Dans le livre italien « La naissance d’une encyclique. Humanae vitae à la lumière des Archives du Vatican » (Librairie éditrice du Vatican), don Gilfredo Marengo publie quelques données inédites qui aident à dissiper les préjugés sur le texte, cinquante ans après sa publication par Paul VI (1968). Vatican News se fait l’écho de l’ouvrage qui souligne que le texte reflète les débats post-conciliaires.
Un temps de gestation très long – Paul VI travailla le texte cinq ans, de 1963 à 1968 – et de nombreux conseillers impliqués dans le projet, c’est ce qui ressort notamment de l’étude faite par don Gilfredo Marengo, enseignant à l’Institut pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille. L’auteur a obtenu une dérogation spéciale du pape François pour accéder aux archives avant les 70 ans prévus, afin de reconstruire la genèse du texte.
« Beaucoup de polémiques et beaucoup de jugements critiques sur Humanae vitae, explique don Marengo, sont nés de conjectures sur sa composition. C’est pourquoi reconstruire ce parcours aide à faire tomber de nombreux préjugés qui se sont accumulés autour du texte pendant toutes ces années. »
« Sa rédaction, et ensuite sa réception, explique l’auteur, ont subi les effets des premières tensions ecclésiales après le Concile et le texte est étroitement lié à ses conclusions… pour la génération qui a travaillé pendant ces années-là, le Concile était encore une réalité nouvelle comme le montre la gêne exprimée, dans certains passages, par certains conseillers par rapport aux thèmes conciliaires ». En même temps, note-t-il, « chez beaucoup d’autres, qui contestèrent Humanae vitae, il y avait clairement un préjugé, selon lequel tout ce qui avait été écrit avant le Concile n’avait plus de valeur ».
Dans cette consultation de documents inédits, don Marengo a mis en lumière l’existence d’un projet d’encyclique, approuvé puis éliminé, ainsi qu’une consultation synodale sur les méthodes de régulation des naissances, pendant le premier synode des évêques à l’automne 1967.
La recherche permet aussi une approche plus objective de l’encyclique, comme il l’explique, démystifiant deux mythes : « Il n’est pas vrai que Paul VI a travaillé dans la solitude : au contraire, il a fait en sorte d’avoir toutes les suggestions possibles et il a consulté les évêques. Mais ce n’est pas vrai qu’il a été tourmenté par des doutes, parce qu’il avait mûri son jugement depuis le début. Le pape Montini a simplement toujours demandé à tous ses collaborateurs de l’aider sur la manière de présenter son jugement de façon positive. Et il faut dire que ceux-ci n’ont pas toujours été en mesure de répondre jusqu’au bout à cette exigence. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat