Le Saint-Siège rappelle que l’interaction des entreprises et des droits de l’homme offre « une occasion unique d’humaniser davantage l’économie ». Cela signifie, a-t-il précisé, que « les décisions politiques, la responsabilité sociale du monde des affaires et les critères régissant les investissements doivent tous être guidés par la recherche du bien commun à long terme et d’une solidarité concrète entre les générations ».
Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, est intervenu lors de la réunion du Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur les sociétés transnationales et les autres entreprises du secteur des droits de l’homme, Point 4 – Préambule, à Genève, le 18 octobre 2018.
Soulignant que nous sommes « appelés à une “intendance responsable” » pour le bien des générations futures, le porte-parole du Saint-Siège souhaite que soit incluse dans le préambule la phrase suivante : « soulignant que le défi urgent que représente la protection de notre maison commune inclut le souci de réunir toute la famille humaine pour rechercher un développement durable et intégral ».
Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Jurkovic, prononcée en anglais.
HG
Déclaration de Mgr Ivan Jurkovič
Monsieur le Président,
Lors de la préparation de ce processus, la délégation du Saint-Siège a déjà indiqué que l’interaction des entreprises et des droits de l’homme offrait une occasion unique d’humaniser davantage l’économie. Comme le reconnaît même l’Azimio de la CNUCED à Nairobi, les Nations Unies « reconnaissent que les activités économiques doivent être au service des personnes. Toute stratégie de développement et de croissance doit viser la promotion de chaque être humain et la primauté du travail humain » (1). Les acteurs économiques et financiers, aux niveaux international et national, doivent reconnaître que les activités économiques ne fonctionnent pas seulement par l’autorégulation du marché et encore moins par des accords limités à la conciliation des intérêts des parties prenantes les plus puissantes, mais qu’elles doivent également considérer qu’elles fonctionnent au service de personnes qui travaillent et contribuent au développement. Étant donné que l’instrument juridiquement contraignant transnational en cours de négociation vise à créer un système international véritablement durable, inclusif et équitable à tous les niveaux, nous estimons qu’il est de la plus haute importance que ce libellé convenu soit reflété dans le préambule de l’avant-projet.
Les décisions politiques, la responsabilité sociale du monde des affaires et les critères régissant les investissements doivent tous être guidés par la recherche du bien commun à long terme et d’une solidarité concrète entre les générations. Comme l’a rappelé le pape François, « un monde interdépendant nous appelle à concevoir et à mettre en œuvre un projet commun à long terme qui investit aujourd’hui dans la construction de demain (…). Les problèmes environnementaux et énergétiques ont maintenant un impact et une ampleur globaux. En conséquence, ils appellent à des réponses globales, à rechercher avec patience et dialogue, et à être poursuivis de manière rationnelle et avec persévérance » (2).
Monsieur le Président,
Nos obligations vis-à-vis de l’environnement sont strictement liées à la nécessité de se préoccuper des générations futures. En façonnant le préambule, nous ne pouvons oublier que nous sommes appelés à une « intendance responsable » de notre maison commune. La délégation du Saint-Siège voudrait insérer dans le préambule la phrase suivante : « soulignant que le défi urgent que représente la protection de notre maison commune inclut le souci de réunir toute la famille humaine pour rechercher un développement durable et intégral ».
Merci, Monsieur le Président.
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NOTES
- CNUCED, Déclaration Azimio de Nairobi, TD / 519 / Add.1, par. 9
- Pape François, Allocution aux participants à la réunion des dirigeants des principales entreprises du secteur du pétrole et du gaz naturel et autres activités liées à l’énergie, 9 juin 2018.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat