Alfredo Cremonesi (1902-1953), prêtre italien de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (PIME), missionnaire assassiné en Birmanie, sera béatifié par le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, représentant le pape, samedi 19 octobre 2019 dans la cathédrale de Crema, indique L’Osservatore Romano.
Alfredo Cremonesi est considéré comme le père de la foi, le premier apôtre de l’Évangile parmi les « carians », les autochtones birmans. Il a été martyrisé parce qu’il était prêtre et défenseur d’un groupe ethnique persécuté au moment de la guerre civile qui a éclaté en Birmanie (aujourd’hui le Myanmar) après l’indépendance.
Né à Ripalta Guerina, dans le diocèse de Crema, le 16 mai 1902, il était le premier-né d’une famille nombreuse. En 1910, suivant sa vocation sacerdotale, Alfredo entre au collège épiscopal de Crema. L’année suivante, il entre au séminaire diocésain où il reste jusqu’en 1922, date à laquelle il rejoint le séminaire lombard pour les missions étrangères à Milan.
Après son ordination, le 12 octobre 1924, il enseigne l’italien au petit séminaire de Sant’Ilario Ligure. Il écrit également des romans. Sa vocation missionnaire naît très tôt, peut-être à cause de sa grande dévotion pour sainte Thérèse de Lisieux, la patronne des missions.
En octobre 1925, il est envoyé en Birmanie, qui se trouve sous un protectorat anglais. Au moment du départ pour les missions, il promet de ne jamais retourner en Italie et, malgré l’insistance de sa famille et de ses amis, il a tenu sa promesse.
À partir d’août 1929, il réside au village de Donoku, parmi les « carians ». Il dirige un orphelinat et construit l’école, la maison des religieuses, l’église.
En décembre 1941, il doit quitter le village de Donoku et, après un bref séjour à Pjinmana, il est envoyé dans un endroit voisin pour aider frère Eugenio Borsano. En 1943, il se retire à Kothamo, où il prêche l’Évangile parmi la population des « carians rouges » du Moshò.
En 1945, il est capturé par les Japonais et torturé pour avoir refusé d’indiquer les villages à saccager. Libéré, il s’échappe dans une forêt et y reste quelques mois dans des conditions très difficiles.
Après la Deuxième Guerre mondiale, il fonde des sociétés et des coopératives pour le développement du peuple. Partout il forme des catéchistes. À ce moment-là, les conversions ne sont pas individuelles, mais de villages entiers, cachés dans des territoires difficiles et montagneux.
En 1948, la Birmanie obtient son indépendance. Peu de temps après, la guerre civile éclate entre l’ethnie birmane à majorité bouddhiste, qui détient le pouvoir, et les tribus restantes, en particulier les « carians », du culte protestant, notamment baptiste. Les catholiques, parmi les divers courants, essayent de prendre une position équilibrée, mais il y a beaucoup de violence et d’hostilité ouverte envers l’Église. Pour se sauver, le p. Alfredo doit quitter ses fidèles pendant un certain temps, mais avec l’espoir de retourner, ce qui se passe en 1952.
En 1952, il retourne à Donoku où la tension est très grande. Les missionnaires catholiques sont entre deux forces : l’ethnie birmane, alliée aux Japonais, et l’ethnie des « carians » qui soutient les Anglais.
À travers le magazine Catholic Missions, le père Cremonesi dénonce les crimes et recherche une solution pour résoudre les conflits de manière pacifique. Le 7 février 1953, il tente de protéger un des catéchistes accusés. Il se présente devant les soldats avec un mouchoir blanc, mais il est brutalement tué, précisément parce qu’il est prêtre.
Les fidèles le vénèrent immédiatement en martyr. Certaines de ses reliques sont envoyées à sa famille. Dix jours après sa mort, l’évêque de Kengtung écrit à ses parents qu’ils doivent être fiers de la mort de leur fils, martyr de la foi. Quatre jours plus tard, l’évêque de Crema l’appelle martyr.
Card. Becciu, Canonisations, 13 octobre 2019, capture @ Vatican Media
Italie : béatification du missionnaire Alfredo Cremonesi le 19 octobre
Missionnaire en Birmanie