Visite du métropolite Rostislav 11/05/2018 © Vatican Media

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Orthodoxie: allocution du métropolite Rostislav de Tchéquie et de Slovaquie (traduction complète)

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« Des disciples qui marchent ensemble en tant que pèlerins »

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« Nous restons des disciples qui marchent ensemble en tant que pèlerins sur le chemin et qui, peut-être sans être capables de le réaliser clairement, cheminons avec notre Seigneur et Maître qui nous réconforte, nous exposant les Écritures en nous redonnant espoir et courage et en renouvelant notre confiance », fait observer le métropolite Rostislav de Tchéquie et de Slovaquie, archevêque de Presov, qui a été reçu par le pape François au Vatican, ce vendredi 11 mai 2018.
Le métropolite orthodoxe a commenté l’Evangile des disciples d’Emmaüs.
Plus loin, il a aussi fait observer l’importance de cette marche ensemble pour affronter les défis actuels: « Nous marchons ensemble dans notre monde contemporain troublé, où les chrétiens sont à nouveau persécutés, en particulier au Moyen-Orient ; nous marchons ensemble dans ce monde où des millions de personnes sont forcées de quitter leur foyer par crainte des persécutions, où des millions de personnes souffrent de la pauvreté, de la maladie et de la malnutrition, et où encore d’autres millions de personnes ont perdu leurs racines, leur espérance et leur foi chrétienne ».
« Peut-être avons-nous encore un long chemin devant nous, Sainteté, pour rejoindre Emmaüs et rompre ensemble le Pain de vie. Mais nous marchons ensemble et, en outre, nous ne sommes pas seuls. Lui, notre Seigneur Jésus, marche avec nous et nous de devons pas avoir peur », a encore commenté le métropolite Rostislav.
Il a offert au pape François « une icône des saints Cyrille et Méthode en compagnie de saint Rostislav, prince de la Grande Moravie », et il a exprimé ce voeu: « Puisse-t-elle être un gage d’amitié et de bonne volonté, un souvenir de notre histoire commune et un signe d’espérance pour l’avenir. Et tandis que nous marchons ensemble, puisse la grâce du Seigneur ressuscité être avec nous tous ! »

Pendant son séjour à Rome, du 9 au 12 mai, le métropolite a rencontré aussi le président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le cardinal suisse Kurt Koch.

Le métropolite Rostislav a célèbré la divine liturgie sur la tombe de saint Cyrille, dans la basilique Saint-Clément, qui se trouve à Rome entre le Latran et le Colisée.

Nous avons aussi publié notre traduction intégrale de l’allocution du pape François.

Voici notre traduction de la version anglaise du discours du métropolite orthodoxe de Tchéquie et de Slovaquie..

AB

Allocution du métropolite Rostislav

Sainteté, le Christ est ressuscité !

Tandis que les deux disciples marchaient vers Emmaüs, pleins de crainte et découragés par les récents événements tragiques de la crucifixion de leur Maître, le Seigneur ressuscité Jésus lui-même les rejoignit dans leur pèlerinage et les encouragea en leur expliquant les Écritures. Cependant, ils n’étaient pas capables de le reconnaître ; c’est seulement à la fraction du pain que les disciples comprirent la présence du Ressuscité, vainqueur de la mort et du péché. Tout à coup, à leur grande surprise, ils réalisent leur aveuglement : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ? » (Luc 24,13-32).

Sainteté, en tant qu’orthodoxes et catholiques romains, pour des raisons historiques, nous ne sommes pas en mesure de rompre le Pain de vie ensemble pour le moment ; toutefois, nous restons des disciples qui marchent ensemble en tant que pèlerins sur le chemin et qui, peut-être sans être capables de le réaliser clairement, cheminons avec notre Seigneur et Maître qui nous réconforte, nous exposant les Écritures en nous redonnant espoir et courage et en renouvelant notre confiance. Nos cœurs brûlent en nous, alors que nous marchons ensemble, côte à côte, à travers l’histoire. Précisément cette expérience de la communauté des disciples en présence du Seigneur ressuscité, marchant ensemble comme pèlerins sur le chemin de ce monde à travers l’histoire, que nos deux communautés ecclésiales appellent tradition, est un terme plein d’une signification précieuse à la fois pour les orthodoxes et pour les catholiques romains.

