Au Vatican, les travaux du Synode sur les jeunes se poursuivent : ce 5 octobre 2018 au matin, s’est tenue la quatrième Congrégation générale, avec une vingtaine d’interventions de pères synodaux sur la première partie de l’Instrumentum laboris ainsi que la prise de parole de huit auditeurs et de l’invité spécial, le frère Alois de Taizé.
D’après le préfet du Dicastère pour la communication, Paolo Ruffini, qui a donné une synthèse à la presse en milieu de journée, les débats ont évoqué notamment la question de la chasteté avant le mariage. L’un des Pères synodaux a ainsi parlé des difficultés que pose cette exigence, qui peut « pousser les jeunes à se marier avant une maturation consciente du mariage, ou bien (qui peut être) la cause de l’éloignement du sacrement ou de l’Eglise, pour ceux qui n’arrivent pas à vivre une vie de couple sans relations intimes ».
La question était vue sous un angle pastoral, a précisé Paolo Ruffini : il s’agissait de rejoindre « certains jeunes qui, ne trouvant pas d’écoute, peuvent arriver à s’éloigner pour une période ou même s’en aller définitivement de l’Eglise ».
L’évêque panaméen Manuel Ochogavía Barahona, a quant à lui confié devant les journalistes qu’il souhaitait que ce synode permette d’ouvrir plus largement les portes aux femmes : « Il y a encore beaucoup à faire pour promouvoir l’accès des femmes dans la société civile », a-t-il noté : « Nous devons le faire aussi au niveau de l’Eglise, c’est important de le faire ». Et il faut pour cela « dépasser le cléricalisme ».
D’après la synthèse donnée par Vatican News, le thème de l’écoute est revenu également dans les interventions des Pères synodaux : écouter avec empathie et respect ; écouter les jeunes dans le monde numérique, où ils peuvent devenir « info-obèses » ; écouter les jeunes dans leurs grandes ressources humaines et spirituelles, comme l’amitié, la solidarité, le bénévolat, l’authenticité du témoignage, la demande de cohérence adressée à la société civile, le souhait d’une Église plus joyeuse et évangélique ; écouter aussi sans « jeunisme », attitude qui désoriente les jeunes, les privant de points de référence.
Revitaliser la liturgie
Les Pères synodaux ont également abordé la question de la liturgie, appelant à revitaliser la messe, les prières quotidiennes, les sacrements, en rendant les jeunes acteurs, grâce à une musique qui implique davantage, etc. Mais les pasteurs ne doivent pas se limiter à attendre les jeunes dans les paroisses : le vrai défi est d’être une « Église en sortie » pour les rejoindre là où ils sont. Beaucoup de jeunes ont de nombreuses amitiés virtuelles, mais pas un seul véritable ami, ont noté les intervenants.
L’invité spécial, Frère Alois, prieur de la Communauté de Taizé, a parlé à ce sujet du « ministère de l’écoute », à confier aussi aux laïcs : « Quand l’Église écoute, elle devient ce qu’elle est : une communion d’amour ».
Rappelant le rôle de la famille, certains ont demandé une réflexion sur la figure paternelle, comme pilier pour la transmission de la foi et pour l’identité des enfants, en collaboration avec la figure maternelle.
Les Pères ont aussi lancé un appel en faveur de l’accueil solidaire de réfugiés et migrants, souvent jeunes, dont la dignité est si fréquemment violée.
Huit auditeurs et auditrices ont souligné que les jeunes ne sont pas de simples catégories statistiques, mais désirent participer aux solutions des difficultés contemporaines. Ils ont signalé que les jeunes étaient aujourd’hui victimes de la « culture du déchet » : déracinés, incertains et fragiles, souvent instrumentalisés par la politique, privés d’un avenir. Ils rêvent d’un monde qui les inclut et leur permette d’être les acteurs de l’histoire.
Avec une traduction d’Hélène Ginabat