Prends un peu de vin avec modération,ouvrage sur la sobriété © Vatican News

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Amour, joie et sobriété, trois mots pour la sainteté de tous les jours

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Le pape préface un livre sur la sobriété

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« Trois mots pour la sainteté au quotidien » : c’est le titre de la préface du pape François au livre de Lucio Coco, « Prends un peu de vin avec modération. La sobriété chrétienne » (Librairie éditrice du Vatican), qui sortira le 6 mars 2019, à l’occasion du début du Carême.
Dans ce texte publié par Vatican News, le pape souligne que « la joie, qui est certainement différente de l’euphorie, est le sentiment d’un cœur qui baigne dans l’amour – même au cœur des épreuves de la vie – et c’est un des traits authentiques de la véritable sainteté, celle de la personne « de la porte à côté » ».
Cet ouvrage rapporte une homélie de saint Jean Chrysostome sur le passage de la Première lettre de Timothée où l’apôtre Paul invite son disciple à boire « un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes […] fréquents malaises » (1 Tm 5,23).
Voici notre traduction de la préface du pape François.
Préface du pape François (texte intégral)
Trois mots pour la sainteté au quotidien
La vie chrétienne consiste à se découvrir aimé de Dieu le Père d’une manière inconditionnelle et gratuite. Voilà la belle nouvelle de l’Évangile que Jésus nous a annoncé et témoigné « jusqu’au bout » (Jn 13,1) mais qui est devenue réalité pour chacun de nous le jour de la Pentecôte (cf. Ac 2,1-13) – et dans la pentecôte personnelle de chacun de nous qu’est le baptême – quand l’Esprit-Saint, l’Amour infini du Père pour son Fils, a été répandu dans nos cœurs. Nous sommes vraiment aimés comme le Fils Jésus, véritables enfants du Père, authentiques frères et sœurs les uns pour les autres.
Accueillir ce don gratuit change la vie et surtout transforme notre regard sur la vie, sur nous-mêmes, sur les autres, sur le présent, sur le passé et surtout sur le temps qui nous attend : le grand amour dont nous sommes aimés (cf. Ép 2,4) se manifeste comme cette lumière chaude et forte qui revêt la vie, la réalité et les relations. De même que les jours de soleil, la nature, et même nos villes deviennent plus belles, ainsi la foi et l’accueil de l’amour du Seigneur révèlent combien chaque détail de notre existence est précieux, unique, inégalable, malgré les problèmes, les difficultés et nos incohérences. C’est aussi pour cette raison que j’ai commencé mon exhortation apostolique sur la sainteté avec cette invitation, prise dans l’Évangile de Matthieu (5,12) : Gaudete et exsultate (Réjouissez-vous et exultez). La joie, qui est certainement différente de l’euphorie, est le sentiment d’un cœur qui baigne dans l’amour – même au cœur des épreuves de la vie – et c’est un des traits authentiques de la véritable sainteté, celle de la personne « de la porte à côté ».
C’est une joie authentique, simple, qui permet de goûter les opportunités de bien que la vie nous offre, qui se manifeste, entre autres, dans un bon repas partagé, dans un regard de compréhension et de soutien et, pourquoi pas, dans un toast en l’honneur d’un anniversaire ou d’une réussite d’un ami… Je me réfère à cette joie que l’on vit en communion, que l’on partage et à laquelle on prend part, parce qu’ « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). L’amour fraternel multiplie notre capacité de joie, puisqu’il nous rend capables de nous réjouir du bien des autres. Parfois, en revanche, nous aussi, les chrétiens, nous montrons que nous ne savons pas encore vraiment nous réjouir des choses de la vie ou parce que nous courons derrière des plaisirs occasionnels et passagers, ou vice versa parce que, nous retrouvant victimes d’un certain rigorisme, nous sommes tentés de ne pas changer, de laisser les choses telles qu’elles sont, de choisir l’immobilisme, empêchant ainsi l’action de l’Esprit qui apporte avec lui la nouveauté de la joie. La joie est donc un fruit du discernement dans l’Esprit-Saint, qui consiste précisément dans l’art constant de préférer le ‘nous’ au ‘je’ et les personnes aux choses, en dépit des mille pièges que nous tendent le mal et notre égoïsme.
En effet, cette joie – qui une véritable grâce – doit être gardée et protégée, comme c’est le cas pour la foi, les amitiés, les relations : en somme, comme toutes les choses importantes de la vie. C’est une attitude spontanée sage que nous avons tous : quand il y a quelque chose de valeur, affective ou économique, nous en prenons particulièrement soin et c’est juste qu’il en soit ainsi.
La joie de l’amour de Dieu répandu dans le cœur par l’Esprit Saint se protège à travers la sobriété, qui est la capacité à soumettre le désir du plaisir et de la satisfaction personnelle à la mesure de ce qui est juste et des relations interpersonnelles qui se tissent dans la communauté humaine.
Ce livre contient une brève homélie de saint Jean Chrysostome, un Père de l’Église du IVème siècle, connu pour ses capacités oratoires et enterré dans la Basilique Saint-Pierre, ici, au Vatican, dans laquelle il commente un bref passage de la Première lettre de saint Paul à Timothée, où il l’invite à boire « un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes […] fréquents malaises » (1 Tm 5,23). Ainsi, saint Jean Chrysostome a l’occasion d’enseigner aux fidèles que la création est bonne, mais qu’il faut savoir la goûter, pour découvrir qu’elle a justement été faite pour nous, pour notre bien, comme un don précieux, afin que nous découvrions que nous sommes aimés et que nous puissions nous réjouir ensemble.
De même, Saint François d’Assise, souffrant de maux d’estomac et parce que les frères n’avaient pas de vin au couvent, bénit un verre d’eau qui devint miraculeusement un excellent vin qui lui rendit ses forces.
Par conséquent, la sobriété et la joie sont deux attitudes qui peuvent, je crois, nous aider à vivre le Carême en vue de Pâques, qui est précisément la célébration de notre résurrection avec le Christ, notre vie nouvelle, célébrée une fois pour toutes dans le baptême, et pourtant renouvelée en particulier à chaque Vigile pascale. En effet, qu’est-ce que la vie du Christ en nous, sinon une victoire de l’amour sur nos peurs et préoccupations pour nous-mêmes, qui nous permet à notre tour d’être un don, simple et quotidien, dans les petites choses, pour le Seigneur et pour nos frères ? « La communauté qui garde les petits détails de l’amour, où les membres prennent soin les uns des autres et constituent un espace ouvert et évangélisateur, est le lieu de la présence du Ressuscité qui la sanctifie selon le projet du Père ». C’est ce que j’écrivais dans l’exhortation Gaudete et exsultate, quand je rappelais un passage des écrits de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :
« Un soir d’hiver j’accomplissais comme d’habitude mon petit office […] tout à coup j’entendis dans le lointain le son harmonieux d’un instrument de musique, alors je me représentai un salon bien éclairé, tout brillant de dorures, des jeunes filles élégamment vêtues se faisant mutuellement des compliments et des politesses mondaines ; puis mon regard se porta sur la pauvre malade que je soutenais ; au lieu d’une mélodie j’entendais de temps en temps ses gémissements plaintifs […]. Je ne puis exprimer ce qui se passa dans mon âme, ce que je sais c’est que le Seigneur l’illumina des rayons de la vérité qui surpassèrent tellement l’éclat ténébreux des fêtes de la terre, que je ne pouvais croire à mon bonheur ».
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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