Mgr Bernardito Auza 13/12/2017 © Oss_romano

Mgr Bernardito Auza 13/12/2017 © Oss_romano

ONU : Mgr Auza plaide pour un désarmement nucléaire général et complet

Dialogue et confiance sont la seule voie vers la paix (traduction intégrale)

Share this Entry

Face aux « conséquences humanitaires » et aux « dangers planétaires liés au déploiement d’armes nucléaires en temps de guerre », il faut « prêter une plus grande attention aux “souffrances inutiles” », déclare Mgr Auza.

Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège, a délivré un discours à la Première Commission de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, mardi 22 octobre 2019, à New York. Il a abordé le point 98 de l’ordre du jour : Désarmement général et complet (armes nucléaires).

Alors que le pape François lui-même s’apprête à se rendre, en novembre prochain, à Hiroshima et à Nagasaki, les deux villes japonaises frappées par des bombes atomiques en août 1945, son représentant à l’ONU invite les États membres à tout faire pour « inverser la spirale descendante actuelle des politiques de maîtrise des armements et de désarmement » et élaborer « de nouveaux mécanismes de réduction des armements conduisant à l’élimination des armes nucléaires et au désarmement général et complet ».

« Renforcer le dialogue et à rétablir la confiance » : « il n’existe pas d’autre voie pour garantir la sécurité collective commune et une paix durable », affirme Mgr Auza. C’est pourquoi la dixième Conférence d’examen du TNP en 2020 « sera une occasion très importante de rétablir le dialogue et la confiance mutuelle parmi les États dotés d’armes nucléaires et entre les États dotés d’armes nucléaires et ceux qui en sont exempts ».

La déclaration a été faite par Mgr David Charters.

Voici notre traduction du discours.prononcé en anglais.

HG

Discours de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

Nous vivons une époque tumultueuse. C’est peut-être dans le domaine du désarmement nucléaire que les menaces sont les plus graves. Les traités sont abrogés et bafoués ; l’architecture de la maîtrise des armements s’affaiblit plus que jamais ; la course aux armements nucléaires a repris et les innovations technologiques menacent de rendre le contrôle international extrêmement difficile. Ce train d’événements va à l’encontre de la responsabilité qui incombe aux États membres, et surtout aux puissances nucléaires, en vertu de la Charte pour « prendre des mesures collectives efficaces afin de prévenir et éliminer les menaces à la paix ».

Le monde est de plus en plus conscient des conséquences humanitaires et des dangers planétaires liés au déploiement d’armes nucléaires en temps de guerre. Il faut prêter une plus grande attention aux « souffrances inutiles » [qui seraient] causées par l’emploi [de l’arme nucléaire…]. Si ces souffrances sont bannies dans le cadre d’une guerre conventionnelle, elles devraient l’être d’autant plus dans un conflit nucléaire » (1) Les conséquences environnementales de l’emploi d’armes nucléaires auraient d’ailleurs des répercussions dévastatrices et incontrôlables. L’humanité a la responsabilité de diriger les forces libérées par sa propre ingéniosité et, en particulier, de protéger la Terre, notre maison commune, du pouvoir destructeur des armes nucléaires.

Monsieur le Président,

Les États Membres ne devraient ménager aucun effort pour inverser la spirale descendante actuelle des politiques de maîtrise des armements et de désarmement et se consacrer à l’élaboration de nouveaux mécanismes de réduction des armements conduisant à l’élimination des armes nucléaires et au désarmement général et complet, afin que la famille humaine puisse bénéficier des fruits de la paix.

Alors que la crise des missiles de Cuba n’était encore qu’un souvenir récent, le pape Jean XXIII écrivait : « À notre époque qui se vante de sa puissance atomique, il n’est plus logique de maintenir que la guerre est un instrument approprié pour réparer la violation de la justice. » (2) C’est avec cette conviction que le Saint-Siège a ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et, plus récemment, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW). Le Saint-Siège est fermement convaincu que ces traités sont des éléments essentiels de l’architecture du désarmement nucléaire et qu’ils se complètent pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.

Pour concrétiser pleinement les promesses de ces instruments, nous devons œuvrer sans relâche à rétablir le dialogue et à lutter contre les déficits de confiance qui caractérisent malheureusement la situation actuelle du désarmement, ainsi qu’à l’édification de notre sécurité commune et collective. La dixième Conférence d’examen du TNP en 2020, qui marquera le cinquantième anniversaire de l’entrée en vigueur du TNP, sera une occasion très importante de rétablir le dialogue et la confiance mutuelle parmi les États dotés d’armes nucléaires et entre les États dotés d’armes nucléaires et ceux qui en sont exempts. Le Saint-Siège attend avec intérêt d’apporter une contribution à la Conférence d’examen. La prochaine Conférence d’examen du TNP en 2020 doit nous inciter à renforcer le dialogue et à rétablir la confiance, car il n’existe pas d’autre voie pour garantir la sécurité collective commune et une paix durable.

Merci, Monsieur le Président.

***

NOTES
1-Pape François, Message à la Conférence de Vienne sur les impacts humanitaires des armes nucléaires, 8 décembre 2014.
2-Pape Jean XXIII, Lettre encyclique Pacem in terris (La paix sur la terre), n° 128.

Cf. aussi pape François, Discours aux membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège pour l’échange traditionnel des vœux du Nouvel An, le 8 janvier 2018.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel