Renouveau charismatique : évangéliser c'est aimer, affirme le pape

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Rencontre de Pentecôte de Charis (Traduction intégrale)

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« Evangéliser c’est aimer », a affirmé le pape François aux participants à une rencontre promue par « Charis », le nouvel organisme international de service voulu par le Saint-Siège pour soutenir le Renouveau charismatique. Au cours de l’audience ce 8 juin 2019, en la veille de la Pentecôte, le pape a appelé les mouvements charismatiques à l’unité.
Depuis la Salle Paul VI du Vatican, il a demandé aux membres de Charis de pratiquer le « service » et non pas le « gouvernement » : ne pas chercher « les profits personnels », ni à « se montrer », ni « l’argent »… « Non : service, toujours service. Service ne veut pas dire “empocher” – le diable entre par les poches –; service veut dire donner : donner, se donner. »
Le pape a mis en garde contre les résistances au changement : « Il est humain d’avoir une certaine crainte du nouveau… mais… notre Dieu est le Dieu des nouveautés. »
Le « Catholic Charismatic Renewal International Service » (CHARIS) a été lancé le 8 décembre 2018 pour aider les différentes réalités charismatiques du monde à accomplir leur mission. Composé de dix-huit membres, Charis absorbe désormais l’International Catholic Charismatic Renewal Service et la Catholic Fraternity of Charismatic Covenant Communities and Fellowships.
Discours du pape François
Cher frères et sœurs, bonjour !
J’aime la façon dont certains peuples se saluent en ce temps de Pâques. Ils ne disent pas : “Bonjour” ou “Bonsoir”, ils disent : “Jésus est ressuscité”. Saluons-nous ainsi : “Jésus…” [tout le monde répond : “est ressuscité”].
Oui, Jésus est vivant ! Merci parce que vous vous souvenez que j’aime ce chant initial que vous avez chanté.
En cette solennité de Pentecôte, commence une nouvelle étape du chemin commencé par le Renouveau charismatique il y a 52 ans. Renouveau charismatique qui s’est développé dans l’Eglise par la volonté de Dieu et qui, en paraphrasant saint Paul VI, “est une opportunité pour l’Eglise” (cf. Discours aux participants au IIIe Congrès international du Renouveau charismatique catholique, 19 mai 1975, Pentecôte).
Je remercie aujourd’hui, au nom de l’Eglise, l’ICCRS et la Fraternité catholique, pour la mission réalisée ces trente dernières années. Vous avez tracé la voie et vous avez permis à CHARIS d’être aujourd’hui une réalité, grâce à votre fidélité. Merci !
Merci aussi à l’équipe de quatre personnes que j’ai chargée de la concrétisation de ce nouveau service unique ; et au Dicastère pour les laïc, la famille et la vie, en la personne du cardinal Farrell, qui vous a accompagnés.
Aujourd’hui quelque chose se termine et une autre commence : une nouvelle étape de ce chemin commence. Une étape marquée par la communion entre tous les membres de la famille charismatique, où se manifeste la présence puissante de l’Esprit Saint pour le bien de toute l’Eglise ; où cette Présence rend tout le monde égaux, parce que chacun et tous sont nés du même Esprit ; grands et petits, riches en années et nouveaux-nés, engagés au niveau universel ou plutôt local, forment le tout, qui est supérieur à la partie.
– Que ce mouvement partage le Baptême dans l’Esprit avec tout le monde dans l’Eglise. C’est la grâce que vous avez reçue. Partagez-la ! Ne la gardez pas pour vous !
Service de communion nouveau et unique
Allons vers l’unité : c’est le chemin de l’Esprit.
Nouveau. Comme je vous le disais au Circo Massimo, le nouveau peut déstabiliser. Il y a au début un sentiment d’insécurité sur les changements que la nouveauté peut apporter : parfois certains préfèrent rester dans ce qui leur appartient, et ils se séparent de l’unité. Et c’est une tentation du diable : chaque fois que quelqu’un entend : “Non, ce qui est à moi est plus que le reste”, et “je préfère l’ancien au nouveau”, il y a là le diable, parce qu’il me coupe de l’unité. Il est humain d’avoir une certaine crainte du nouveau – oui, c’est vrai – mais pas chez les personnes spirituelles : « Je fais toutes choses nouvelles », dit le Seigneur dans le Livre de l’Apocalypse (21,5). Notre Dieu est le Dieu des nouveautés. Les nouveautés de Dieu sont toujours des bénédictions, parce qu’elles procèdent de son cœur amoureux. Il existe toujours la tentation de dire : “Nous sommes bien comme nous sommes, les choses vont bien, pourquoi changer ? Laissons-les comme elles sont, on sait comment faire”. Cette pensée ne vient pas de l’Esprit, du moins pas de l’Esprit Saint, peut-être de l’esprit du monde… Ne tombez pas dans cette erreur. « Je fais toutes choses nouvelles », dit le Seigneur.
Nouveau et Unique. Un service pour toutes les réalités charismatiques que l’Esprit a suscitées dans le monde. Non pas un organisme qui serve certaines réalités et un autre organisme qui serve d’autres réalités, et un troisième…, etc. Non : unique.
Service. Non pas gouvernement. Il arrive parfois que dans les associations humaines, aussi bien laïques que religieuses, il y ait la tentation de chercher toujours les profits personnels. Et l’ambition de se montrer, de diriger, de l’argent… C’est toujours comme cela. La corruption entre comme cela. Non : service, toujours service. Service ne veut pas dire “empocher” – le diable entre par les poches –; service veut dire donner : donner, se donner.
