« Votre service est très nécessaire, car il souligne le primat de Dieu dans la vie des personnes, en favorisant la communion dans l’Eglise », déclare le pape François à l’occasion du 175e anniversaire du Réseau mondial de prière du pape (RMPP, Apostolat de la prière), marqué à Rome par un pèlerinage international (28-29 juin 2019).
Le pape les a confirmés dans leur mission de « compassion », au service de la « révolution de la tendresse ». Mais surtout, « le coeur de la mission de l’Eglise c’est la prière ».
Le pape a reçu le directeur du RMPP, le p. Frédéric Fornos SJ et les quelque 6 000 pèlerins de 52 pays, lors d’une audience au Vatican, dans la Salle Paul VI, ce 28 juin.
Il a notamment rappelé que le mouvement est né il y a 175 ans en France.
« En ce jour de la solennité du Coeur Sacré de Jésus, Il est bon de rappeler le fondement de notre mission comme l’a fait Bettina (Argentine). Il s’agit d’une mission de compassion pour le monde », a insisté le pape.
Il a insisté sur ce qu’il appelle la « révolution de la tendresse » : « Le Coeur du Christ est tellement grand qu’il désire nous accueillir tous dans la révolution de la tendresse. »
Une mission de « miséricorde »: « Nous sommes appelés à être des témoins et des messagers de la miséricorde de Dieu ».
Le pape a notamment exhorté à « enseigner aux enfants à prier ». Et il a spécialement insisté sur la prière d’intercession.
« Le coeur de la mission de l’Eglise c’est la prière », a conclut le pape, en répétant deux fois, avant d’ajouter: « On peut faire beaucoup de choses, mais sans la prière la chose ne marche pas. Le coeur, c’est la prière ».
Voici notre traduction, rapide, de travail, du discours du pape François publié par le Vatican en italien.
AB
Chers frères et soeurs,
Merci de votre visite! Je saisis cette occasion pour vous renouveler [l’expression de] ma gratitude pour votre engagement de prière et d’apostolat en faveur de la mission de l’Eglise. Je vous remercie aussi pour les témoignages que j’avais lus, autrement, celui en chinois, je ne l’aurais pas compris! Et je vous répondrai donc – plus ou mois – ou je prolongerai votre réflexion à tous. Votre service est très nécessaire, car il souligne le primat de Dieu dans la vie des personnes, en favorisant la communion dans l’Eglise.
1. Le p. Matthew, qui travaille à Taiwan, nous a offert des informations intéressantes sur la version de Click to pray en chinois. C’est beau de savoir que les Chinois, au-delà des difficultés de différentes natures, puissent se sentir réellement unis dans la prière et qu’ils trouvent en elle un soutien solide pour la connaissance et le témoignage de l’Evangile. La prière suscite toujours des sentiments de fraternité, elle abat les barrières, dépasse les frontières, crée des ponts invisibles mais réels et efficaces, ouvre des horizons d’espérance.
2. Marie Dominique a raconté la mission de l’Apostolat de la prière en France, où cette réalité est née il y a 175 ans. On a compris grâce à son témoignage que les intentions de prière rendent la mission de Jésus concrète dans le monde. Par son réseau de prière, l’Eglise et les intentions qu’elle confie chaque mois, parle au coeur des hommes et des femmes de notre temps. Nous tous, pasteurs, consacrés et fidèles laïcs, nous sommes appelés à nous « caler » dans l’histoire concrète des personnes qui sont à nos côtés surtout en priant pour elles, en prenant dans la prière leurs joies et leurs souffrances. C’est ainsi que nous répondrons à l’appel de Jésus qui nous demande d’ouvrir notre coeur à nos frères, spécialement à ceux qui sont éprouvés dans leur corps et dans leur esprit. C’est important de parler des frères, mais il y a deux chemins pour parler des frères: ou bénir les frères c’est-à-dire bien parler des frères, ou faire des cancans, en dire du mal. « Bavarder » dans ce sens-là, ce n’est pas beau, ce n’est pas de Jésus. Jésus ne « bavardait » pas. Mais parler, oui! Et la prière, c’est parler des frères à Jésus, dire: « Seigneur, pour tel problème, pour telle difficulté, telle situation… » Et cela, c’est un chemin d’union, de communauté. En revanche dire du mal des autres, c’est un chemin de destruction.
3. En ce jour de la solennité du Coeur Sacré de Jésus, Il est bon de rappeler le fondement de notre mission comme l’a fait Bettina (Argentine). Il s’agit d’une mission de compassion pour le monde, un « chemin du coeur » pourrait-on dire, c’est-à-dire un itinéraire de prière qui transforme la vie des personnes.
Le Coeur du Christ est tellement grand qu’il désire nous accueillir tous dans la révolution de la tendresse. La proximité du Coeur du Seigneur pousse notre coeur à s’approcher du frère avec amour, et aide à entrer dans cette compassion pour le monde. Nous sommes appelés à être des témoins et des messagers de la miséricorde de Dieu, pour offrir au monde une perspective de lumière là où il y a des ténèbres, d’espérance là où règne le désespoir, de salut là où le péché abonde. Entrer en prière c’est entrer avec mon coeur dans le Coeur de Jésus, faire un chemin dans le Coeur de Jésus, ce que Jésus ressent, les sentiments de compassion de Jésus, et aussi faire un voyage dans mon coeur pour changer mon coeur, dans cette relation avec le Coeur de Jésus.
