« Quand vous voyez un prêtre en danger… de perdre le cap, ayez le courage de lui rappeler son engagement envers Dieu et avec son peuple, annoncez-lui, vous-mêmes, l’Évangile, et encouragez-le à rester sur le bon chemin » : c’est la mission confiée par le pape François aux jeunes, au détour des lignes de sa lettre aux jeunes « Il vit, le Christ » (Christus vivit), publiée ce 2 avril 2019.
Cinq mois après la conclusion du Synode des évêques sur les jeunes, le pape adresse à ces derniers une lettre au ton vivant, personnel, les encourageant à prendre leur place dans l’Eglise, et même à agir pour la prévention des abus commis en son sein.
Il évoque en effet la crise actuelle, sujet évoqué par les jeunes participant au Synode en octobre 2018 : « Ces derniers temps, il a été demandé avec force que nous écoutions le cri des victimes des divers genres d’abus qu’ont commis certains évêques, prêtres, religieux et laïcs ». (n. 95)
« L’universalité de ce fléau, alors que se confirme son ampleur dans nos sociétés, n’atténue pas sa monstruosité à l’intérieur de l’Église », affirme le pape (n. 96) qui fustige le cléricalisme comme terreau de ces « abominations » : « un esprit clérical expose les personnes consacrées à perdre le respect de la valeur sacrée et inaliénable de chaque personne et de sa liberté ». (n. 98)
Cependant, poursuit le pape, « les prêtres qui commettent ces horribles crimes ne constituent pas la majorité qui exerce un ministère fidèle et généreux ». Il demande aux jeunes « de se laisser stimuler par cette majorité » et d’apporter leur « aide inestimable pour une chose qui est fondamentale : la prévention qui permet d’éviter que ces atrocités se répètent ».
Et le pape d’exhorter : « Quand vous voyez un prêtre en danger, parce qu’il a perdu la joie de son ministère, parce qu’il cherche des compensations affectives ou qu’il est en train de perdre le cap, ayez le courage de lui rappeler son engagement envers Dieu et avec son peuple, annoncez-lui, vous-mêmes, l’Évangile, et encouragez-le à rester sur le bon chemin. »
« Ce nuage noir, poursuit-il, devient aussi un défi pour les jeunes qui aiment Jésus-Christ et son Église, car leur apport peut être important face à cette blessure s’ils mettent en jeu leur capacité de renouveler, de revendiquer, d’exiger cohérence et témoignage, de rêver de nouveau et de réinventer. »
Confiance dans les jeunes et dans le peuple de Dieu
Pour Mgr Fabio Fabene, sous-secrétaire du Synode des évêques, cette mission illustre la « grande confiance » que le pape accorde aux jeunes : « Il affirme qu’ils doivent devenir protagonistes de l’Eglise… je vois en cette invitation un acte de confiance du pape », a-t-il commenté en présentant le document.
Ce défi participe à l’espérance que le pape met dans le « saint et patient peuple fidèle de Dieu, soutenu et vivifié par l’Esprit Saint » : « ce sera précisément ce saint peuple de Dieu qui nous libérera du fléau du cléricalisme », a-t-il affirmé à plusieurs reprises dans ses prises de parole.
Dès le début du document, le pape demande aux jeunes d’aider l’Eglise « à rester jeune, à ne pas tomber dans la corruption, à ne pas s’installer, à ne pas s’enorgueillir, à ne pas se transformer en secte, à être plus pauvre et davantage témoin, à être proche des derniers et des marginalisés, à lutter pour la justice, à se laisser interpeller avec humilité »… finalement, à apporter « la beauté de la jeunesse ».
« On n’abandonne pas une Mère lorsqu’elle est blessée, mais on l’accompagne », conclut le pape qui souhaite que ce moment difficile, « avec l’aide précieuse des jeunes », soit « l’occasion d’une réforme de portée historique , pour déboucher sur une nouvelle Pentecôte et inaugurer une étape de purification et de changement qui confère à l’Église une nouvelle jeunesse ». (n. 102).
Le pape François, rencontre avec les jeunes, Vilnius © Vatican Media
"Quand vous voyez un prêtre en danger", la mission que le pape confie aux jeunes
La prévention des abus