Canonisations 14 oct 2018 © Vatican Media

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Sept nouveaux saints pour l'Eglise

Vivre pour aimer ou vivre pour soi-même

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« Chers frères et sœurs, notre cœur est comme un aimant … ou bien il vivra pour aimer ou bien il vivra pour lui-même », a souligné le pape François lors de la messe de canonisation de sept bienheureux, ce 14 octobre 2018. Il a invité à un examen de conscience : « Nous contentons-nous de quelques préceptes ou suivons-nous Jésus comme des amoureux, vraiment disposés à quitter quelque chose pour lui ? … Jésus nous suffit-il ou bien cherchons-nous beaucoup de sécurités du monde ? » Et d’encourager, sur le modèle des nouveaux saints, à « la sainteté » et non pas une « vocation aux demi-mesures ».
Au cours de la célébration place Saint-Pierre, le pape a élevé sept bienheureux à la gloire des autels : Nunzio Sulprizio (1817-1836), jeune laïc italien ; le pape Paul VI (1897-1978) ; l’évêque salvadorien Oscar Romero (1917-1980), évêque de San Salvador, martyr ; l’Italien Francesco Spinelli, prêtre diocésain, fondateur de l’Institut des Sœurs adoratrices du Très-Saint Sacrement (1853 -1913) ; l’Italien Vincent Romano, prêtre diocésain, curé de paroisse (1751-1831) ; l’Allemande Maria-Katharina Kasper, fondatrice de l’Institut des Pauvres servantes de Jésus-Christ (1820 -1898) ; la religieuse espagnole Nazaria Ignacia de Santa Teresa de Jesus (1889-1943).
Au début de la messe, en réponse à la demande du cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le pape a prononcé la formule de canonisation : « En l’honneur de la Très Sainte et indivisible Trinité, pour l’exaltation de la foi catholique et la croissance de la vie chrétienne, par l’autorité de notre Seigneur Jésus Christ, des saints Apôtres Pierre et Paul et la Nôtre, après avoir réfléchi longuement, ayant imploré de nombreuses fois l’aide divine et ayant écouté l’avis de nombreux frères, nous déclarons et définissons comme saints les bienheureux… et nous les inscrivons au Livre des Saints, et nous établissons qu’ils soient honorés avec piété et dévotion parmi les saints dans l’Église universelle. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
Pour cette célébration, le pape François portait le pallium et le bâton pastoral de Paul VI et le cordon taché de sang que portait Mgr Romero, assassiné durant une messe.
Jésus est radical, il donne tout et demande tout
« À toi aussi, Jésus dit : ‘‘Viens, suis-moi’’, a dit le pape dans son homélie. Viens : ne reste pas sur place, car il ne suffit pas de ne faire aucun mal pour appartenir à Jésus. Suis-moi : ne marche pas derrière Jésus seulement quand cela te convient, mais cherche-le chaque jour ; ne te contente pas d’observer les préceptes, de faire un peu d’aumône et de dire quelques prières : trouve en lui le Dieu qui t’aime toujours, le sens de ta vie, la force de te donner. »
Jésus « te demande de laisser ce qui appesantit ton cœur, de te libérer des biens pour lui faire une place à lui, l’unique bien ». La richesse est « dangereuse », a prévenu le pape : « Non pas parce que Dieu est sévère, non ! Le problème est de notre côté : le fait d’avoir trop, le fait de vouloir trop étouffe notre cœur et nous rend incapables d’aimer… là où on met l’argent au centre, il n’y a pas de place pour Dieu et il n’y en a pas non plus pour l’homme. »
« Jésus est radical, a-t-il insisté. Il donne tout et demande tout… Aujourd’hui également, il se donne à nous comme Pain vivant ; pouvons-nous lui donner en échange des miettes ? À lui qui s’est fait notre serviteur jusqu’à aller sur la croix pour nous, nous ne pouvons pas répondre uniquement par l’observance de quelques préceptes. À lui qui nous offre la vie éternelle, nous ne pouvons pas donner un bout de temps. Jésus ne se contente pas d’un ‘‘pourcentage d’amour’’ : nous ne pouvons pas l’aimer à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent. Ou tout ou rien ! »
Le pape a encouragé à « savoir quitter par amour du Seigneur : quitter les richesses, les nostalgies de rôles et de pouvoirs, les structures qui ne sont plus adaptées à l’annonce de l’Évangile, les poids qui freinent la mission, les liens qui attachent au monde ». « Sans un saut en avant dans l’amour, notre vie et notre Église souffrent d’une « autosatisfaction égocentrique », a-t-il poursuivi : on cherche la joie dans un plaisir passager, on s’enferme dans les palabres stériles, on s’installe dans la monotonie d’une vie chrétienne sans élan, où un peu de narcissisme couvre la tristesse de rester inachevé. »
Un jeune saint pour le Synode sur les jeunes
En conclusion, le pape François a particulièrement rendu hommage à son prédécesseur Paul VI, « prophète d’une Église ouverte qui regarde ceux qui sont loin et prend soin des pauvres ». « Paul VI, y compris dans la difficulté et au milieu des incompréhensions, a témoigné de manière passionnée de la beauté et de la joie de suivre Jésus totalement. Aujourd’hui, il nous exhorte encore, avec le Concile dont il a été le sage timonier, à vivre notre vocation commune : la vocation universelle à la sainteté. Non pas aux demi-mesures, mais à la sainteté. »
Et Mgr Romero, a-t-il ajouté, « a quitté les certitudes du monde, même sa propre sécurité, pour donner sa vie selon l’Évangile, aux côtés des pauvres et de son peuple, avec le cœur attaché à Jésus et à ses frères. Nous pouvons en dire autant de Francesco Spinelli, de Vincenzo Romano, de Maria Caterina Kasper, de Nazaria Ignazia de Sainte Thérèse de Jésus ».
Enfin, en plein Synode des évêques sur les jeunes, le pape s’est arrêté sur la figure de Nunzio Sulprizio, « le jeune saint, courageux, humble, qui a su rencontrer Jésus dans la souffrance, dans le silence et dans l’offrande de soi-même ». Tous ces saints ont vécu « sans tiédeur, sans calculs, avec le désir de risquer et de quitter ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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