Dans la recherche par la communauté internationale de « solutions plus durables » pour « mieux prendre soin des migrants, en particulier ceux qui sont dans les situations les plus vulnérables », la Route vers Marrakech est « un cheminement partagé de solidarité, de miséricorde, de prudence, de responsabilité et de respect qui est bon pour les différents pays et bon pour ceux qui bougent », a déclaré Mgr Paul Richard Gallagher.
Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire aux relations avec les États et chef de la délégation du Saint-Siège, est intervenu à la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies à l’occasion de la manifestation parallèle de haut niveau intitulée « Route vers Marrakech », à New York, le 26 septembre 2018.
« Il faut reconnaître », a dit le représentant du Saint-Siège, que « dans l’ensemble, le processus a abouti au tout premier cadre global sur les migrations internationales. Il servira de référence internationale pour les meilleures pratiques et la coopération internationale dans la gestion globale des migrations ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Gallagher.
HG
Discours de Mgr Paul Richard Gallagher
Monsieur le Président,
La « Route vers Marrakech » a débuté en 2015 lorsque la communauté internationale, dans un moment de crise, s’est réunie pour négocier et adopter la Déclaration de New York. À cette époque, le nombre de personnes en déplacement et les personnes déplacées de force ne ressemblaient en rien à ce que le monde avait vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Il était clair que les migrations internationales ne pouvaient pas être gérées isolément et qu’elles exigeaient une coopération internationale.
Alors que de nombreuses solutions partielles immédiates ont finalement été trouvées et que la crise s’est partiellement apaisée, la question demeure de savoir si les solutions actuellement en place sont durables et si elles sont vraiment dans le meilleur intérêt des migrants. En décidant de négocier un Pacte mondial sur les migrations, en adoptant de manière informelle le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en juillet et par son adoption officielle à Marrakech en décembre de cette année, la communauté internationale se réunit pour imaginer des solutions plus durables et mieux prendre soin des migrants, en particulier ceux qui sont dans les situations les plus vulnérables.
Le Saint-Siège est fermement convaincu qu’un cadre solide pour une réponse internationale adéquate est nécessaire. Il doit inclure des approches à court, moyen et long terme de la gouvernance des migrations. Ces approches doivent répondre à la fois au droit de migrer et au droit souverain des États de protéger leurs frontières et de mettre en place une politique migratoire, toujours dans le plein respect des droits humains des migrants, quel que soit leur statut migratoire.
Cela devrait être la réalisation du Pacte mondial pour les migrations. Bien que toutes les recommandations des délégations, y compris celles suggérées par le Saint-Siège, n’aient pas été incluses, il faut reconnaître que, dans l’ensemble, le processus a abouti au tout premier cadre global sur les migrations internationales. Il servira de référence internationale pour les meilleures pratiques et la coopération internationale dans la gestion globale des migrations. Il profitera aux gouvernements, ainsi qu’aux entités non gouvernementales, y compris les organisations confessionnelles, afin de gérer les migrations de manière plus sûre, ordonnée et régulière. Il respecte les priorités nationales et offre aux pays l’espace dont ils ont besoin pour répondre à leur situation nationale, dans le respect total du droit international.
Plus important encore, cela aidera tout le monde – États, société civile ou n’importe lequel d’entre nous – à prendre conscience des défis auxquels sont confrontées les personnes en mouvement afin de pouvoir nous acquitter de nos responsabilités partagées à leur égard, en particulier à l’égard de ceux qui ont le plus besoin de solidarité.
Le pape François résume ces responsabilités partagées et cet engagement à la solidarité en quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.
En gardant ces principes à l’esprit, je voudrais terminer par les paroles du pape François, qui a soutenu ce processus dès le début. « Devant les défis des mouvements migratoires contemporains », a-t-il déclaré, « la seule réponse raisonnable est celle de la solidarité et de la miséricorde. Une réponse moins soucieuse des calculs que de la nécessité d’une répartition équitable des responsabilités, d’une évaluation honnête et sincère des alternatives et d’une gestion prudente. Une politique juste est au service de la personne, de chaque personne impliquée ; une politique prévoyant des solutions pouvant garantir la sécurité, le respect des droits et la dignité de tous ; une politique soucieuse du bien-être de son pays tout en tenant compte de celle des autres dans un monde de plus en plus interconnecté. » (1)
La Route vers Marrakech est un cheminement partagé de solidarité, de miséricorde, de prudence, de responsabilité et de respect qui est bon pour les différents pays et bon pour ceux qui bougent.
Je vous remercie.
- Pape François, Homélie lors de la messe pour les migrants, Basilique Saint-Pierre, Vatican, 6 juillet 2018.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat