« Soyez des pères et des mères de miséricorde! »: c’est, en résumé, l’exhortation du pape François au clergé et aux consacrés des trois Pays baltes – Lituanie, Lettonie et Estonie – qu’il a rencontrés en la cathédrale de Kaunas – ancienne capitale de la Lituanie, à quelque 100 km au Nord-Ouest de Vilnius, dimanche après-midi 23 septembre 2018. Il a évoqué les « saints » de Lituanie qui ont témoigné du Christ en versant leur sang.
C’est le deuxième jour du 25e voyage du pape François dans les Pays baltes, seconde journée en Lituanie: il venait de présider la messe dominicale et de déjeuner avec les évêques.
Le pape a invité les consacrés à ne pas tomber dans la tristesse mais à raviver sans cesse leur amour du Christ. Il les a exhortés à la proximité, à la fois avec le Christ au tabernacle et avec les gens.
Le pape a exhorté les prêtres à ne pas être ni des chefs d’entreprise dans l’Eglise des « fonctionnaires » et à imiter le Christ miséricordieux qui a tant marqué la spiritualité de ce pays, à être des « pères ».
Il a invité les femmes consacrées à être des « mères », à refléter l’amour de l’Eglise mère et de la Vierge Marie, mère.
Ainsi, quand vous serez vieux, a conclu le pape, vous aurez « un très beau sourire et les yeux qui brillent ».
Le pape a reconnu la difficulté de la « seconde génération » après la persécution. Il a évoqué la question des évêques: comment lancer la cause de béatification de martyrs sur lesquels manquent les documents mais dont on sait bien qu’ils sont morts martyrs. « Ce sont des saints » a dit le pape.
Le pape a rendu hommage aux consacrés et aux prêtres qui ont vécu la persécution: il a cité explicitement l’ancien évêque de Kaunas (1996-2015), Mgr Sigitas Tamkevicius, 79 ans, jésuite, qui a vécu la déportation au goulag sibérien pendant six ans. Il guidera le pape dans le Musée du génocide lituanien à Vilnius, ce dimanche après-midi.
Il est un rédacteur de la « Chronique de l’Église catholique en Lituanie » écrite clandestinement dès 1972, alors qu’il était vicaire à Simnas (Sud-Ouest). Il fonda aussi, avec d’autres prêtres, le Comité catholique pour la défense des droits des croyants, en 1978. Mais il a fini par être arrêté, comme les autres collaborateurs de la Chronique, en 1983, après la mort de Léonid Brejnev (1982). Il sera libéré après des camps de travail, par la Perestroïka, en 1988.
Il a confié à Zenit il y a quelques années que le goulag a été la « plus belle » période de sa vie, en raison de la présence du Christ qui le soutenait. Il célébrait clandestinement la messe avec des miettes de pain et du jus des raisins secs qu’on parvenait à lui faire passer.