Communion. Tous avec un seul cœur tourné vers le Père pour témoigner de l’unité dans la diversité. Diversité des charismes que l’Esprit a suscités durant ces 52 années. “Elargis l’espace de ta tente”, comme le dit Isaïe 54 (cf. v. 2), pour que tous les membres d’une même famille puissent s’y tenir. Une famille où il y a un seul Dieu Père, un seul Seigneur Jésus Christ et un seul Esprit vivifiant. Une famille où un membre n’est pas plus important que l’autre, ni par son âge, ni par son intelligence, ni par ses capacités, parce qu’il sont tous enfants aimés du même Père. L’exemple du corps, que nous donne saint Paul, est en ce sens très éloquent (cf. 1 Co 12,12-26). Le corps a besoin, un membre a besoin des autres. Tous ensemble.
J’ai vu qu’il y a un représentant des jeunes dans le Service international de communion. Est-il présent ici ? Mes compliments ! Je m’en réjouis ! Les jeunes sont l’avenir de l’Eglise, c’est vrai, mais ils sont le présent : ils sont le présent et l’avenir dans l’Eglise. Je suis content que vous leur ayez donné la visibilité et l’exercice de la responsabilité qui leur revient, de voir le présent avec d’autres yeux et de regarder l’avenir avec vous.
J’ai su aussi que CHARIS aujourd’hui possède les droits de publication des Documents de Malines. Le président m’a offert la version espagnole, merci ! C’est une bonne chose. Faites-les connaître ! Je vous ai dit à différentes occasions qu’ils sont “le document d’accompagnement”, la boussole du courant de grâce.
Vous m’avez demandé de vous dire ce qu’attendent le pape et l’Eglise de ce nouveau service, de Charis et de tout le Renouveau charismatique. Je vous dis – en plaisantant – ce qu’attend le pape des “spiritistes”. [rires] Ce que le pape attend de vous :
– Que ce mouvement partage le Baptême dans l’Esprit avec tout le monde dans l’Eglise. C’est la grâce que vous avez reçue. Partagez-la ! Ne la gardez pas pour vous !
– Qu’il serve à l’unité du corps du Christ qu’est l’Eglise, communauté des croyants en Jésus Christ. C’est très important parce que l’Esprit Saint est Celui qui fait l’unité dans l’Eglise, mais c’est aussi celui qui fait la diversité. La personnalité de l’Esprit Saint est intéressante : Il fait la plus grande diversité dans les charismes, mais ensuite il réunit ces charismes dans l’harmonie, dans l’unité. Car, comme le dit saint Basile, “l’Esprit Saint est l’harmonie”, il donne l’harmonie, dans la Trinité, et aussi entre nous.
– Et qu’il serve les pauvres, les plus nécessiteux de tous besoins, physiques et spirituels. Cela ne veut pas dire que, comme d’aucun peuvent le penser, à présent le Renouveau est devenu communiste. Non, il s’est fait évangélique, c’est dans l’Evangile.
Ces trois choses : Baptême dans l’Esprit Saint, unité du Corps du Christ et service des pauvres, sont le témoignage nécessaire pour l’évangélisation du monde, à laquelle nous sommes tous appelés par notre Baptême. Evangélisation qui n’est pas prosélytisme mais principalement témoignage. Témoignage d’amour : “regardez comme ils s’aiment”, c’est ce qui attirait l’attention de ceux qui rencontraient les premiers chrétiens. “Regardez comme ils s’aiment”. Parfois, dans de nombreuses communautés, on peut dire: “Regardez comme ils disent du mal !”, et cela ne vient pas de l’Esprit Saint. “Regardez comme ils s’aiment”. Evangéliser c’est aimer. Partager l’amour de Dieu pour tout être humain. On peut faire des organismes pour évangéliser, on peut faire des programmes pensés et étudiés avec soin, mais s’il n’y a pas d’amour, si n’y a pas la communauté, cela ne sert à rien ! “Regardez comme ils s’aiment”. C’est la communauté : dans la deuxième Lettre de Jean, il y a une mise en garde, un avertissement, au verset 9. Il dit : “Faites attention parce que ceux qui dépassent la communauté ne sont pas du bon esprit”. Peut-être quelqu’un aura-t-il cette tentation : “Non, faisons une organisation comme cela…; faisons un palais comme-ci, ou cette autre chose…”. D’abord l’amour. Avec l’idéologie, avec la méthodologie seule, cela revient à dépasser, à aller au-delà des communautés, et Jean a dit : “C’est l’esprit du monde, ce n’est pas l’esprit de Dieu”. “Regardez comme ils s’aiment”.
Renouveau charismatique, courant de grâce de l’Esprit Saint, soyez témoins de cet amour ! Et, s’il vous plaît, priez pour moi.
A présent, je voudrais anticiper de 25 minutes – puis, si vous le voulez, faites-le ensuite – mais je voudrais le faire avec vous : anticiper de 25 minutes le geste réalisé aujourd’hui dans toute l’Eglise, une minute de silence pour la paix. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui c’est l’anniversaire, le cinquième anniversaire, de la rencontre ici au Vatican des présidents de l’Etat de Palestine et de l’Etat d’Israël. Nous avons prié ensemble pour la paix, et une minute de silence sera faite aujourd’hui dans le monde entier. Nous le faisons maintenant, avant la Bénédiction, tous ensemble, debout.
Merci, et qu’une communauté du Renouveau fasse silence, c’est presque héroïque ! [rires] Merci !
A présent je vous donne la Bénédiction.
[Bénédiction]
Christ est ressuscité !
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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