Mgr Bernardito Auza, 13/12/2017, capture CTV

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Défense des réfugiés : l'ONU s'appuie sur la voix du pape, par Mgr Auza

Réflexions sur le discours du pape au Corps diplomatique

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« L’ONU s’appuie fortement sur la voix du pape dans la défense des réfugiés », a déclaré Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies. L’ONU « est convaincue », a-t-il souligné, que la voix du pape François « peut influencer les pays qui ont une attitude dure envers ceux qui devraient être aidés et non rejetés ».
C’est ce que Mgr Auza a dit en commentant le discours du pape devant le Corps diplomatique (7 janvier) dans une interview accordée en italien à Vatican News ce mercredi 9 janvier 2019.
« Le Saint-Siège a contribué de manière substantielle au pacte mondial sur les migrations », a aussi souligné l’observateur permanent.
Les priorités du pape pour résoudre les difficultés des réfugiés rejetées ainsi que la crise syrienne sont également des priorités de l’ONU, a assuré Mgr Auza. En ce qui concerne la Syrie, a-t-il expliqué, « c’est un conflit dans lequel nous pouvons clairement voir les rivalités régionales et internationales… Les pouvoirs régionaux devraient pouvoir trouver un accord pour une issue digne ».
Les nationalismes croissants et la recherche de solutions unilatérales d’oppression, évoqués par le pape dans son discours, ne peuvent laisser l’ONU indifférente, a affirmé Mgr Auza : « la majorité des membres des Nations Unies sont conscients des problèmes soulevés par le Saint-Père ». « L’année dernière, a expliqué l’observateur permanent, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies a tenu une consultation avec tous les chefs de mission pour vérifier l’état de santé du multilatéralisme : il est apparu que, malgré les difficultés, l’ONU promouvait une politique plurilatérale. Et elle le fera avec une vigueur croissante dans un avenir proche. »
En parlant des mécanismes qui pourraient gêner la recherche de solutions partagées par tous les États membres, Mgr Auza a mentionné, entre autres, « le droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité ». « C’est ici qu’émergent les intérêts nationaux et régionaux, la rivalité, a-t-il dit. Plus un conflit est grave et large, plus les vetos croisés sont probables. C’est l’un des grands défis des Nations Unies. »
Dans son discours au Corps diplomatique, a noté Mgr Auza, le pape a dénoncé de « nouvelles formes de colonisation idéologique ». Il s’agit d’une « imposition de la volonté et des projets des pays donateurs plutôt que de la prise en compte des besoins réels des pays qui devraient bénéficier de l’aide, a souligné l’observateur permanent. Les riches donateurs, généralement européens ou nord-américains, donnent de l’argent pour certains programmes qu’ils souhaitent réaliser dans un pays. Je pense à la santé reproductive et sexuelle… C’est une imposition idéologique, le pape a raison. Nous devons repenser la politique internationale d’aide au développement. »
En s’adressant au Corps diplomatique, a aussi dit Mgr Auza, le pape François a souligné que la communauté internationale était appelée à défendre les plus vulnérables et les plus pauvres. « Et l’ONU tente de le faire malgré de nombreuses difficultés », a déclaré l’observateur permanent. Les Nations Unies essayent de créer un nouveau système « qui puisse réellement aider les pays marginalisés et souffrants ». « Le système actuel, a-t-il expliqué, n’a pas fonctionné et la structure n’est plus adaptée à notre époque. »
« Je vois une grande volonté, mais aussi une difficulté extrême », a-t-il poursuivi : il n’est pas nécessaire de multiplier les structures quand « les ressources économiques nécessaires n’existent pas. Les fonds alloués au développement représentent une part infime des fonds investis dans la résolution des conflits armés. Nous devons rééquilibrer les fonds disponibles dans le système de l’ONU. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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