Cité de l'amitié, Akamasoa © Vatican Media

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Madagascar : "ne baissez jamais les bras devant les effets néfastes de la pauvreté"

Visite de la Cité de l’amitié Akamasoa (Texte intégral)

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« Ne baissez jamais les bras devant les effets néfastes de la pauvreté, ne succombez jamais aux tentations de la vie facile ou du repli sur soi » : c’est l’exhortation du pape François aux jeunes, lors de sa visite à la « Cité de l’Amitié » – de l’association Akamasoa – ce 8 septembre 2019 à Madagascar.
Au troisième jour de son séjour sur l’île de l’Océan indien, le pape s’est rendu auprès de cette oeuvre humanitaire fondée par le père Pedro Opeka – qui fut son élève dans les années 60, comme le pape l’a confié au début de son discours. Il y a rencontré quelque 8000 jeunes qui ont interprété des chants et des chorégraphies devant lui, dans l’auditorium Manantenasoa.
« Disons-le avec force : la pauvreté n’est pas une fatalité », a insisté le pape dans son discours, après l’introduction du père Pedro et le témoignage de Fanny, 13 ans, qui a exprimé la volonté des jeunes de « garder la foi, même si la tentation de la vie facile est toujours présente ».
Le pape a loué « l’éducation aux valeurs » faite à Akamasoa, où est transmis « l’immense trésor de l’effort, de la discipline, de l’honnêteté, du respect pour soi-même et pour les autres ».
L’association humanitaire Akamasoa a été créée en 1989 pour venir en aide aux personnes pauvres d’Antananarivo, qui vivaient sur la décharge d’Andralanitra et dans les rues. Plusieurs villages ont été construits dans la périphérie de la capitale, dans le cadre de cette initiative.
Paroles du pape François
Chers amis d’Akamasoa,
C’est une grande joie pour moi de me retrouver parmi vous en cette grande œuvre. Akamasoa est l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple pauvre; ce n’est pas une présence ponctuelle, circonstancielle : c’est la présence d’un Dieu qui a décidé de vivre et de demeurer toujours au milieu de son peuple.
Vous êtes nombreux ce soir, au cœur même de cette « Cité de l’Amitié », que vous avez construite de vos mains et que, je n’en doute pas, vous continuerez à bâtir pour que de nombreuses familles puissent vivre dans la dignité! En voyant vos visages radieux, je rends grâce au Seigneur qui a entendu le cri des pauvres et qui a manifesté son amour par des signes tangibles comme la création de ce village. Vos cris suscités par l’impossibilité de vivre sous un toit, de voir grandir vos enfants dans la malnutrition, de ne pas avoir de travail, suscités par le regard indifférent pour ne pas dire méprisant de beaucoup, sont devenus des chants d’espérance pour vous et pour tous ceux qui
vous regardent. Chaque recoin de ces quartiers, chaque école ou dispensaire est un chant d’espérance qui réfute et fait taire toute fatalité. Disons-le avec force : la pauvreté n’est pas une fatalité.
Ce village recèle en effet une longue histoire de courage et d’entraide. Cette cité est le résultat de nombreuses années de dur labeur. À la fondation, nous trouvons une foi vivante qui s’est traduite par des actes concrets capables de « déplacer des montagnes ». Une foi qui a permis de voir une chance là où seule la précarité était visible, de voir l’espérance là où seule la fatalité était visible, de voir la vie là où beaucoup annonçaient la mort et la destruction. Rappelez-vous ce qu’écrivait l’apôtre saint Jacques: «La foi si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » (2, 17). Les fondements du travail commun, le sens de la famille et de la communauté ont permis de restaurer de façon artisanale et patiemment la confiance non seulement en vous, mais entre vous, ce qui vous a donné la possibilité d’être les premiers protagonistes et les artisans de cette histoire. Une éducation aux valeurs grâce auxquelles les premières familles qui se sont aventurées avec le Père Opeka ont pu transmettre l’immense trésor de l’effort, de la discipline, de l’honnêteté, du respect pour soi-même et pour les autres.
Et vous avez pu comprendre que le rêve de Dieu n’est pas seulement le développement personnel, mais surtout le développement communautaire, qu’il n’y a pas de pire esclavage, comme le Père Pedro nous l’a rappelé, que de vivre chacun pour soi.
Chers jeunes d’Akamasoa, je voudrais vous adresser un message particulier: ne baissez jamais les bras devant les effets néfastes de la pauvreté, ne succombez jamais aux tentations de la vie facile ou du repli sur soi. Merci, Fanny, pour ce beau témoignage que tu nous as donné au nom des jeunes de ce village. Chers jeunes, ce travail accompli par vos aînés, c’est à vous qu’il revient de le poursuivre. La force pour accomplir tout cela, vous la trouverez dans votre foi et dans le témoignage vivant que vos aînés ont concrétisé dans vos vies. Laissez jaillir en vous les dons que le Seigneur vous a faits. Demandez-lui de vous aider à vous mettre généreusement au service de vos frères et sœurs. Ainsi Akamasoa ne sera pas un simple exemple pour les générations à venir mais, bien plus, le point de départ d’une œuvre inspirée par Dieu qui trouvera son plein épanouissement dans la mesure où vous continuerez à témoigner de son amour pour les générations présentes et à venir.
Prions pour que dans tout Madagascar et dans toutes les parties du monde, se diffuse la splendeur de cette lumière, afin que nous puissions réaliser des modèles de développement qui favorisent la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à partir de la confiance, de l’éducation, du travail et de l’effort qui sont toujours indispensables pour la dignité de la personne humaine.
Chers amis d’Akamasoa, chers Père Pedro et ses collaborateurs, merci encore une fois pour votre témoignage prophétique et plein d’espérance. Que Dieu continue de vous bénir.
Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi.
© Librairie éditrice du Vatican

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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