Mgr Auza, UN-TV capture

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ONU : Mgr Auza alerte sur les nouvelles formes de xénophobie et de racisme

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Il souligne la responsabilité du monde politique dans cette escalade

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Mgr Auza alerte sur la montée actuelle de « nouvelles formes de xénophobie et de racisme » à l’égard d’individus ou de groupes « qui, en tant que tels, sont considérés comme n’étant pas suffisamment dignes de faire pleinement partie de la vie de la société ». Dans le monde politique aussi, souligne-t-il, « certains cèdent à la tentation d’exploiter les peurs et les difficultés objectives de certains groupes, en utilisant des promesses illusoires pour des intérêts électoraux à courte vue ».
Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège, est intervenu à la troisième commission de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, sur le point 72 de l’ordre du jour : Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, à New York, le 30 octobre 2018.
Dénonçant les États qui utilisent « la réglementation du “discours de haine” comme prétexte pour censurer et pour d’autres abus », en se basant « sur des critères fondés sur une idéologie », le représentant du Saint-Siège rappelle que « la lutte contre le racisme ne doit pas nous faire perdre de vue nos principes et ne peut jamais justifier l’adoption de mesures discriminatoires ou répressives à l’encontre de ceux, par exemple, qui défendent la dignité de toute vie humaine ou défendent la dignité du mariage et de la famille ».
Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Auza.
HG
Déclaration de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège réitère sa ferme condamnation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, ceux-ci étant contraires à la dignité inaliénable de toute personne humaine. Comme l’a rappelé le Secrétaire général dans son rapport, « toute doctrine de supériorité raciale, ainsi que les théories visant à déterminer l’existence de races humaines distinctes, est scientifiquement fausse, moralement condamnable, socialement injuste et dangereuse et doit être rejetée ». (1)
Pourtant, « nous vivons à une époque où les sentiments qui semblaient dépassés pour beaucoup semblent réapparaître et se répandre » (2), a récemment déclaré le pape François aux participants d’une conférence internationale tenue au Vatican sur « La xénophobie, le racisme et le nationalisme populiste dans le contexte de la migration globale ». Dans notre monde globalisé, a-t-il déploré, il semble y avoir une montée de sentiments de suspicion, de peur, de mépris et même de haine envers des individus ou des groupes jugés pour leur identité ethnique, nationale ou religieuse et qui, en tant que tels, sont considérés comme n’étant pas suffisamment dignes de faire pleinement partie de la vie de la société. De tels sentiments inspirent trop souvent des actes d’intolérance, de discrimination ou d’exclusion.
Il arrive aussi que dans le monde politique, certains cèdent à la tentation d’exploiter les peurs et les difficultés objectives de certains groupes, en utilisant des promesses illusoires pour des intérêts électoraux à courte vue.
Monsieur le Président,
La gravité de ces phénomènes ne peut nous laisser indifférents. Nous sommes tous appelés, dans nos rôles respectifs, à cultiver et à promouvoir le respect de la dignité intrinsèque de chaque personne humaine ainsi qu’à encourager une culture de la rencontre et de l’ouverture aux autres, dans le respect mutuel. En particulier, face à la propagation de nouvelles formes de xénophobie et de racisme, les dirigeants de toutes les religions ont l’importante mission de diffuser parmi leurs membres les principes et valeurs éthiques inscrits par Dieu dans le cœur de l’homme.
Il est vrai que les chefs religieux et les croyants n’ont pas toujours été à la hauteur de cette responsabilité. Les actes d’intolérance à caractère religieux n’ont pas manqué et même aujourd’hui, au lieu de favoriser l’ouverture aux autres, ils peuvent parfois servir de prétexte au rejet, à la marginalisation et à la violence, dont la pire expression est la folie homicide qui abuse du nom de Dieu afin de diffuser la mort dans le cadre d’un jeu de domination et de pouvoir. Cependant, la réponse à cette folie ne peut être la logique de « l’œil pour œil » ni entrer dans un cercle vicieux de violences de représailles, mais doit plutôt prendre la forme d’un dialogue authentique entre les confessions religieuses commençant par la réaffirmation commune et sans équivoque que tuer les autres au nom de Dieu est un blasphème contre le nom de Dieu. En d’autres termes, il devrait exister un « non ! » ferme et clair à toute forme de violence, de vengeance et de haine exercée au nom de la religion ou au nom de Dieu (3).
Monsieur le Président,
La surveillance et les enquêtes sur les « discours de haine » et les « crimes de haine » visant à protéger les personnes exposées au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l’intolérance qui y est associée sont des bonnes pratiques et des mécanismes efficaces de suivi de Durban. Cependant, de telles pratiques ne sont utiles que tant que les États n’utilisent pas la réglementation du « discours de haine » comme prétexte pour censurer et pour d’autres abus. Certaines réglementations définissent le « discours de haine » non seulement sur la base de la race, de l’ethnie, de l’origine nationale ou de l’appartenance religieuse, mais également sur des critères fondés sur une idéologie. La lutte contre le racisme ne doit pas nous faire perdre de vue nos principes et ne peut jamais justifier l’adoption de mesures discriminatoires ou répressives à l’encontre de ceux, par exemple, qui défendent la dignité de toute vie humaine ou défendent la dignité du mariage et de la famille.
L’élimination du racisme est une question de gestes et d’actions contribuant à la construction de sociétés fondées sur le principe du respect de la vie humaine et de la dignité de toute personne, et sur la pratique de l’empathie et de la compassion, de la solidarité et de la fraternité, des gestes et des pratiques qui vont bien au-delà de la tolérance.
Merci Monsieur le Président.

  1. A / 73/371, 1.
  2. Pape François, Discours aux participants à la Conférence mondiale sur « La xénophobie, le racisme et le nationalisme populiste dans le contexte de la migration globale », 20 septembre 2018.
  3. Discours prononcé par le pape François devant les participants à la Conférence internationale pour la paix, Centre de conférences Al Azhar, Le Caire, 28 avril 2017.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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