« Pour de nombreux jeunes qui sont à la recherche de Dieu, la Passion de Jésus peut être source d’espérance et de courage, leur montrant que chacun est aimé personnellement et jusqu’au bout », a déclaré le pape François aux religieux passionistes. En effet, a-t-il dit, « la force et la simplicité de votre message, qui est l’amour de Dieu révélé sur la Croix, peuvent encore parler à la société d’aujourd’hui ».
Le pape François a reçu en audience les participants au 47ème Chapitre général de la Congrégation de la Passion de Jésus-Christ (Passionistes) ce lundi matin 22 octobre 2018, dans la Salle du Consistoire du Palais apostolique. Le Chapitre général est réuni à Rome du 6 au 27 octobre 2018.
« L’Église a besoin de ministres qui parlent avec tendresse, écoutent sans condamner et accueillent avec miséricorde », a encore dit le pape. Il a encouragé les religieux à une « fidélité créative » à leur charisme afin d’ « être ministres de guérison spirituelle et de réconciliation, si nécessaires dans le monde d’aujourd’hui, marqué par des plaies anciennes et nouvelles ».
Voici notre traduction du discours que le pape François a prononcé.
HG
Discours du pape François
Chers frères,
Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de votre Chapitre général et je remercie le Supérieur pour ses paroles. Ces jours-ci, vos réflexions ont été guidées par le thème : « Renouveler notre mission : Gratitude, prophétie et espérance ». Ces trois mots, gratitude, prophétie et espérance expriment l’esprit avec lequel vous désirez stimuler votre Congrégation vers un renouvellement dans la mission. En effet, outre l’élection du gouvernement de votre Institut, vous vous proposez de lancer un nouveau chemin de formation continue pour vos communautés, enraciné dans l’expérience de la vie quotidienne ; et vous avez également l’intention d’opérer un discernement sur la méthodologie pastorale dans l’approche des jeunes générations.
Votre fondateur, saint Paul de la Croix, s’était donné à lui-même, ainsi qu’à ses compagnons, cette devise : « Que la Passion de Jésus-Christ soit toujours dans nos cœurs ». Son premier biographe, saint Vincenzo Maria Strambi, a dit de lui : « Il semblait que le Dieu tout-puissant avait choisi le père Paul, de manière particulière, pour enseigner aux gens comme Le chercher dans l’intériorité de son cœur ». Saint Paul de la Croix voulait que vos communautés soient des écoles de prière où pouvoir faire l’expérience de Dieu. Sa sainteté fut vécue entre obscurité et désolations, mais aussi avec une joie et une paix qui touchaient le cœur de ceux qui le rencontraient.
Au centre de votre vie et de votre mission, il y a la Passion de Jésus que votre fondateur décrivait comme « l’œuvre la plus grande et la plus magnifique de l’amour de Dieu » (Lettres II, 499). Le vœu qui vous caractérise, par lequel vous vous engagez à garder vivante la mémoire de la passion, vous met au pied de la Croix, d’où jaillit l’amour divin qui guérit et qui réconcilie. Je vous encourage à être ministres de guérison spirituelle et de réconciliation, si nécessaires dans le monde d’aujourd’hui, marqué par des plaies anciennes et nouvelles. Votre Constitution vous appelle à vous consacrer tout entiers à « l’évangélisation et la ré-évangélisation des peuples, préférant les plus pauvres dans les lieux les plus abandonnés » (Const. 70). Votre proximité à l’égard des personnes, qui s’exprime traditionnellement à travers les missions populaires, la direction spirituelle et le sacrement de la Pénitence, est un précieux témoignage. L’Église a besoin de ministres qui parlent avec tendresse, écoutent sans condamner et accueillent avec miséricorde.
Aujourd’hui, l’Église sent un appel fort à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, géographiques comme existentielles. Votre engagement à embrasser les nouvelles frontières de la mission implique non seulement d’aller dans des territoires nouveaux pour y apporter l’Évangile, mais aussi à affronter les nouveaux défis de notre temps, comme les migrations, le sécularisme et le monde numérique. Cela signifie être présents dans les situations où les gens ressentent l’absence de Dieu et chercher à être proches de ceux qui souffrent, d’une manière ou d’une autre.
En cette époque de changements, qui est plutôt un changement d’époque, vous êtes appelés à être attentifs à la présence et à l’action de l’Esprit-Saint, en lisant les signes des temps. Les situations nouvelles requièrent des réponses nouvelles. Saint Paul de la Croix fut très créatif dans ses réponses aux besoins de son temps, reconnaissant – comme c’est dit dans la Règle – que « l’amour de Dieu est très ingénieux et ne se montre pas tant par les paroles que par les œuvres et par les exemples de ceux qui aiment » (XVI). Une fidélité créative à votre charisme vous permettra de répondre aux besoins des gens aujourd’hui, en restant proches du Christ souffrant afin d’apporter sa présence à un monde qui souffre.
Votre Congrégation a donné de nombreux exemples de sainteté au peuple de Dieu ; pensons à saint Gabriel de l’Addolorata, un jeune dont la « sequela » joyeuse du Christ parle encore aux jeunes d’aujourd’hui. Le témoignage des saints et des bienheureux de votre Famille religieuse manifeste les fruits que porte votre charisme et représente des modèles qui peuvent inspirer vos choix apostoliques. La force et la simplicité de votre message, qui est l’amour de Dieu révélé sur la Croix, peuvent encore parler à la société d’aujourd’hui qui a appris à ne plus faire confiance aux seules paroles mais à se laisser convaincre seulement par les faits. Pour de nombreux jeunes qui sont à la recherche de Dieu, la Passion de Jésus peut être source d’espérance et de courage, leur montrant que chacun est aimé personnellement et jusqu’au bout. Puissent votre témoignage et votre apostolat continuer d’enrichir l’Église et puissiez vous rester toujours proches du Christ crucifié et de son peuple souffrant.
Que la bénédiction apostolique que je vous donne de tout cœur, à vous membres du Chapitre et à toute la Famille passioniste, vous accompagne sur votre chemin. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat