La Sainte Maison de Lorette (Italie) « est la maison des jeunes » car « Marie est le modèle de toute vocation et l’inspiratrice de toute pastorale vocationnelle », a déclaré le pape François. C’est pourquoi, estime-t-il, Lorette est un « lieu privilégié où les jeunes peuvent venir à la recherche de leur vocation à l’école de Marie », en particulier à travers les activités du Centre Jean-Paul II. En Marie, les jeunes peuvent trouver l’aide pour « discerner le projet de Dieu sur eux » et « la force pour y adhérer ».
Le pape François s’est rendu au sanctuaire de Lorette ce lundi matin 25 mars 2019, en la fête de l’Annonciation. Après les salutations que lui a adressées Mgr Fabio Dal Cin, archevêque de Lorette, le pape a prononcé un discours qu’il a conclu par la récitation de la prière de l’Angelus. Il a aussi signé l’exhortation apostolique post-synodale consacrée aux jeunes et aux vocations.
Dans l’événement de l’Annonciation, a expliqué le pape, « apparaît la dynamique de la vocation exprimée dans les trois moments qui ont rythmé le Synode » : l’écoute de la Parole-projet de Dieu, le discernement et la décision. Il y a chez Marie, a souligné le pape, « une attention à saisir toutes les exigences du projet de Dieu sur sa vie, à le connaître dans ses nuances, pour rendre sa collaboration plus responsable et plus complète ». Le pape a enfin souligné que Lorette est aussi la « maison des familles » et le « sanctuaire des personnes malades » qui doivent être « accueillis au sein de la famille ».
La « Sainte Maison », ce sont les trois murs construits à Lorette grâce aux pierres apportées de Nazareth par des croisés dans la nuit du 9 au 10 décembre 1294. Le quatrième mur de la maison de la Vierge Marie à Nazareth est constitué de la paroi de la grotte aujourd’hui abritée par la basilique de l’Annonciation. Les trois murs ont été enserrés dans un écrin de marbre blanc au XVIe s. Et l’ensemble est abrité dans une basilique fortifiée qui domine la côté adriatique.
Le pape François a célébré la messe dans la « Sainte Maison » sans prononcer d’homélie. Il y a ensuite signé sa Lettre aux jeunes qui noue la gerbe du synode d’octobre 2018. Et, après avoir salué les personnes malades ou handicapées, et leurs familles, dans la basilique, le pape s’est ensuite adressé aux quelques 10.000 pèlerins rassemblés sur le parvis de la basilique pour l’angélus de midi. Il a rendu hommage aux capucins auxquels le sanctuaire est confié.
La Lettre aux jeunes du monde, « Christus vivit », sera publiée la semaine prochaine, mardi 2 avril.
HG/AB
Discours du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Et merci pour votre chaleureux accueil ! Merci.
Les paroles de l’ange Gabriel à Marie : « Réjouis-toi, pleine de grâce » (Lc 1,28), résonnent singulièrement dans ce sanctuaire, lieu privilégié pour contempler le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. En effet, c’est ici que sont conservés les murs qui, selon la tradition, viennent de Nazareth où la Sainte Vierge a prononcé son « oui », devenant la mère de Jésus. Depuis que ce qui est appelé la « maison de Marie » est devenu une présence vénérée et aimée sur cette colline, la Mère de Dieu ne cesse d’obtenir des bienfaits spirituels chez ceux qui, avec foi et dévotion, viennent ici faire une halte de prière. Aujourd’hui, je me fais l’un d’eux et je remercie Dieu qui me l’a permis précisément en la fête de l’Annonciation.
Je salue avec reconnaissance les Autorités pour leur accueil et leur collaboration. Je salue Mgr Fabio Dal Cin, qui s’est fait l’interprète de vos sentiments à tous. Je salue en même temps les autres évêques, les prêtres, les personnes consacrées, avec une pensée particulière pour les pères capucins, à qui est confiée la garde de ce sanctuaire réputé et si cher au peuple italien. Ils sont bien, ces Capucins ! Toujours au confessionnal, toujours, si bien que tu entres dans le sanctuaire et il y en a toujours au moins un là, ou deux ou trois ou quatre, mais toujours, que ce soit dans la journée ou en fin de journée et c’est un travail difficile. Ils sont bien et je les remercie spécialement pour ce précieux ministère du confessionnal, poursuivi pendant toute la journée. Merci ! Et à vous tous, habitants de Lorette et pèlerins venus ici, j’adresse mes salutations cordiales.
