Le pape François est le deuxième pape à se rendre au Maroc, après la rencontre de Jean-Paul II avec les jeunes musulmans au stade de Casablanca le 19 août 1985, rappelle Alessandro Gisotti qui a rencontré la presse internationale le 28 mars 2019 au Vatican à la veille du voyage pontifical (30-31 mars), le 28e. Le pape est accueilli « par le roi Mohammed VI et par le peuple marocain ».
Le directeur par intérim du Bureau de presse du Saint-Siège a rappelé ce « discours historique aux milliers de jeunes au stade de Casablanca », à l’invitation du roi Hassan II.
Les 800 ans et la Fraternité humaine
Le thème : « Pape François, Serviteur d’espérance », rappelle le titre de la lettre des évêques du Maghreb en 2015.
Le logo rappelle le dialogue entre les chrétiens et les musulmans, ainsi
Il a aussi replacé le voyage du pape dans le cadre de son discours au Corps diplomatique, du 7 janvier dernier. Le pape disait en effet se projets de voyage dans le cadre des 800 ans de la rencontre de Damiette (Egypte) : « Prochainement, j’aurai l’occasion de me rendre dans deux pays à majorité musulmane, le Maroc et les Emirats Arabes Unis ; Il s’agira de deux opportunités importantes pour développer davantage le dialogue interreligieux et la connaissance réciproque entre les fidèles des deux religions, lors du 8ème centenaire de la rencontre historique entre saint François d’Assise et le sultan al-Malik al-Kãmil. »
Pour Alessandro Gisotti, après le voyage dans les Emirats arabes unis : ce sont les « premier et second temps d’un même voyage », a-t-il fait remarquer.
Les deux aspects à retenir sont les 800 ans de la rencontre de saint François et le dialogue interreligieux avec Islam aujourd’hui « de l’Océan au Maghreb ».
Quant à la déclaration sur la fraternité humaine, l’important pour le pape est de « faire passer ce document dans les instituts d’éducation », et qu’on l’étudie y compris chez les catholiques.
Le pape se rend donc dans un pays musulman « après la déclaration conjointe d’Abou Dhabi » sur la Fraternité humaine, qui devient un document de référence pour les relations interreligieuses.
Il a précisé des chiffres : le Maroc compte plus de 34 millions d’habitants, à 99% musulmans, les catholiques étant autour de 25 000. Les deux diocèses de Rabat et Tanger regroupent 35 paroisses, servies par 46 prêtres. Les communautés sont « petites mais actives » souligne Alessandro Gisotti, notamment dans l’éducation (34 centres d’instruction, plus de 11 000 étudiants), les services d’assistance et de charité (25). Les évêques sont membres de la « CERNA », la Conférence épiscopale pour le Nord de l’Afrique.
Ce sont aussi les 800 ans de la présence franciscaine au Maroc, comme le rappelle une exposition visant à promouvoir le « vivre ensemble ».
Pour ce qui est de l’accueil des migrants au Maroc, le pape François entend aussi « donner une visibilité aux petites communautés de ce pays », souligne Alessandro Gisotti.
Ce sera un « voyage intense et bref mais significatif », ajoute-t-il.
Samedi, accueil populaire et formation des imams
Pour ce qui est du déroulement, le roi Mohammed VI accueille le pape François à l’aéroport de Rabat. On offrira au pape, selon la tradition marocain, des dattes et du lait d’amande.
Mohammed VI voulu placer l’accueil du pape dans le sillage de l’accueil réservé par le roi Hassan II à Jean-Paul II : un accueil « populaire », sur les kilomètres du parcours de la papamobile, que le roi effectuera sur sa limousine. Autrement dit : « Tout le peuple accueille le Saint-Père et salue le roi ».
Sur l’esplanade Tour Hassan de Rabat, l’importance de l’accueil « par le peuple marocain » sera aussi manifesté par la possibilité de suivre la cérémonie sur écrans géants, sur place et dans les zones limitrophes.
En tout 50 000 personnes pourront être présentes pour suivre le discours du roi Mohammed VI et celui du pape François. Au Mémorial Mohammed V et roi Hassan II, le pape signera le livre d’honneur avant d’être reçu au Palais royal par le roi et sa famille.
Puis le pape et le roi se rendent à l’Institut Mohammed VI de formation des imams et des prédicatrices : un moment « très important » : il a été fondé récemment par Mohammed VI pour faire face au fondamentalisme. C’est un centre important pour tout le Maghreb et même au-delà.
C’est « la première fois qu’un pape est accueilli dans un institut » de formation d’imams. Le choix a été fait par le roi et par le pape de donner la parole aux étudiants de l’institut »: d’Europe et d’Afrique et du ministre responsable des rapports interreligieux. Le roi et le pape écouteront.
Un moment musical significatif permettra d’entendre des œuvres liées aux différentes religions,a vec la présence de musiciens juifs également.
Le pape rencontrera ensuite des migrants accueillis par la Caritas diocésaine de Rabat. Le cardinal Parolin, secrétaire d’Etat avait participé au sommet de l’ONU de Marrakech sur les migrations. Le pape sera accueilli par l’archevêque de Tanger, un Franciscain, Santiago Agrelo Martínez, très engagé sur le thème des migrants, qui sont en majorité des migrants subsahariens, environ 80 000 dans le pays, et 4 000 assistés par la Caritas.
Dimanche, la communauté catholique
A Temara, le pape se rendra à ce qui était autrefois un centre de formation rural des jésuites aujourd’hui tenu par le Filles de la charité de Saint Vincent de Paul – quatre religieuses espagnoles – pour les enfants malades ou grands brûlés : il comprend un dispensaire, un centre d’alphabétisation et de formation féminine. C’est une visite « privée ».
Dans la cathédrale de Rabat, le pape rencontrera le clergé, les consacrés et une délégation du Conseil oecuménique des Eglises, qu’il saluera spécialement. Un prêtre « fidei donum » du Burkina Faso donnera son témoignage ainsi qu’une religieuse, la provinciale des Franciscaines. Le pape priera ensuite l’angélus dominical.
L’après-midi, lors de la messe, au Centre sportif Prince Moulay Abdellah, avec quelque 10 000 personnes – la plus grande messe jamais célébrée au Maroc – l’homélie sera en espagnol, avec des traductions en arabe et en français. La prière universelle en différentes langues.
Répondant à la presse, Alessandro Gisotti a rappelé le caractère « imprévisible » du Saint-Père et des surprises éventuelles et surtout sa « force extraordinaire », et sa volonté « d’aller le plus possible à la rencontre ».
Les prochains voyages prévus sont en mai en Bulgarie et Macédoine et en Roumanie, en juin, à Naples, en septembre en Afrique (Mozambique, Madagascar, Île Maurice). Un projet de voyage en novembre pourrait emmener le pape au Japon, pays où il voulait se rendre quand il était jeune jésuite.
Le « cœur du pape » le pousse à « aller le plus possible à la rencontre » des peuples et des personnes, conclut son porte-parole.
Alessandro Gisotti Message de carême 2019 @ Vatican Media
Maroc : le pape François accueilli par «le peuple marocain»
Un voyage dans la continuité de celui de Jean-Paul II