« Les morts disent, en effet ils crient qu’il faut une politique de migration, au moins pour aider les réfugiés, a déclaré le cardinal Jean-Claude Hollerich, président de la COMECE (Commission des conférences épiscopales de l’UE). Mais cela ne suffit pas : nous devons également aider les pays d’origine des migrants, non pas avec une petite contribution financière, mais en préparant un grand projet, un plan d’aide. »
Le cardinal, qui a reçu sa barrette le 5 octobre et a participé au synode, se trouve à Bruxelles, où l’Assemblée de la COMECE vient de s’ouvrir le 23 octobre 2019. Il a commenté la tragédie de 39 personnes dont les corps ont été retrouvés dans un conteneur dans une zone industrielle d’Essex, au sud-est de l’Angleterre, précise l’agence vaticane Fides en italien du 23 octobre. Parmi les victimes il y a un adolescent. Le camion venait de Bulgarie.
« Il est scandaleux qu’en Europe, on puisse encore mourir comme ça, affirme le cardinal : et en tant que chrétiens, nous ne pouvons pas nous taire. » Et il poursuit : « En Europe, nous parlons d’identité chrétienne, mais je me demande comment pouvons-nous parler d’identité chrétienne si des personnes continuent de mourir de la sorte et si ces tragédies ne nous concernent plus ? »
« Nous devons nous assurer que tout le monde se sent bien accueilli », souligne le cardinal : « Que ces hommes et ces femmes qui fuient des situations de guerre, de pauvreté, d’injustice sachent qu’ils n’ont pas besoin de ces voies clandestines pour entrer dans nos pays. » « Je prie pour ceux qui ont perdu la vie. Dieu est Dieu de la vie, pas de la mort. Dieu a donné la vie, mais non pour la perdre ainsi. C’est donc un très grand péché. »
En mai dernier, le card. Hollerich faisait partie d’une « délégation » du Vatican en mission à Lesbos trois ans après la visite du pape François sur l’île. Aujourd’hui, à la lumière de la tragédie survenue près de Londres, l’archevêque appelle les diocèses européens à « ouvrir leurs portes aux corridors humanitaires pour accueillir les familles ». « Dans mon diocèse de Luxembourg, raconte-t-il, nous attendons deux familles de Lesbos. Il y a tellement de gens qui attendent et ont besoin de moyens de migration sûrs et légaux. »
Venant directement de Rome, où il participe au synode sur l’Amazonie, le cardinal met aussi en garde en rappelant que « le changement climatique rendra la situation encore plus difficile et le nombre de migrants va augmenter ».
Hier soir, à l’église Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles, a été célébrée une « Messe pour l’Europe ». « Nous prions pour les politiciens qui peuvent prendre des décisions, explique le cardinal, qui servent le bien commun, le bien des peuples vivant en Europe et des peuples victimes de la pauvreté, de la guerre et de l’injustice. »
Les migrants ont transité par la Chine, mais il sont peut-être en majorité originaire du Vietnam.