Dans cette oasis de silence et de piété, on vient nombreux, de l’Italie et de partout dans le monde, pour puiser force et espérance. Je pense en particulier aux jeunes, aux familles et aux personnes malades.
La Sainte Maison est la maison des jeunes, parce qu’ici la Vierge Marie, la jeune fille pleine de grâce, continue de parler aux nouvelles générations, accompagnant chacun dans la recherche de sa propre vocation. C’est pourquoi j’ai voulu signer ici l’exhortation apostolique, fruit du Synode consacré aux jeunes. Elle s’intitule « Christus vivit – Le Christ est vivant ». Dans l’événement de l’Annonciation apparaît la dynamique de la vocation exprimée dans les trois moments qui ont rythmé le Synode : 1) écoute de la Parole-projet de Dieu ; 2) discernement et 3) décision.
Le premier moment, celui de l’écoute, se manifeste par ces paroles de l’ange : « Sois sans crainte, Marie […] Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus » (vv. 30-31). C’est toujours Dieu qui prend l’initiative d’appeler à sa suite. C’est Dieu qui prend l’initiative. Il nous précède toujours, il précède, il trace la route dans notre vie. L’appel à la foi et à un chemin cohérent de vie chrétienne ou de consécration particulière est une irruption discrète mais forte de Dieu dans la vie d’un jeune, pour lui offrir en cadeau son amour. Il faut être prêt et disponible pour écouter et accueillir la voix de Dieu, qui ne se reconnaît pas dans le vacarme et dans l’agitation. Son dessein sur notre vie personnelle et sociale ne se perçoit pas en restant à la superficie, mais en descendant à un niveau plus profond où agissent les forces morales et spirituelles. C’est là que Marie invite les jeunes à descendre et à être en harmonie avec l’action de Dieu.
Le second moment de toute vocation est le discernement, exprimé dans les paroles de Marie : « Comment cela se fera-t-il ? » (v.34). Marie ne doute pas ; sa question n’est pas un manque de foi, au contraire, elle exprime justement son désir de découvrir les « surprises » de Dieu. En elle, il y a une attention à saisir toutes les exigences du projet de Dieu sur sa vie, à le connaître dans ses nuances, pour rendre sa collaboration plus responsable et plus complète. C’est l’attitude propre au disciple : toute collaboration humaine à l’initiative gratuite de Dieu doit s’inspirer d’un approfondissement des capacités et attitudes personnelles, qui se conjugue avec la conscience que c’est toujours Dieu qui donne et qui agit ; ainsi aussi la pauvreté et la petitesse de ceux que le Seigneur appelle à le suivre sur la voie de l’Évangile se transforment dans la richesse de la manifestation du Seigneur et dans la force du Tout-puissant.
La décision est le troisième passage qui caractérise toute vocation chrétienne et elle est explicitée par la réponse de Marie à l’ange : « que tout m’advienne selon ta parole » (v.38). Son « oui » au projet de salut de Dieu, réalisé à travers l’Incarnation, est la remise de toute sa vie à Dieu. C’est le « oui » de la pleine confiance et de la disponibilité totale à la volonté de Dieu. Marie est le modèle de toute vocation et l’inspiratrice de toute pastorale vocationnelle : les jeunes qui sont en recherche ou qui s’interrogent sur leur avenir, peuvent trouver en Marie celle qui les aide à discerner le projet de Dieu sur eux et la force pour y adhérer.
