Le pape François au cours d'une audience générale

Le pape François au cours d'une audience générale, L'OSSERVATORE ROMANO

Construire des ponts de fraternité partout dans le monde: message du pape François (traduction complète)

Et « éliminer les murs de la division »

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« Sans renoncer à la prudence », il est temps de « mobiliser toute notre énergie afin d’éliminer les murs de la division et de construire des ponts de fraternité partout dans le monde », déclare le pape François.

Le pape François a envoyé un message pour l’ouverture des travaux de la IIIème Conférence internationale de « L’éthique théologique catholique dans toute l’Eglise » (« Catholic Theological Ethics in the World Church »), qui se tient à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, du 26 au 29 juillet 2018, sur le thème « Une époque critique pour construire des ponts : l’éthique théologique catholique aujourd’hui ».

Le pape rappelle ses recommandations exposées dans sa récente constitution apostolique Veritatis gaudium : la nécessité d’un « large dialogue » d’une part et « le besoin urgent d’une “mise en réseau” entre les institutions du monde entier qui cultivent et encouragent les études ecclésiastiques »

« Nous avons besoin d’un leadership qui puisse aider à trouver et à mettre en pratique un moyen plus juste pour nous tous de vivre dans ce monde en partageant un destin commun », affirme aussi le pape. Dans le « scénario complexe et exigeant » que présente notre époque, il s’agit d’abord de « favoriser la réflexion éthique et théologique, avant même d’inspirer des attitudes pastorales appropriées et des pratiques politiques responsables et soigneusement planifiées ».

Voici notre traduction du message en anglais du pape François publié ce vendredi 27 juillet par le Saint-Siège.

HG

Message du pape François

Je salue tous ceux qui participent à cette troisième conférence mondiale sur l’éthique théologique. Elle se tient à Sarajevo, ville qui a une grande valeur symbolique pour son chemin de réconciliation et de rétablissement de la paix après les horreurs d’une guerre récente qui a causé tant de souffrances aux habitants de cette région.

Sarajevo est une ville de ponts. Votre rencontre s’inspire de ce motif dominant, qui avertit sur la nécessité de construire, dans un environnement de tension et de division, de nouvelles voies de rapprochement entre les peuples, les cultures, les religions, les visions de la vie et les orientations politiques. J’ai apprécié votre effort depuis le début, lorsque les membres de votre comité de planification m’ont rendu visite au Vatican en mars dernier.

Le thème de votre rencontre est celui sur lequel j’ai souvent attiré l’attention : le besoin de construire des ponts, pas des murs. Je le répète dans le vif espoir que les gens partout dans le monde prêteront attention à ce besoin de plus en plus reconnu, même si parfois on lui résiste par peur et par des formes de régression. Sans renoncer à la prudence, nous sommes appelés à reconnaître chaque signe et à mobiliser toute notre énergie afin d’éliminer les murs de la division et de construire des ponts de fraternité partout dans le monde.

Les trois points centraux de votre réunion se croisent sur ce chemin de construction de ponts dans un moment critique comme le nôtre. Vous avez donné une place centrale au défi écologique, car certains de ses aspects peuvent créer de graves déséquilibres non seulement en termes de relation entre l’homme et la nature, mais aussi entre les générations et les peuples. Ce défi – tel qu’il ressort de l’encyclique Laudato si’ – n’est pas simplement un défi parmi de nombreux autres, mais le contexte plus large d’une compréhension à la fois de l’éthique écologique et de l’éthique sociale. Pour cette raison, votre préoccupation pour la question des migrants et des réfugiés est très sérieuse et provoque une métanoïa qui peut favoriser la réflexion éthique et théologique, avant même d’inspirer des attitudes pastorales appropriées et des pratiques politiques responsables et soigneusement planifiées.

Dans ce scénario complexe et exigeant, des individus et des institutions capables d’assumer un leadership renouvelé sont nécessaires. D’un autre côté, il n’est pas nécessaire de lancer des slogans qui restent souvent vides, ou des antagonismes entre les partis qui se disputent la position de tête. Nous avons besoin d’un leadership qui puisse aider à trouver et à mettre en pratique un moyen plus juste pour nous tous de vivre dans ce monde en partageant un destin commun.

En ce qui concerne la question de savoir comment l’éthique théologique peut apporter sa contribution spécifique, je trouve perspicace votre proposition de créer un réseau entre des personnes sur les différents continents qui, avec différentes modalités et expressions, peuvent se consacrer à la réflexion éthique avec une clé théologique dans un effort pour y trouver des ressources nouvelles et efficaces.

Avec de telles ressources, des analyses appropriées peuvent être effectuées, mais plus important encore, les énergies peuvent être mobilisées pour une pratique qui soit compatissante et attentive aux situations humaines tragiques, et soucieuse de les accompagner avec un soin miséricordieux. Pour créer un tel réseau, il est urgent d’établir des ponts entre vous, de partager des idées et des programmes, et de développer des formes de proximité.

Inutile de dire que cela ne signifie pas la recherche de l’uniformité des points de vue, mais plutôt la recherche avec sincérité et bonne volonté d’une convergence de buts, d’une ouverture dialogique et de la discussion de points de vue différents. Vous trouverez ici utile une forme particulière de compétence, d’autant plus urgente et complexe aujourd’hui, à laquelle j’ai fait allusion dans l’avant-propos de la récente constitution apostolique Veritatis gaudium. En évoquant les critères fondamentaux d’un renouveau et d’une relance des études ecclésiastiques, j’ai souligné l’importance d’un « large dialogue » (n. 4b) qui peut servir de base à cette ouverture interdisciplinaire et transdisciplinaire si vitale aussi pour la théologie et pour l’éthique théologique. J’ai également souligné « le besoin urgent d’une “mise en réseau” entre les institutions du monde entier qui cultivent et encouragent les études ecclésiastiques » (n. 4d).

Je vous encourage, en tant qu’hommes et femmes travaillant dans le domaine de l’éthique théologique, à vous passionner pour ce dialogue et ce travail en réseau. Cette approche peut inspirer des analyses qui seront d’autant plus perspicaces et attentives à la complexité de la réalité humaine. Vous apprendrez toujours mieux à être fidèles à la parole de Dieu qui nous interpelle dans l’histoire et à manifester votre solidarité avec le monde, que vous n’êtes pas appelé à juger ; vous êtes plutôt appelés à offrir de nouvelles voies, accompagner les chemins, soigner les blessures et soutenir la faiblesse.

Vous avez déjà plus de dix ans d’expérience dans la construction de tels ponts dans votre association, Catholic Theological Ethics in the World Church. Vos rencontres internationales à Padoue (2006) et à Trent (2010), vos rencontres régionales sur différents continents et vos différentes initiatives, publications et activités d’enseignement, vous ont appris un style de partage que je crois que vous poursuivrez d’une manière qui s’avérera fructueuse pour toute l’Église.

Je me joins à vous pour remercier les responsables qui sont arrivés à la fin de leur mandat et ceux qui prennent maintenant leurs responsabilités ; je me souviendrai d’eux dans mes prières. Je vous donne cordialement à tous ma bénédiction et je vous demande de prier pour moi.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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