Mgr Auza a félicité les dirigeants et le personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour « le travail qu’ils accomplissent dans un large éventail d’activités humanitaires, de développement et de protection en fonction des besoins » des réfugiés palestiniens au Moyen-Orient et il a souligné en particulier « la réouverture de 709 écoles cette année scolaire ». Il a aussi remercié les États donateurs qui y ont contribué.
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège, a délivré un discours à la quatrième Commission de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, sur le point 50 de l’ordre du jour : Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA), à New York, le 11 novembre 2019. Le discours a été prononcé par Mgr David Charters.
Le représentant du Saint-Siège s’est dit cependant préoccupé par « la situation financière précaire persistante de l’UNRWA », causée en partie par la réduction des contributions des États membres, ainsi que par « la tentative de redéfinir la notion de réfugié palestinien » en en limitant la portée. « Nous devons éviter la politisation de l’aide humanitaire, en rompant avec l’engagement pris par cet organe de soutenir ces victimes de la guerre qui souffrent depuis longtemps », a-t-il déclaré.
Voici notre traduction du discours de Mgr Auza.
HG
Discours de Mgr Bernardito Auza
Madame la Présidente,
Dans un mois, les Nations Unies célébreront le 70e anniversaire de la création, en vertu de la résolution 302, de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour aider les réfugiés de Palestine qui ont perdu leur foyer et leurs moyens de subsistance à la suite du conflit de 1948, ainsi que leurs descendants, qui correspondent à la définition du réfugié palestinien et ceux qui ont quitté leur foyer pendant la Guerre des Six Jours de 1967. Actuellement, l’agence fournit une aide humanitaire à quelque 5,4 millions de Palestiniens, dont un tiers vit dans 58 camps de réfugiés dans la région.
En prévision du soixante-dixième anniversaire de son mandat, le Saint-Siège tient à féliciter l’UNRWA, son personnel et ses administrateurs, pour le travail qu’ils accomplissent dans un large éventail d’activités humanitaires, de développement et de protection en fonction des besoins des bénéficiaires. Dans les circonstances actuelles, nous nous félicitons tout particulièrement de la réouverture de 709 écoles cette année scolaire, et nous remercions les États donateurs qui ont contribué à rendre cela possible. Lors de la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies du 25 juin, deux jeunes étudiants-bénéficiaires, représentant des milliers d’autres, ont qualifié d’ « oxygène » qui les maintient en vie l’éducation de l’UNRWA.
Sans des programmes éducatifs solides, qui dépendent d’un soutien financier régulier et prévisible, l’alternative pour les milliers d’étudiants serait le chômage, la pauvreté et le désespoir. En outre, comme le Coordonnateur spécial Mladenov l’a noté dans son récent exposé au Conseil de Sécurité, « il n’est pas possible d’améliorer véritablement et durablement la situation socioéconomique à Gaza sans assouplir sensiblement les restrictions à la circulation et à l’accès des biens et des personnes, en vue de les rendre conformes à la résolution 1860 (2009) du Conseil de Sécurité ». Une telle situation exerce une pression supplémentaire sur des ressources déjà insuffisantes et confirme la nécessité pour l’Office de poursuivre son travail essentiel afin de pouvoir répondre aux besoins des réfugiés.
Madame la Présidente,
Parmi les multiples défis auxquels l’UNWRA est confronté, ma délégation voudrait en souligner deux :
Le premier défi est la situation financière précaire persistante de l’UNRWA. Comme je l’ai déjà noté, le financement de l’Office est menacé par les réductions et les insuffisances des contributions des États donateurs. Nous devons éviter la politisation de l’aide humanitaire, en rompant avec l’engagement pris par cet organe de soutenir ces victimes de la guerre qui souffrent depuis longtemps. Les réductions au cours de l’exercice en cours ont fortement diminué pour les plus vulnérables : les familles sans abri de la guerre de 2014 en Syrie, les personnes handicapées, les travailleurs de jour, ceux qui ont besoin d’une aide alimentaire, les étudiants qui prévoyaient de commencer leurs études cette année et ceux dont les études ont été interrompues en raison des récents combats.
Le deuxième défi est la tentative de redéfinir la notion de réfugié palestinien, en limitant étroitement la désignation aux membres survivants de la génération de 1948 et en tentant de forcer les descendants vivant ailleurs à être traités comme des citoyens de leur pays de refuge. Cette reclassification priverait la grande majorité des réfugiés palestiniens de l’aide de l’UNRWA, ce qui aggraverait considérablement leur situation et imposerait une charge insupportable à leurs pays hôtes à un moment où les tensions dans la région augmentent. Elle exempterait également les parties directement responsables de la recherche d’une solution à la question des réfugiés, comme l’exigent les Résolutions 194 et 242.
Madame la Présidente,
Les partisans et les détracteurs de l’UNWRA peuvent convenir qu’après soixante-dix ans, la situation des réfugiés palestiniens a duré beaucoup trop longtemps. La citoyenneté étant la première ligne de défense des droits de l’homme, nul ne devrait être apatride. En l’absence d’un accord de paix permanent, qui garantirait et défendrait les droits des réfugiés de Palestine, l’UNRWA mérite le plein appui des États Membres. Il est de la plus haute importance que les réfugiés palestiniens puissent compter sur la solidarité indéfectible de la communauté internationale.
Le Saint-Siège continue d’espérer qu’une solution juste et durable à la situation difficile des réfugiés palestiniens pourra être trouvée le plus tôt possible, grâce à la reprise des négociations sur le statut final entre les parties intéressées, en vue de parvenir à une solution prévoyant deux États, Israël et un État palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité dans des frontières reconnues au niveau international.
Merci, Madame la Présidente.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat