Témoignage, Célébration pénitentielle de la rencontre sur la protection des mineurs, 23 février 2019 © Vatican Media

Témoignage, Célébration pénitentielle de la rencontre sur la protection des mineurs, 23 février 2019 © Vatican Media

Protection des mineurs : "ce qui fait le plus mal"

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Témoignage d’une victime d’abus lors de la célébration pénitentielle

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« Ce qui fait le plus mal, c’est la certitude que personne ne te comprendra. Et cela reste en toi pour toute la vie », a confié un jeune homme victime d’abus, devant le pape François et les présidents des Conférences épiscopales du monde, ce 23 février 2019.
Visiblement ému, le jeune homme a témoigné en espagnol lors d’une célébration pénitentielle, au terme du troisième jour de la rencontre internationale sur la protection des mineurs, dans la Salle Regia du Vatican. « Quel que soit l’abus, a-t-il dit, c’est l’humiliation la plus grande qu’un être humain subit. »
« Il est impossible de fuir ce qui est en train de se passer, mais on doit le supporter, et peu importe que ce soit mauvais », a-t-il ajouté : « Quand on vit l’abus, on voudrait mettre fin à tout. Mais ce n’est pas possible. On voudrait fuir, c’est ce qui se passe car on n’est plus soi-même. On voudrait s’échapper en cherchant à sortir de soi. Et donc avec le temps on devient complètement seul. »
Le jeune homme a ensuite joué une pièce méditative au violon, avant l’examen de conscience des évêques et la confession des péchés. C’était le dernier rendez-vous de la journée pour les participants à la rencontre, qui doit se conclure demain par la messe dominicale.
Témoignage d’une victime
Quel que soit l’abus, c’est l’humiliation la plus grande qu’un être humain subit. Il s’agit de se confronter consciemment avec le fait de ne pas pouvoir se défendre contre la supériorité de la force de l’agresseur. Il est impossible de fuir ce qui est en train de se passer, mais on doit le supporter, et peu importe que ce soit mauvais.
Quand on vit l’abus, on voudrait mettre fin à tout. Mais ce n’est pas possible. On voudrait fuir, c’est ce qui se passe car on n’est plus soi-même. On voudrait s’échapper en cherchant à sortir de soi. Et donc avec le temps on devient complètement seul. Tu es seul, car tu t’es retiré autre part, et tu ne peux ni ne veux revenir à toi. Plus cela se passe, et moins tu reviens à toi. Tu es quelqu’un d’autre, et tu resteras toujours ainsi. Ce qui t’emmène au-dedans de toi, est comme un fantasme, que les autres sont incapables de voir. Ils ne te verront plus ni ne te connaîtront plus complètement. Ce qui fait le plus mal, c’est la certitude que personne ne te comprendra. Et cela reste en toi pour toute la vie.
Plus ton désir est grand avec tes tentatives de réconcilier les deux mondes, plus est douloureuse la certitude que ce n’est pas possible. Tous les rêves rappellent ce qui s’est passé, pas un jour sans y penser (Flashback).
Maintenant j’arrive à mieux gérer cette situation, en apprenant à vivre avec ces deux vies. Je cherche à me concentrer sur mon droit divin d’être vivant. Je peux et je dois être ici. Et cela me donne du courage. Maintenant c’est fini. Je peux avancer.  Et je dois continuer. Si je me rendais ou si je m’arrêtais, je laisserai cette injustice interférer dans ma vie. Je peux empêcher que cela se passe en apprenant à le contrôler et en apprenant à en parler.
Traduction du Vatican

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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