Il a plaidé pour une « nouvelle architecture financière internationale ».
Il a exhorté à mettre fin aux « injustices de notre économie globale actuelle » : « Le monde est riche et pourtant les pauvres augmentent autour de nous. Selon les rapports officiels, cette année le revenu mondial sera de presque 12.000 dollars par habitant. Et pourtant, des centaines de millions de personnes vivent encore dans des conditions d’extrême pauvreté, sans nourriture, ni logement, ni service de santé, ni école, ni électricité, ni eau potable… cette année environ cinq millions d’enfants de moins de cinq ans mourront à cause de la pauvreté. »
Des données, a dit le pape, qui ne doivent pas être « des motifs de découragement mais d’action », parce qu’il s’agit « de problèmes solubles et non de manque de ressources ».
Dans de nombreuses situations, le pape a dénoncé « un manque de volonté et de détermination à changer les choses et, surtout, les priorités ». Il a invité à sortir d’une « logique insulaire ».
Il n’y a « plus d’excuses », a encore estimé le pape, pour lancer « des dynamiques en mesure d’inclure, de nourrir, de soigner et de vêtir les pauvres de la société au lieu de les exclure », pour promouvoir « des mécanismes socio-économiques qui humanisent la société ».
Les cinquante personnes les plus riches du monde « pourraient sauver des millions de vie chaque année ». Sans prôner de « loi magique », le pape a appelé à « des solutions innovatrices et humanisantes », à de « nouvelles formes de solidarité ».
Condamnant « l’idolâtrie de l’argent », « l’avidité », la « spéculation », la spéculation financière… et les « structures de péché » comme les exonérations de taxes pour les plus riches, la pression fiscale sur les pays endettés, les paradis fiscaux, la corruption, il a déploré : « Chaque année, des centaines de milliards de dollars qui devraient être payés en impôts pour financer la sécurité sociale et l’enseignement, s’accumulent dans les comptes des paradis fiscaux. »
Mais la plus grande structure de péché, pour le pape, est « l’industrie de la guerre », qui consiste à mettre « de l’argent et du temps au service de la division et de la mort ».
Aux leaders financiers et aux experts économiques du monde, le pape a lancé cette invitation : « Travaillons ensemble pour mettre fin à ces injustices », par « des concepts élevés de justice fiscale, des bilans publics responsables » et « une promotion effective des plus pauvres dans la trame sociale qui les rende protagonistes ».
Le pape a donc souhaité « une nouvelle éthique » qui engage tout le monde à « fermer les paradis fiscaux, prévenir l’évasion et le recyclage d’argent sale qui a été volé à la société », à rappeler aux nations « l’importance de défendre la justice et le bien commun par rapport aux intérêts des entreprises et des multinationales plus puissantes ».