L'ambassadeur d'Israël Oren David © L'Osservatore Romano

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Israël et Saint-Siège : unir les forces pour favoriser la liberté religieuse

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Discours du cardinal Parolin pour les 25 ans des relations diplomatiques bilatérales

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« Le Saint-Siège et l’Etat d’Israël sont appelés à unir leurs forces pour favoriser la liberté religieuse, de culte et de conscience… et à travailler ensemble pour combattre l’antisémitisme », a déclaré le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin.
Le « numéro deux » du Vatican s’exprimait ainsi le 13 juin 2019, à la commémoration du 25e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Etat d’Israël et le Saint-Siège, organisée dans la Grande synagogue de Rome.
L’Accord fondamental commun, a encouragé le cardinal, « doit se poursuivre en combattant toute forme d’intolérance religieuse et en promouvant la compréhension réciproque entre les Nations, la tolérance entre les communautés et le respect pour la dignité et la vie humaine ».
Voici notre traduction de ce discours.
Discours du cardinal Parolin
Oren David, ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège,
Illustre Grand rabbin,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et membres du Corps diplomatique,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de prendre la parole à l’occasion de la commémoration du 2e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Etat d’Israël et le Saint-Siège. Je remercie, de façon particulière, l’ambassadeur David de s’être fait le promoteur de cet événement et pour les paroles qu’il vient de prononcer, mettant en relief les bonnes relations existant entre nous.
Je salue cordialement chacun de vous, en particulier le Docteur Di Segni, Grand rabbin de la communauté juive de Rome, qui nous accueille dans la Grande synagogue de la ville. Ce Temple a vu, ces dernières décennies, la présence de différents papes, à partir de la visite de saint Jean-Paul II le 13 avril 1986, présence qui constitue le signe visible de la transformation de la relation entre chrétiens et juifs ces 50 dernières années. Comme le rappelait le pape François le 17 janvier 2016: « Chers frères aînés, nous devons vraiment être reconnaissants pour ce qu’il a été possible de réaliser ces cinquante dernières années, car entre nous, la compréhension réciproque, la confiance mutuelle et l’amitié ont grandi et se sont approfondies. »
Dans ce contexte, s’insère aussi l’établissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Israël, avec l’ouverture, le 15 juin 1994, des deux Missions diplomatiques à Tel Aviv et au Vatican, suite à l’Accord Fondamental entre le Saint-Siège et l’Etat d’Israël, signé le 30 décembre 1993.
Cet Accord, en effet, entré en vigueur le 10 mars 1994, a ouvert une nouvelle phase dans les relations bilatérales, en entamant un chemin de coopération significatif. Ce dernier s’est concrétisé dans la signature de l’Accord sur la personnalité juridique de l’Eglise, dont le processus d’application est proche de la conclusion, et a ouvert un processus de négociation long et délicat au sein de la Commission bilatérale permanente de travail entre le Saint-Siège et l’Etat d’Israël pour parvenir à un Accord sur les questions financières, qui nous le souhaitons pourra bientôt se conclure.
En cet anniversaire, je voudrais dire une parole d’appréciation pour l’engagement assumé par l’Etat d’Israël à assurer à l’Eglise catholique la liberté d’accomplir sa mission et d’apporter sa contribution à la société israélienne. Parmi les activités variées de l’Eglise, il faut relever celle des écoles catholiques, qui, à travers l’éducation aux valeurs fondamentales, au dialogue et au respect réciproque, favorisent la création d’une société plus juste et pacifique.
Nous souhaitons que la cohérence avec l’esprit de l’Accord fondamental pour une collaboration renouvelée et fructueuse avec l’Eglise catholique en Israël ne faiblisse pas et que le pays puisse démontrer avec fierté la viabilité de sa démocratie en garantissant à tous des droits égaux et des opportunités égales pour la construction d’un avenir de paix et de concorde.
Durant ces 25 ans, ont eu lieu d’importantes visites pontificales en Israël et visites d’autorités israéliennes au Vatican, ainsi que de nombreuses initiatives en faveur du dialogue interreligieux.
Je voudrais rappeler, en particulier, la rencontre de prière avec les présidents israélien et palestinien, qui s’est déroulée le 8 juin 2014 au Vatican, et dont on fête le cinquième anniversaire. Comme cela est connu, le pape et le Saint-Siège ont à cœur le processus de paix et l’avenir de la région. En effet, à l’occasion de cet anniversaire, le Saint-Père a invité tout le monde, croyants et non-croyants, à dédier « une minute pour la paix », une minute de prière et de réflexion : tous ensemble pour un monde plus fraternel !
La nature spéciale de nos relations émerge du caractère unique de la Terre Sainte, si riche d’histoire et de foi et si chère au cœur des croyants, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Jérusalem, cité de la paix, en est le cœur, le patrimoine commun pour tous les fidèles des trois grandes religions monothéistes et du monde entier. Notre engagement religieux et politique favorise la vocation de la ville à être un lieu de réconciliation et de rencontre entre les religions, ainsi qu’un symbole de respect et de cohabitation pacifique.
Le Saint-Siège et l’Etat d’Israël sont appelés à unir leurs forces pour favoriser la liberté religieuse, de culte et de conscience, cette condition indispensable pour protéger la dignité de tout être humain, et à travailler ensemble pour combattre l’antisémitisme. Tout au long de ces années, le Saint-Siège et l’Etat d’Israël ont démontré une responsabilité commune dans cette lutte, engagement confirmé par l’Accord fondamental, qui doit se poursuivre en combattant toute forme d’intolérance religieuse et en promouvant la compréhension réciproque entre les Nations, la tolérance entre les communautés et le respect pour la dignité et la vie humaine.
Dans son discours aux participants à la Conférence internationale sur la Responsabilité des Etats, des institutions et des individus dans la lutte contre l’antisémitisme et les crimes liés à la haine antisémite, qui s’est déroulée au Vatican le 29 janvier 2018, le pape François a rappelé que «pour construire notre histoire,qui sera ensemble ou ne sera pas, nous avons besoin d’une mémoire commune, vivante et confiante, qui ne reste pas prisonnière du ressentiment mais, même traversée par la nuit de la douleur, s’entrouvre à l’espérance d’une aube nouvelle. L’Eglise désire tendre la main. Elle désire se souvenir et cheminer ensemble. Dans ce parcours, « ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs » (Conc. Oecum. Vat.II. Decl. Nostra aetate, 4)»
Cet anniversaire, en plus de nous faire apprécier le chemin parcouru ensemble jusqu’à aujourd’hui, nous aide à revigorer notre engagement dans la promotion concrète d’une amitié renouvelée. Avec ces vœux, j’invoque la bénédiction du Tout-Puissant sur notre chemin commun.
Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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