Synode des évêques, veillée avec les jeunes © Vatican Media

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Synode: l'importance de "l’appartenance à une communauté ecclésiale"

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Les éléments du chemin de foi, rapport du 1er groupe francophone

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« Outre l’importance des familles qui devraient être les premiers lieux de la rencontre du Christ, nous souhaiterions souligner l’importance des communautés chrétiennes que sont les paroisses, les communautés ecclésiales de base, les mouvements de jeunesse, les aumôneries scolaires et universitaires »: pour le premier groupe linguistique francophone au synode, il est important d’articuler l’accompagnement personnel des jeunes et l’accompagnement communautaire.
Cette deuxième série de rapports des groupes (sur la deuxième partie de l' »Instrument de travail » du synode, est publiée ce mardi 16 octobre 2018 par le Saint-Siège.
S’appuyant notamment sur des témoignages, le groupe souligne que l’accompagnement personnel « n’est qu’un élément » du « chemin de foi qui ne peut faire l’économie de l’appartenance à une communauté ecclésiale et d’une pratique sacramentelle ».
Il s’agit de « cheminer avec les jeunes sur le chemin de la sainteté ».
AB
Rapport – Circulus Gallicus A
Modérateur: Mgr David MACAIRE, O.P.
Rapporteur: Mgr Laurent PERCEROU

Cette 2ème partie cherche à éclairer le regard sociologique de la 1ère partie et à poser un regard de foi sur les jeunes. Les jeunes sont une bénédiction de Dieu pour l’Eglise, ils lui rappellent en effet qu’elle est appelée à refléter le visage du Christ «l’éternellement jeune», et ils disposent d’une grâce particulière pour qu’elle y parvienne toujours davantage. Mais les jeunes sont aussi une bénédiction pour chacun de nos continents, car leur force, leur joie et leur dynamisme les ouvrent à l’espérance. C’est pourquoi notre Eglise, riche d’une belle tradition en matière d’éducation et d’accompagnement (trop peu soulignée, à notre avis, dans l’Instrumentum laboris), doit pouvoir cheminer avec les jeunes sur le chemin de la sainteté. L’appel des apôtres dans l’Evangile de Jean demeure en ce domaine une référence: «Que cherchez-vous? Ils lui répondirent: Rabbi (c’est à dire Maître), où demeures-tu? Il leur dit: venez et vous verrez.» Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.» (Jean 1, 35-42))
Cette seconde partie a donc pour ambition de regarder comment l’Eglise peut-être pour les jeunes, tout à la fois Jean le Baptiste qui présente aux deux disciples Jésus comme «l’Agneau de Dieu» et Jésus lui-même, lorsqu’il les invite à voir où il demeure. Comment permettre à chaque jeune d’entrer dans une «sequela Christi», à y demeurer fidèle, quel que soit son itinéraire de vie, qui ne sera jamais linéaire, et quels que soient les choix qu’il posera?
1.Comment s’engager sur un chemin de discernement si notre cœur n’a pas été éveillé à la présence du Christ à nos côtés ?
Une jeune de notre groupe, a apporté un témoignage éclairant qui pourrait sans doute rejoindre le nôtre: «Mes parents m’encourageaient toujours à faire confiance en Dieu. Ma mère m’a appris à prier et c’est dans la prière que j’ai découvert la personne de Jésus Christ, qu’il pouvait être un ami à qui je pouvais parler.Plus je découvrais qui il était, plus je voulais vivre comme lui et pour lui, et de manière surprenante, plus j’avais la certitude d’avoir profondément besoin de sa miséricorde. » Avant même de parler de discernement, puisque ce Synode concerne tous les jeunes et que nombre d’entre eux n’ont pas eu la chance, comme Emilie, de rencontrer le Christ, il est nécessaire de chercher comment leur annoncer le kérygme. L’enjeu est déjà d’amener les jeunes à découvrir que Jésus, que nous confessons mort et ressuscité, est Maître et Seigneur de leur vie et les encourager à poursuivre l’approfondissement de leur foi. La transmission de la foi se fait en effet aujourd’hui difficilement et un frère-évêque faisait remarquer que nous ne retrouvons que peu de jeunes après la célébration du sacrement de la Confirmation, alors qu’il est censé être le sacrement de la maturité dans la foi. Il s’agit donc, déjà, de permettre aux jeunes d’accueillir le don de la foi qu’ils seront appelés à vivre, en faisant l’expérience du passage par la croix, chaque jour de leur vie, personnellement et en Eglise.
2.Le terme de «vocation»
St-Paul VI a affirmé, dans la dynamique du Concile Vatican II, que «toute vie est vocation», et l’Instrumentum laboris précise bien que «l’appel du Christ à vivre à sa suite» s’adresse à tous. Certains membres du carrefour se demandent cependant s’il n’y a pas un risque de confusion à qualifier de vocation tous les choix de vie, à partir du moment où ceux-ci ont été discernés à la lumière de la foi. Si l’appel universel à la sainteté retentit pour tous dans le sacrement du baptême, certains baptisés sont appelés d’une manière particulière à la vie consacrée et aux ministères ordonnés. Ces vocations particulières ne sont pas du même ordre qu’un choix professionnel ou la décision de demeurer célibataire sans la perspective d’une consécration (N° 104 et 105).
3.L’accompagnement des jeunes.
Outre l’importance des familles qui devraient être les premiers lieux de la rencontre du Christ, nous souhaiterions souligner l’importance des communautés chrétiennes que sont les paroisses, les communautés ecclésiales de base, les mouvements de jeunesse, les aumôneries scolaires et universitaires. Ainsi que toutes les autres propositions qui peuvent exister. Nous pouvons écouter une autre jeune de notre carrefour : « Le scoutisme permet aux jeunes de grandir dans la foi, d’aimer le Christ et son Eglise. C’est par ce processus que bon nombre d’entre nous sont devenus prêtre, religieux et religieuse ou engagés dans la vie de l’Eglise et de la société, pour être davantage au service de nos frères ».
Dans tous ces lieux, accompagnés de «frères et sœurs ainés dans la foi», comme le fut Pierre avec Jean dans leur course vers le tombeau vide, les enfants et les jeunes vivent ensemble la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans toutes les dimensions de leur être. Dans ces communautés de jeunes chrétiens germe et grandit l’attachement au Christ et le désir de le suivre, grâce à la vie fraternelle, l’enseignement et l’écoute de la Parole de Dieu, l’accès aux sacrements, tout particulièrement l’Eucharistie et la Réconciliation. Aussi, ces groupes de jeunes chrétiens sont à encourager et à accompagner pour qu’ils soient fidèles à la foi et l’enseignement de l’Eglise et demeurent missionnaires. Ce ne sont pas des méthodes qui vont rendre l’accompagnement efficace mais plutôt des communautés et des personnes, qui feront qu’un jour un jeune rencontrera le Christ et se décidera à répondre à son appel. L’accompagnement spirituel ne fait pas tout, ce sont les autres, les communautés, qui peuvent éveiller les jeunes aux appels du Seigneur et leur permettre d’y répondre librement par un effort vertueux.Nous estimons donc que cette seconde partie se concentre beaucoup trop sur la dimension personnelle de l’accompagnement, qu’elle néglige la place incontournable de la famille et des groupes de jeunes pour leur croissance dans la foi.
Egalement, si le chapitre IV liste les différentes manières d’accompagner les jeunes, il serait nécessaire de bien qualifier ce qu’est un accompagnement personnel dans la perspective d’un discernement vocationnel,et les formes que celui-ci peut prendre. La tradition de l’Eglise en la matière est riche, tout particulièrement celle de l’orient, il pourrait y être fait utilement allusion dans le document final.
Enfin, nous constatons qu’il y a de plus en plus de demandes d’accompagnement spirituel, particulièrement de la part des jeunes. L’accompagnateur est celui qui, à l’image d’André avec Simon, fait route avec l’accompagné afin de le conduire au Christ, dans le respect de sa liberté, et qui accepte lui-même de se laisser interpeller dans sa propre foi par celui qu’il accompagne. En ce domaine, nous sommes parfois témoins des difficultés rencontrées par des accompagnateurs à trouver leur juste place et à se situer dans une saine distance. Qu’il s’agisse de l’accompagnement d’un groupe ou d’une personne, que nous soyons ministres ordonnés, consacrés ou fidèle-laïc, il ne s’improvise pas. Aussi, nous voudrions rappeler la nécessité de veiller à leur formation ainsi qu’à leur proposer de participer à des groupes de supervision.
Pour clore ce propos, nous pouvons encore écouter cette jeune témoigner de son accompagnement spirituel lors de son expérience de missionnaire. Elle montre que cet accompagnement n’est qu’un élément de son chemin de foi qui ne peut faire l’économie de l’appartenance à une communauté ecclésiale et d’une pratique sacramentelle: «Je suis devenue missionnaire à mon tour. Pendant trois ans de mission, j’avais besoin d’un accompagnateur (que j’appelle aussi “directeur spirituel”) pour être mieux disposée à réaliser ma propre mission auprès des étudiants à l’université. On s’attendait aussi à ce que chaque missionnaire participe à la messe quotidienne, reçoive le sacrement de réconciliation de manière régulière, et prie au moins une heure par jour. Car, on ne peut pas donner ce qu’on n’a pas ! »
[Texte original : Français]

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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