La Vierge pleine de grâce accueille la Parole, et… un homme vigilant indique la Parole, souligne Mgr Francesco Follo, à la veille de la solennité de l’Immaculée Conception et du deuxième dimanche de l’Avent 2018.
L’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris (France) souligne, dans les lectures des messes de ces deux jours « l’invitation à accueillir la Parole de Dieu comme la Vierge Marie l’a accueillie, en lui donnant chair ».
Il propose de terminer la lecture par la prière de saint Bernard à la Vierge Marie.
AB
La Vierge pleine de grâce accueille la Parole
Et… un homme vigilant indique la Parole
1) La vérité, la vraie Parole de Dieu entre dans le monde grâce à une femme, Marie, l’Immaculée Conception.
La fête de l’Immaculée Conception qui précède immédiatement le Deuxième dimanche de l’Avent, nous permet d’affirmer que ce n’est pas seulement Jean-Baptiste qui a préparé la voie au Messie. C’est d’abord et surtout Marie, Vierge et Immaculée dès sa conception, c’est celle qui de la manière la plus élevée et la plus généreuse a fait en sorte que le chemin vers le Seigneur soit aplani d’une manière définitive en « écrasant la tête du serpent ». Lorsque les voies de Dieu semblent difficiles, perdantes, par rapport à celles que l’apparence et la grosse caisse assourdissante des médias nous fait paraître bonnes, belles et désirables, n’oublions pas que Marie est prête à accourir vers nous, comme chez Elisabeth, pour nous apporter le réconfort et la joie, pour nous aider à redresser nos chemins parfois tortueux. Apprenons de Marie, à aplanir les chemins sur lesquels nous pouvons nous diriger vers le bien, avec le bien et pour le bien.
La rencontre avec le Christ, porté vers nous par Marie comme elle l’a porté jusqu’à sa cousine Elisabeth, nous permet de demander à la Vierge Marie, qui a accueilli et gardé en son coeur le Fils de Dieu, de recevoir et de conserver dans notre cœur Jésus, ce « flot incessant d’amour » fait chair.
La grâce du « oui» de Marie, qui se joint à notre fragile « oui« , « transforme la terre en un autel et tout le travail de l’homme devient une offrande de louange » (hymne de louange) de joie et de mission. Ce n’est pas facile, mais c’est merveilleux de dire ce « oui » qui est contraire à ce qu’on appelle le bon sens commun. Il y a deux mille ans, à Nazareth, comme partout dans le monde juif, il y avait des péchés considérés comme les plus grands: l’idolâtrie (= infidélité à Dieu) et l’adultère (= infidélité à son mari). Marie, avec son oui à l’ange « trahit » son mari et dit qu’elle a conçu le Fils de Dieu. Marie s’est abandonnée en toute confiance à Dieu, et Dieu s’est « abandonné » à elle en devenant « le fruit de ses entrailles ». La vierge Marie accepta tout de Dieu, devint le Mère de Jésus, et prit la vérité entre ses bras.
Mais cet abandon total de Marie au vrai Dieu a permis un vrai Noël, selon la bonne volonté de Dieu Alors préparons-nous à dire, à Noël: « Jésus est né », mais avec moins de sentimentalisme, conscients de ce que cela signifie de dire « oui » à Dieu et de ce que cela implique. Marie dit « oui », « J’ai confiance en Toi, Seigneur, Tu me défendras et tu me conduiras. » Faisons de même afin qu’il se passe en nous ce qui s’est passé pour Marie: «. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ».
2) La Parole donnée par un homme, Jean-Baptiste est aussi accueillie par un autre homme Joseph, le père légal du Christ.
Les lectures de ce deuxième dimanche de l’Avent (rite romain) nous donnent la signification de l’Avent non comme simple attente, mais comme l’attente joyeuse d’une rencontre attendue depuis longtemps qui implique une conversion. L’attente de l’Ecriture Sainte est définie dans la joie. Le croyant ne se contente pas d’attendre. D’après notre expérience nous pourrions estimer cette attente passive et même ennuyeuse, mais le croyant se réjouit d’attendre un être cher. Le fidèle qui aime attend avec impatience le moment de la rencontre avec l’être aimé.
Dans l’Evangile, « romain » d’aujourd’hui, nous voyons Jean-Baptiste qui parcourt le désert avec un « impatience » telle qu’elle devient un feu intérieur qui lui fait aplanir les voies du salut. Dans la première lecture tirée du livre du prophète Baruch, il s’agit de Jérusalem, qui voit ses enfants partis dans la douleur, revenir dans la joie « exultant dans le souvenir de Dieu, car Dieu ramènera Israël avec joie dans la lumière de sa gloire« . Dans la deuxième lecture, nous entendons l’Apôtre Paul écrire aux Philippiens de sa prison ; sa première pensée est : »toujours, quand je prie pour vous tous, je le fais avec joie« . Le psalmiste dans le Psaume 125, « le Seigneur a fait de grandes choses pour nous, nous étions remplis de joie » est tellement imprégné de la joie de Seigneur qu’il fait de ce mot le terme central du Psaume puisqu’on le retrouve dans chacune des quatre strophes. Enfin, dans l’Evangile « romain » d’aujourd’hui, nous voyons Jean-Baptiste traversant le désert avec une impatience devenant un feu intérieur qui lui aplanit le chemin du salut.
Toutes les lectures d’aujourd’hui sont inspirées de ce sentiment de joie qui nous envahit, nous les fidèles et il se résume dans la rencontre avec le Seigneur, dont « la miséricorde nous donne la vie » (Hymne des lectures).
Non seulement Marie, l’Immaculée Conception (Fête du 8 décembre), et Jean-Baptiste (cf. Deuxième dimanche de l’Avent romain) ont aplani les voies pour la venue du Christ, mais Saint-Joseph a rendu possible de tout son cœur la mission divine de sa femme, Marie, de qui naîtrait le second Adam, le Christ, notre Seigneur. Le monde reçut une nouvelle origine en Jésus, qui a été pleinement accepté et protégé par cet humble charpentier, un homme juste par excellence, un homme à l’amour héroïque envers Dieu et la Vierge Marie. Saint-Joseph ne doutait pas de Marie, il ne s’est pas senti trahi et a confirmé avec foi sa décision d’être l’époux de Marie. Ainsi s’est formée la Sainte Famille, où les deux époux respiraient l’amour de Dieu, dans la sainteté. Dieu a rempli sa vie. Si nous lui disons « oui », Dieu remplit aussi nos vies, chaque jour et pour toujours. La Sainte Famille est et doit être de plus en plus le modèle de toute famille chrétienne, où, comme à Nazareth, Saint-Joseph était rempli d’amour: « L’amour peut unir le ciel et la terre » (F. Jammes*).
Il est cependant très important de rappeler avec le Bienheureux Jean-Paul II que « A l’instar d’une femme qui suit la voie du mariage, la vierge consacrée est capable de vivre et d’exprimer l’amour « sponsal», dans un amour semblable, elle devient, dans l’Eglise, un don à Dieu, au Christ Rédempteur, pour chaque frère et chaque sœur. Aimez les enfants de Dieu. Votre amour total et exclusif pour le Christ ne vous écarte pas de l’amour envers tous les hommes et toutes les femmes, vos frères et sœurs, parce que les horizons de votre amour – précisément parce que vous appartenez au Seigneur – sont les mêmes horizons que ceux du Christ … Ayez un cœur miséricordieux et compatissant aux souffrances des autres. Œuvrez pour la défense de la vie, la promotion de la femme, le respect de sa liberté et de sa dignité. Vous le savez : « vous qui êtes vierges pour le Christ » , vous devenez «mères par l’esprit» (Ordo consecrationis virginum, n 16.) en coopérant avec amour à l’évangélisation et à la promotion de l’homme « (Jean-Paul II, Discours aux participantes du Rassemblement International « Ordo Virginum« , pour le 25e anniversaire de la promulgation du Rite de Consécration , 2 Juin 1995, n ° 5-7).
3) La parole divine, le Verbe de Dieu devenu adulte, entre à Jérusalem (quatrième dimanche de l’Avent, ambrosien).
Il peut sembler étrange que soit proposé pendant l’Avent un texte qui nous plonge dans la Passion du Christ, puisque l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem ouvre la dernière semaine de la vie du Messie.
La raison est qu’il est demandé à chacun de nous de nous rappeler que la Parole de Dieu entre dans le monde avec l’humilité d’un enfant, mais se développe et doit être accueillie avec solennité, joie et sérieux par les adultes.
Une prière de Saint Bernard de Clervaux et deux informations :
Souvenez-vous ô Très Miséricordieuse Vierge Marie
Qu’on n’a jamais entendu dire
Qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection,
Imploré votre assistance,
Réclamé votre intercession
Ait été abandonné
Animé d’une pareille confiance,
Ô Vierge des Vierges, ô ma mère,
J’accours, je viens à vous, je me prosterne à vos pieds,
Ô Mère du Verbe Incarné,
Ne méprisez pas mes prières,
Mais écoutez-les favorablement
Et daignez les exaucer
Amen.
*Francis Jammes est né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868, était un poète, un romancier et dramaturge français, qui s’est converti (ou, plutôt, est revenu à une vie de foi) au catholicisme en 1905, c’était un ami et un admirateur de Paul Claudel. Il est mort à Hasparren (Pyrénées-Atlantiques) le jour de la Toussaint, le 1er novembre 1938.
Brève explication du dogme de l’Immaculée Conception
Le dogme de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie proclamé par le Pape Pie IX en 1854, enseigne que «la bienheureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa conception, par une grâce singulière et un privilège de Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, a été préservée intacte de toute souillure du péché originel ».
Quatre ans après sa proclamation par le pape Pie IX, cette vérité a été confirmée par la Madone elle-même dans l’une des apparitions de Lourdes à Bernadette par ces mots: « Je suis l’Immaculée Conception »
Cependant, « Immaculée » ne signifie pas préservée de la lutte. Elle a également eu à lutter contre le « serpent », elle a connu la difficulté de « croire », la croissance dans la foi, l’ennui du « quotidien », la douleur brûlante, puis l’étreinte apaisante. « Immaculée » ne veut pas dire sans « tentations » ou sans chagrin. Eve aussi était « immaculée », pourtant, elle est tombée, le cœur divisé. Les « dogmes » qui se rapportent à Marie nous regardent nous aussi, c’est la « grammaire pour comprendre l’humanité, pour parler la langue de tous les hommes, parce que son destin est aussi le nôtre. Célébrons avec « l’Immaculée « la fête de toute la lumière cachée en nous et qui doit émaner de nous. Fête de nos racines « saintes » et « prophétie » de notre propre destin », » aimés et saints » et « saints parce qu’aimés » (Rm 1:7). Le
« Pleine de grâce », dit l’Ange, » Immaculée » proclame le « peuple chrétien » : c’est la même chose.
Un texte du Concile Vatican II affirme: « Bien que l’Église ait déjà atteint la perfection dans la très sainte Vierge, avec laquelle elle est sans tache, ni ride, les fidèles tâchent encore de croître en sainteté en triomphant du péché et c’est pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie: elle brille comme un modèle de vertu devant toute la communauté des élus » (Lumen Gentium, 65).
(c) Mgr Francesco Follo
Marie Fille de Sion, vitrail de Sainte-Marie-Majeure, capture / Vatican Media
La Vierge pleine de grâce accueille la Parole, par Mgr Follo
Et… un homme vigilant indique la Parole