4. Le témoignage de soeur Selam (Ethiopie) avec les jeunes du Mouvement eucharistique des jeunes, aide à contempler l’action de l’Esprit-Saint sur cette terre. Il est important d’aider les nouvelles générations à grandir dans l’amitié avec Jésus grâce à une rencontre intime avec Lui dans la prière, dans l’écoute de sa Parole, en s’approchant de l’Eucharistie, pour être un don d’amour pour le prochain. La prière personnelle ou communautaire nous stimule à nous dépenser dans l’évangélisation et nous pousse à chercher le bien des autres. Nous devons offrir aux jeunes des occasions d’intériorité, des moments de spiritualité, des écoles de la Parole, afin qu’ils puissent être des missionnaires enthousiastes dans différents milieux. Ils découvriront ainsi que prier ne les sépare pas de la vie réelle mais les aide à interpréter les événements de l’existence à la lumière de Dieu. Enseigner aux enfants à prier. Cela me fait mal quand je vois tant d’enfants qui ne savent pas même faire leur signe de croix. Je dis: « Fais le signe de la croix » et ils font ainsi [un geste confus]… Ils ne savent pas. Enseigner aux enfants à prier. Parce qu’ils arrivent tout de suite au Coeur de Jésus, tout de suite. Jésus les veut. Et aux jeunes, enseigner que la prière est un grand chemin pour avancer dans la vie. Merci soeur Selam pour ce que vous faites. Merci.
5. Cela m’a fait plaisir d’entendre l’enthousiasme de Diego (Guatemala) pour favoriser la rencontre entre les grands-parents et les petits-enfants dans la prière pour la paix dans le monde et pour les défis de l’humanité d’aujourd’hui. Dans le Réseau de prière du pape on trouve différentes générations. C’est beau de penser que les grands-parents puissent être des exemples pour les jeunes, leur indiquer comment parcourir la voie de la prière. La sagesse des anciens, leur expérience et leur capacité à « raisonner » avec le coeur. Quelqu’un pourrait dire: « Mais, père, on raisonne avec la tête! » Non, ce n’est pas vrai: on raisonne avec la tête et avec le coeur, c’est une capacité que nous devons développer. La capacité de raisonner avec le coeur. Et ces expériences des anciens constituent un enseignement précieux pour apprendre une méthodologie féconde dans la prière d’intercession. C’est une grande prière que la prière d’intercession: « Seigneur je te prie pour celui-ci, je te prie pour tel autre… » Et intercéder, c’est ce que Jésus fait au Ciel, parce que la Bible nous dit que Jésus est devant le Père et intercède pour nous, il est notre intercesseur, et nous, nous devons imiter Jésus, être des intercesseurs. Au cours de l’Histoire, les plus grands hommes et les plus grandes femmes de Dieu ont été des intercesseurs, comme Jésus. Intercéder.
6. Merci infiniment pour le témoignage du père Antonio (Portugal). Il nous a dit comment l’Apostolat de la prière, en entrant dans le monde numérique, se fait proche des anciens et des jeunes, en les aidant à donner une nouvelle vitalité au traditionnel Apostolat de la prière. Il est nécessaire que la mission de l’Eglise s’adapte à l’époque et utilise les instruments modernes que la technique met à disposition. Il s’agit d’entrer dans les aréopages modernes pour annoncer la miséricorde et la bonté de Dieu. Mais il faut faire attention d’utiliser ces moyens, spécialement ceux d’Internet, sans devenir esclaves de ces moyens. Il faut éviter de devenir otages d’un réseau qui nous prend nous, au lieu de « pêcher des poissons », c’est-à-dire d’attirer des âmes pour les conduire au Seigneur.
Je renouvelle à chacun de vous mes remerciements sincères pour votre précieuse activité, qui jaillit d’un coeur vraiment attentif aux autres. L’Apostolat de la prière, son Réseau mondial de prière du Pape en communion avec lui, rappelle que le coeur de la mission de l’Eglise c’est la prière. Faites bien attention: le coeur de la mission de l’Eglise c’est la prière. On peut faire beaucoup de choses, mais sans la prière la chose ne marche pas. Le coeur, c’est la prière. Je vous encourage à poursuivre avec joie avec la conscience de l’importance et de la nécessité de votre travail. Vous aidez les personnes à avoir un regard spirituel, un regard de foi sur la réalité qui les entoure, pour reconnaître ce que Dieu lui-même opère en elles : c’est un grand regard d’espérance. Merci beaucoup!
Je voudrais aussi remercier la Compagnie de Jésus. On pense que les jésuites sont des intellectuels, ceux qui pensent… Mais ce sont les jésuites qui ont créé ce réseau de prière. Les jésuites sont des hommes qui prient, et cela c’est grand! Et puis je voudrais remercier de façon spéciale le père Fornos de son dévouement et de sa créativité: merci, frère!
Maintenant nous allons prier un moment, tous ensemble, pour manifester l’importance de cela et pour intercéder tous ensemble en nous tournant vers Jésus. Tout d’abord, nous allons le faire en silence, tous, que chacun prie dans son coeur.
[Prière en silence]
[Prière du Réseau mondial de prière]
Et maintenant, prions pour les intentions que j’ai proposé à toute l’Eglise pour le mois de juin et de juillet:
« Prions pour les prêtres, qu’à travers la sobriété et l’humilité de leur vie, ils s’engagent dans une solidarité active avec les plus pauvres. »
Disons tous ensemble : « Prions ». Et faisons cette prière en silence…
« Prions pour que ceux qui administrent la justice, œuvrent avec intégrité, et que l’injustice qui traverse le monde n’ait pas le dernier mot. »
« Prions ».
[Notre Père et bénédiction]
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin