Retraite de carême 2019 de la Curie à Ariccia © Vatican Media

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Retraite de carême : faire de la ville un lieu d’accueil

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Septième méditation de dom Bernardo Francesco Maria Gianni

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L’appel du maire Giorgio La Pira (1904-1977) « à faire de Florence, mais en réalité de toutes les villes, le lieu de l’accueil d’où se renouvelle un message de paix et d’espérance » est « prophétique, mais aussi profondément actuel », a dit dom Bernardo Francesco Maria Gianni, prédicateur de la retraite de Carême du pape François et de la Curie romaine, dans la matinée de ce jeudi 14 mars 2019.
« C’est une tâche que le maire La Pira attribue à son service d’homme politique, a-t-il poursuivi, mais c’est un service que l’Église ne peut que préconiser, désirer, proposer, et de fait témoigner, à notre époque, aux maires et aux hommes politiques du monde entier. Pour que la ville redevienne vraiment, selon la perspective d’Isaïe… un ‘étendard pour les peuples’. »
Dans sa septième méditation rapportée par Vatican News, le père abbé de San Miniato al Monte (Florence) a réfléchi sur le thème « Ses drapeaux de paix et d’amitié » en partant dans sa méditation de la splendeur de Jérusalem, telle que décrite dans le chapitre 62 d’Isaïe : « Passez, passez les portes, préparez le chemin du peuple. »
« Ces portes grand-ouvertes est une très belle image, pour que toute l’humanité puisse finalement y accéder et rencontrer, et expérimenter la grande promesse de Dieu qui se fait réalité, l’avenir qui se fait présence de lumière, d’amour, de paix et de justice », a noté dom Gianni.
En soulignant que « nous avons besoin d’enraciner dans le Christ et dans son amour notre regard de foi, notre vision », l’abbé a dit que cet enracinement « ouvre notre petit cœur à des dimensions universelles ».
« Les pauvres et les pèlerins en particulier doivent être accueillis avec tous les égards et la sollicitude possibles, a-t-il poursuivi, parce que c’est précisément en eux que l’on reçoit le Christ de manière toute particulière. »
« L’hospitalité est un événement pascal »
Accueillir « c’est une grâce pascale, avec toutes les difficultés, les responsabilités, la fatigue », a expliqué dom Gianni : saint « Benoît nous le dit, il s’agit de perdre du temps pour les hôtes, vous l’avez entendu. Lire avec eux, leur donner à manger, leur laver les pieds, leur laver les mains. C’est du temps qui s’en va, c’est vrai, mais c’est la miséricorde du Seigneur qui nous visite et par conséquent l’hospitalité est un événement pascal ».
Au début de sa vie monastique, s’étant retiré dans la solitude absolue, a raconté l’abbé, saint Benoît a oublié que le jour de Pâques était arrivé. Le Christ lui a envoyé un prêtre avec de la nourriture et de l’eau pour qu’il interrompe son jeûne et sa solitude. « Quand Benoît vit arriver cet hôte, son expression nous donne la mesure de l’événement de mystère qu’a représenté l’arrivée de l’hôte : ‘C’est vraiment Pâques parce que j’ai eu la grâce de te voir.’ »
En soulignant que l’hospitalité est une école de miséricorde, le prédicateur a cité les paroles de Bernard de Clairvaux (1090 -1153), moine bourguignon et abbé de Clairvaux : « Le miséricordieux saisit la vérité de son prochain en se conformant à lui par sympathie, au point de vivre ses joies et ses souffrances comme si c’était les siennes, faible avec les faibles, prêt à se réjouir avec ceux qui sont heureux et à pleurer avec ceux qui pleurent. »
Le « miracle d’une résurrection déjà en cours »
Le prédicateur a également rendu hommage aux moines martyrs de Tibhirine, assassinés en 1996, lors de la guerre civile en Algérie :
« Il y a parmi les hommes une présence de Dieu que nous devons nous-mêmes assumer. Être les témoins de l’Emmanuel, du Dieu-avec. C’est dans cette perspective que nous saisissons, écrivait frère Christian de Chergé, prieur de la communauté des moines trappistes, notre vocation à être une présence fraternelle d’hommes et de femmes qui partagent la vie de musulmans, d’Algériens, dans la prière, dans le silence, dans l’amitié. Les relations Église-islam balbutient encore parce que nous n’avons pas encore vécu suffisamment à leurs côtés. Dieu a tant aimé les hommes qu’il leur a donné son Fils, son Église, chacun de nous. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »
« Chaque détail de la vie du corps et de l’âme, a conclu l’abbé, surprend comme le véritable miracle d’une résurrection déjà en cours. Que le Seigneur nous donne de multiplier ces miracles. Et nous pourrons les multiplier dans la mesure où nous faisons nôtre la logique de l’amour du Christ, qui est une logique inévitablement crucifiée, pour que soit générée la Pâque comme un baiser de l’Esprit-Saint avec lequel le Père rend la plénitude de la vie à ce qui est retranché et coupé. Et c’est vraiment le souhait d’une Église qui, comme la grande cathédrale que Mario Luzi (poète italien – réd.) chante dans Opus Florentinum, a les portes éternellement ouvertes, pour que tous, en y passant, sentent vivante la respiration incessante de ce souffle évangélique que, malgré nos résistances, l’Esprit-Saint fait traverser dans le cœur de chacun de nous. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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