« Sans sortir on ne rencontre pas la Sagesse » : le pape François a invité la communauté académique de l’Université Sophia de Loppiano – des Focolari – (Italie), à « sortir de l’enceinte » pour rencontrer « le visage de Dieu dans le visage de chaque frère et de chaque sœur ».
Lors d’une audience le 14 novembre 2019, au Vatican, il a appelé à « marcher avec tout le monde, pas contre tout le monde », pour « construire une vraie culture harmonieuse de la rencontre, qui nous fait tant défaut ».
La « vie en fraternité », a-t-il aussi assuré, « est indispensable aujourd’hui, on ne peut pas marcher sans elle ».
Le pape François a visité Loppiano (près de Florence, en Italie), la première des cités-pilotes du Mouvement des Focolari, le 10 mai 2018.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite la bienvenue et je remercie Mgr Coda pour ses aimables paroles. Je salue les professeurs venus de différentes pays d’Amérique latine et des Caraïbes, qui font partie avec le père Scannone du groupe de travail sur “L’anthropologie trinitaire” auprès du CELAM, en collaboration avec “Sophia”, ainsi que les enseignants qui constituent le noyau initial du siège local de “Sophia” en Amérique latine et aux Caraïbes.
Je suis content du chemin que vous avez fait en ces douze ans de vie. Continuez ! Le chemin a à peine commencé.
Dans le parcours que vous avez devant vous, les points de référence ne manquent pas : en particulier, l’inspiration du charisme de l’unité duquel est née votre Université, avec les lignes que j’ai tracées dans la Constitution apostolique Veritatis gaudium, que votre projet académique et formatif veut refléter. Votre participation à la préparation et aux développements du Pacte Éducatif Global va dans cette direction.
Je vous laisse trois mots, en vous exhortant à continuer votre chemin avec joie, vision et décision : sagesse, pacte, sortie.
Sagesse : votre Université s’appelle “Sophia” parce que son objectif est d’abord de communiquer et d’apprendre la Sagesse pour en imprégner toutes les sciences. Dans la liturgie d’aujourd’hui nous avons entendu cette belle description de la Sagesse, inspirez-vous-en. La Sagesse est en effet la Lumière du visage de Dieu qui éclaire le visage de l’homme : son mystère, ses interrogations, ses souffrances, son destin. Pour nous chrétiens, la Sagesse est Jésus crucifié et ressuscité, mais sa lumière éclaire tous les hommes (cf. Jn 1,9): toutes les religions, toutes les cultures, tous les actes authentiques d’humanité. C’est pourquoi – comme vous le faites – nous sommes appelés à marcher avec tout le monde, pas contre tout le monde. Mais certains ont cette habitude, de chercher toujours contre qui je peux marcher. Notre message est différent : je marche avec, pour construire une vraie culture harmonieuse de la rencontre, qui nous fait tant défaut.
De là le deuxième mot : pacte. Le pacte est la clé de voûte de la création et de l’histoire, comme nous l’enseigne la Parole de Dieu : le pacte entre Dieu et les hommes, le pacte entre les générations, le pacte entre les peuples et les cultures, le pacte – dans l’école – entre les enseignants et les élèves ainsi que les parents, le pacte entre l’homme, les animaux, les plantes et même les réalités inanimées qui rendent notre maison commune belle et multicolore. Tout est en relation avec tout, tout est créé pour être icône vivante de Dieu qui est Trinité d’Amour ! C’est donc aujourd’hui un devoir prioritaire, d’éduquer à vivre ce pacte, même à être ce pacte vivant dans toutes ces dimensions : pour ouvrir les chemins du futur à une civilisation nouvelle qui embrasse l’humanité et le cosmos dans la fraternité universelle. Cette vocation à la fraternité, cette vie en fraternité est indispensable aujourd’hui, on ne peut pas marcher sans elle.
Et enfin le troisième mot : sortie. Sans sortir on ne rencontre pas la Sagesse, sans sortir le pacte ne s’étend pas à tous, avec des cercles concentriques toujours plus larges et inclusifs. C’est seulement en sortant que l’on rencontre le visage concret des frères et des sœurs, avec leurs blessures et avec leurs aspirations, leurs interrogations et leurs dons. Nous devons apprendre avec le cœur, avec l’esprit, avec les mains à “sortir de l’enceinte” – comme le dit la Lettre aux Hébreux (13,13) – pour rencontrer justement là, dehors, le visage de Dieu dans le visage de chaque frère et de chaque sœur.
Chers amis, je vous remercie encore pour votre engagement. Je vous confie à la Vierge Marie, Trône de la Sagesse et Mère de l’Unité, et de tout cœur je vous bénis tous, et je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi. Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian
Institut universitaire Sophia (Loppiano, Italie) © Vatican Media
Université Sophia de Loppiano : le pape encourage à "sortir de l'enceinte"
Rencontrer le visage de Dieu dans ceux des frères (traduction complète)