Je pense à Lorette comme à un lieu privilégié où les jeunes peuvent venir à la recherche de leur vocation à l’école de Marie ! Un pôle spirituel au service de la pastorale des vocations. Pour cela, je souhaite que soit relancé le Centre « Jean-Paul II » au service de l’Église en Italie et au niveau international, dans le sens des indications qui ont émergé au Synode. Un lieu où les jeunes et leurs éducateurs peuvent se sentir accueillis, accompagnés et aidés dans le discernement. C’est pourquoi je demande aussi instamment aux frères capucins un service en plus : le service de prolonger l’horaire d’ouverture de la basilique et de la Maison Sainte en fin de soirée et même au début de la nuit lorsqu’il y a des groupes de jeunes qui viennent prier et discerner leur vocation. En raison aussi de sa situation géographique au centre de la péninsule, le sanctuaire de la Maison Sainte de Lorette se prête à devenir, pour l’Église qui est en Italie, un lieu de proposition pour continuer les rencontres mondiales des jeunes et de la famille. En effet, il est nécessaire qu’à l’enthousiasme de la préparation et de la célébration de ces événements, corresponde ensuite une mise en œuvre pastorale qui donne corps à la richesse des contenus grâce à des propositions d’approfondissement, de prière et de partage.
La Maison de Marie est aussi la maison de la famille. Dans la délicate situation du monde actuel, la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme a une importance et une mission essentielles. Il est nécessaire de redécouvrir le dessein tracé par Dieu pour la famille, pour en redire la grandeur et le caractère irremplaçable au service de la vie et de la société. Dans la maison de Nazareth, Marie a vécu la multiplicité des relations familiales comme fille, fiancée, épouse et mère. C’est pourquoi toutes les familles, dans leurs différentes composantes, trouvent ici accueil et inspiration pour vivre leur identité propre. L’expérience domestique de la Vierge Sainte indique que famille et jeunes ne peuvent pas être deux secteurs parallèles de la pastorale de nos communautés, mais doivent cheminer étroitement unis parce que, très souvent, les jeunes sont ce qu’une famille leur a donné pendant la période de leur croissance. Cette perspective redonne une unité à une pastorale des vocations attentive à exprimer le visage de Jésus dans ses multiples aspects, en tant que prêtre, époux et pasteur.
La Maison de Marie est la maison des personnes malades. Ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit trouvent ici un accueil et notre Mère apporte à tous la miséricorde du Seigneur de génération en génération. La maladie blesse la famille et les malades doivent être accueillis au sein de la famille. S’il vous plaît, ne tombons pas dans cette culture du rejet qui est proposée par les multiples colonisations idéologiques qui nous attaquent aujourd’hui. La maison et la famille sont les premiers soins pour un malade en l’aimant, en le soutenant, en l’encourageant et en prenant soin de lui. Voilà pourquoi le sanctuaire de la Maison Sainte est le symbole de toutes les maisons accueillantes et le sanctuaire des personnes malades. D’ici, je leur envoie, à tous, partout dans le monde, une affectueuse pensée et je leur dis : vous êtes au centre de l’œuvre du Christ, parce que vous partagez et vous portez de manière plus concrète, derrière lui, votre croix de chaque jour. Votre souffrance peut devenir une collaboration décisive pour l’avènement du Royaume de Dieu.
Chers frères et sœurs, en ce temps actuel, à vous et à tous ceux qui sont liés à ce sanctuaire, Dieu, par Marie, confie une mission : apporter l’Évangile de la paix et de la vie à nos contemporains souvent distraits, pris par les intérêts terrestres ou immergés dans un climat d’aridité spirituelle. Il faut des personnes simples et sages, humbles et courageuses, pauvres et généreuses. En somme, des personnes qui, à l’école de Marie, accueillent sans réserve l’Évangile dans leur vie. Ainsi, à travers la sainteté du peuple de Dieu, de ce lieu continueront à se diffuser en Italie, en Europe et dans le monde des témoignages de sainteté dans tous les états de vie, pour renouveler l’Église et animer la société avec le levain du Royaume de Dieu.
Que la Vierge Sainte vous aide tous, surtout les jeunes, à parcourir le chemin de la paix et de la fraternité fondées sur l’accueil et sur le pardon, sur le respect de l’autre et sur l’amour qui est don de soi. Que notre Mère, étoile lumineuse de joie et de sérénité, donne aux familles, sanctuaires de l’amour, la bénédiction et la joie de la vie. Que Marie, source de toute consolation, apporte aide et réconfort à ceux qui sont dans l’épreuve.
Avec ces intentions, unissons-nous maintenant dans la prière de l’Angelus.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat