Jeunes prisonniers, Las Garzas de Pacora, Panama© Vatican Media

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"Christus vivit" : tomber amoureux, ou le secret de la vraie jeunesse

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« Ne vous laissez pas voler l’amour pour de vrai »

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Tomber amoureux de Dieu, ne pas se laisser voler l’amour pour de vrai, vivre intensément chaque journée qui peut être la dernière, découvrir le secret de la jeunesse et de la beauté… nous mettons en relief quelques-uns des encouragements du pape François aux jeunes, tirés de sa lettre « Il vit, le Christ » (Christus vivit), publiée ce 2 avril 2019.
Ce document fait suite au synode des évêques qui a été dédié aux jeunes, en octobre 2018. Dans un style direct, le pape s’adresse aux jeunes, les encourageant à vivre leurs « rêves » dans l’amitié avec Jésus et à développer les talents spécifiques à leur âge. Il conseille aussi une pastorale de la jeunesse plus ouverte et moins axée sur « l’obsession » de « contenus doctrinaux ».
« Je veux dire d’abord à chacun la première vérité : “Dieu t’aime”. »
« Si tu l’as déjà entendu, peu importe. Je veux te le rappeler, insiste le pape : Dieu t’aime. N’en doute jamais, quoiqu’il arrive dans ta vie. Tu es aimé infiniment, en toutes circonstances. »
« Tu as vraiment de la valeur pour lui, tu n’es pas insignifiant, tu lui importes, parce que tu es une œuvre de ses mains. Il te prête donc attention et se souvient de toi avec affection. Dieu, affirme encore le pape, « ne veut pas tenir le compte de tes erreurs et, en toute situation, il t’aidera à tirer quelque chose, même de tes chutes. Parce qu’il t’aime. »
C’est aussi ce qui fait dire au pape : « Si tu es jeune en âge, mais si tu te sens faible, fatigué ou désabusé, demande à Jésus de te renouveler. Avec lui, l’espérance ne manque pas. Tu peux faire de même si tu te sens submergé par les vices, les mauvaises habitudes, l’égoïsme ou le confort malsain. Jésus, plein de vie, veut t’aider pour qu’être jeune en vaille la peine. »
En effet, « l’amour de Dieu et notre relation avec le Christ vivant ne nous empêchent pas de rêver, et n’exigent pas de nous que nous rétrécissions nos horizons. Au contraire, cet amour nous pousse en avant, nous stimule, nous élance vers une vie meilleure et plus belle… La question est de savoir ouvrir les yeux et de s’arrêter pour vivre pleinement, et avec gratitude, chaque petit don de la vie. »
« Quand tu sauras pleurer, alors tu seras capable de réaliser quelque chose du fond du cœur pour les autres »
Après avoir longuement évoqué les difficultés des jeunes et ces vies « exposées à la souffrance et à la manipulation », le pape recommande à chacun « d’apprendre à pleurer pour les jeunes qui se trouvent dans une situation pire que la tienne ».
Peut-être, suggère-t-il, que « nous avons une vie sans trop de besoins, nous ne savons pas pleurer ». Mais « certaines réalités de la vie se voient seulement avec des yeux lavés par les larmes. J’invite chacun de vous à se demander : ai-je appris à pleurer ? Ai-je appris à pleurer quand je vois un enfant qui a faim, un enfant drogué dans la rue, un enfant sans maison, un enfant abandonné, un enfant abusé, un enfant utilisé comme esclave par la société ? Ou bien mes pleurs sont-ils les pleurs capricieux de celui qui pleure parce qu’il voudrait avoir quelque chose de plus ? »
Le pape rappelle aux jeunes « une chose fondamentale » : « la jeunesse, ce n’est pas seulement la recherche de plaisirs passagers et de succès superficiels. Pour que la jeunesse atteigne sa finalité dans le parcours de ta vie, elle doit être un temps de don généreux, d’offrande sincère, de sacrifice qui coûtent mais qui nous rendent féconds. »
« Ose être davantage, car ta personne est plus importante que quoi que ce soit. »
Le pape François affirme aussi « qu’il y a une issue à toutes les situations difficiles ou douloureuses » : « Ne permets pas qu’ils te volent l’espérance et la joie, qu’ils te rendent toxicodépendant pour t’utiliser comme esclave de leurs intérêts… ne vous laissez pas acheter, ne vous laissez pas séduire, ne vous laissez pas asservir par les colonisations idéologiques qui nous mettent des idées dans la tête et, à la fin, nous font devenir esclaves, dépendants, des ratés dans la vie. Vous n’avez pas de prix : vous devez toujours vous le répéter : je ne suis pas aux enchères, je n’ai pas de prix. Je suis libre, je suis libre ! »
« Il ne te sert à rien d’avoir ou de paraître », assure aussi le pape, appelant chaque jeune à ne pas être « une photocopie », mais lui-même, « unique et hors pair ».
Plus loin, évoquant le mariage, il lance : « oui, ça vaut la peine de parier sur la famille… Ne vous laissez pas voler l’amour pour de vrai. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui proposent une vie de débauche individualiste qui conduit finalement à l’isolement et à la solitude. Aujourd’hui règne une culture du provisoire qui est une illusion. Croire que rien ne peut être définitif est une tromperie et un mensonge. »
Amour ? Force ? Passion ? Demande à l’Esprit-Saint
Avec l’Esprit-Saint, promet le pape, « tu ne perds rien et il peut changer ta vie, il peut l’éclairer et lui donner une meilleure direction. Il ne te mutile pas, il ne t’enlève rien, mais il t’aide à trouver ce dont tu as besoin de la meilleure façon. »
« Tu as besoin d’amour ? Tu ne le trouveras pas dans la débauche, en utilisant les autres, en possédant les autres ou en les dominant. Tu le trouveras d’une manière qui te rendra véritablement heureux. Tu cherches la force ? Tu ne la vivras pas en accumulant les objets, en gaspillant de l’argent, en courant désespéré derrière les choses de ce monde. Tu y parviendras sous une forme beaucoup plus belle et satisfaisante si tu te laisses stimuler par l’Esprit Saint. Tu cherches la passion ? … il n’y a rien de plus important que de trouver Dieu. C’est-à-dire, tombe amoureux de lui de manière définitive et absolue. »
Au fil de son exhortation, le pape ne cesse d’appeler les jeunes à élever le regard : « Ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran… Prenez des risques, même si vous vous trompez. Ne survivez pas avec l’âme anesthésiée, et ne regardez pas le monde en touristes… Vivez ! Donnez-vous à ce qu’il y a de mieux dans la vie ! Ouvrez la porte de la cage et sortez voler ! »
Puisque chaque journée « peut être la dernière », il s’agit de vivre « pleinement l’aujourd’hui » : « remplis d’amour chaque moment et donne-le entièrement ».
« Il y a de la beauté chez l’épouse mal coiffée et un peu âgée »
Le pape met en garde par ailleurs contre « une vie superficielle qui confond beauté et apparence ». « Il y a de la beauté chez le travailleur qui rentre chez lui sale et décoiffé, mais avec la joie d’avoir gagné le pain pour ses enfants. Il y a une beauté extraordinaire dans la communion de toute une famille à table, et dans le pain partagé avec générosité, même si la table est très pauvre. Il y a de la beauté chez l’épouse mal coiffée et un peu âgée qui reste à s’occuper de son mari malade, au-delà de ses forces et de sa propre santé… Il y a de la beauté, au-delà des apparences et de l’esthétique en vogue, en tout homme et en toute femme qui vit avec amour sa vocation personnelle ».
Déplorant « les stratégies du faux culte de la jeunesse et de l’apparence », le pape explique : « Je ne veux pas vous proposer cela, et, avec toute mon affection, je veux vous mettre en garde de ne pas vous laisser dominer par cette idéologie qui ne vous rendra pas davantage jeunes, mais qui fera de vous des esclaves. »
« Calmons l’obsession de transmettre une accumulation de contenus doctrinaux »
Formulant également des conseils pastoraux, le pape fait « une mise en garde importante » contre des « réunions de ‘formation’ où sont uniquement abordées des questions doctrinales et morales : sur les maux du monde actuel, sur l’Église, sur la Doctrine sociale, sur la chasteté, sur le mariage, sur le contrôle de la natalité et sur d’autres thèmes ».
« Le résultat, constate-t-il, est que beaucoup de jeunes s’ennuient, perdent le feu de la rencontre avec le Christ et la joie de le suivre, beaucoup abandonnent le chemin et d’autres deviennent tristes et négatifs. Calmons l’obsession de transmettre une accumulation de contenus doctrinaux, et avant tout essayons de susciter et d’enraciner les grandes expériences qui soutiennent la vie chrétienne. »
Au lieu d’ « écraser » les jeunes « avec un ensemble de règles qui donnent une image réductrice et moralisatrice du christianisme, nous sommes appelés à miser sur leur audace, à les inciter et à les former à prendre leurs responsabilités, certains que l’erreur, l’échec et la crise constituent aussi des expériences qui peuvent les aider à grandir humainement ».
« La vraie jeunesse, c’est avoir un cœur capable d’aimer… ce qui vieillit l’âme, c’est tout ce qui nous sépare des autres. »
Ainsi, estime le pape François, « même un adulte doit mûrir sans perdre les valeurs de la jeunesse » : « Une jeunesse bien vécue reste comme une expérience intérieure, et elle est reprise dans la vie adulte, elle est approfondie et continue à donner du fruit. »
Il s’agit, dans la vie adulte, de ne pas s’enfermer dans « ses sécurités et ses conforts mais de conserver « le propre du jeune » qui est « de se sentir attiré par l’infini qui s’ouvre ».
« A chaque moment de la vie, conclut le pape, nous devrions pouvoir renouveler et renforcer la jeunesse. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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