Aujourd’hui, Sainteté, vous nous accueillez ici à Rome, en tant que pèlerins. Encouragés par votre invitation et par votre amour fraternel, nous sommes venus vénérer la mémoire sainte des premiers disciples du Christ, prier sur les tombes des apôtres et visiter les lieux où reposent les premiers témoins chrétiens – martyrs du Seigneur Jésus ressuscité, dans les catacombes de l’ancienne cité impériale ici. Ce faisant, nous suivons les traces des apôtres des Slaves, les Grecs byzantins de Thessalonique Constantine – Cyrille et son frère Méthode qui, sur l’invitation du saint prince Rostislav, sont venus il y a exactement 1155 ans dans le territoire des actuelles Républiques tchèque et slovaque, alors connues comme la Principauté de la Grande Moravie, sur laquelle notre Église orthodoxe autocéphale exerce sa juridiction canonique. Hier, nous avons eu la joie de célébrer la divine liturgie, avec d’autres chrétiens orthodoxes de différentes nationalités vivant ici à Rome, sur la tombe de saint Cyrille dans la basilique Saint Clément. Et aujourd’hui, en tant que l’un des successeurs de saint Méthode sur le trône des archevêques moraves-pannoniens, j’ai la joie de vous rencontrer, vous l’évêque de Rome, comme saint Méthode a rencontré votre vénérable prédécesseur, Adrien II, en 868.

Aujourd’hui, un disciple rencontre un autre disciple ; un pèlerin rencontre un autre pèlerin. Oui, nous ne pouvons pas rompre le Pain ensemble, mais nous réalisons que nous marchons ensemble dans notre monde contemporain troublé, où les chrétiens sont à nouveau persécutés, en particulier au Moyen-Orient ; nous marchons ensemble dans ce monde où des millions de personnes sont forcées de quitter leur foyer par crainte des persécutions, où des millions de personnes souffrent de la pauvreté, de la maladie et de la malnutrition, et où encore d’autres millions de personnes ont perdu leurs racines, leur espérance et leur foi chrétienne. En cheminant ensemble, semblables aux disciples sur la route d’Emmaüs, nous pouvons avoir peur de l’avenir, puisque la chrétienté a perdu sa position privilégiée et sûre dans de nombreux pays du monde et que notre Maître est chaque jour refusé, humilié et crucifié dans tant de cœurs humains, y compris le nôtre, et dans les souffrances physiques et spirituelles de tant de personnes. Nous sommes confrontés à de nombreux nouveaux défis tandis que les êtres humains contemporains cherchent désespérément leur identité.

Les gens aujourd’hui essaient d’être heureux sans la seule source de bonheur réel, notre Dieu et Créateur, risquant ainsi de perdre leur dignité et de devenir des simples ressources utilisables et jetables au lieu d’être les fils et les filles bienaimés de notre Père aimant. En tant que disciples, nous pouvons marcher dans la crainte et l’incertitude, mais nous ne sommes pas seuls. La présence vivifiante du Seul qui puisse répondre à toutes les questions humaines, qui puisse assouvir toute soif humaine de vie, de justice et de paix, est avec nous. Le Theanthropos, le Ressuscité – l’Homme Jésus marche avec nous sur notre chemin vers l’Emmaüs spirituel – la Maison du Père. Il nous explique l’histoire et l’avenir du salut, il nous offre sa paix, il ravive notre espérance et notre courage, il enflamme nos cœurs et nous enseigne quoi faire et quoi dire par le moyen du Saint Esprit. Notre Maître Jésus-Christ nous parle et nous, en tant que ses disciples, devons à notre tour annoncer le joyeux message de ses paroles qui donnent la vie et qui renouvellent tout, cet unique trésor de notre expérience avec le Ressuscité, cette sainte tradition, au monde dans lequel nous marchons. Malheureusement, bien souvent, nous réalisons qu’en le faisant, il se peut que nous utilisions un langage démodé que plus personne ne comprend.

Dans ce contexte, Sainteté, nous ne pouvons qu’admirer et continuellement apprendre de l’œuvre missionnaire héroïque des saints frères Cyrille et Méthode qui furent capables, par la grâce de Dieu et en faisant usage de leur charisme personnel, d’actualiser la sainte tradition, cette expérience collective de l’Église et le message de l’Évangile pour leurs contemporains en Grande Moravie. Ils le firent en écoutant attentivement les besoins de leur troupeau et, rendus forts par l’Esprit, sans crainte et souvent au prix de persécution par ceux qui avaient d’autres convictions et visions, en cherchant des moyens nouveaux et innovants de rendre l’Évangile compréhensible pour la société autour d’eux, préparant ainsi le terrain pour la Parole du Christ en Europe centrale et orientale et dans les Balkans. Puissent-ils être nos fervents intercesseurs devant le trône du Seigneur, tandis que nous essayons de trouver de nouveaux modes de partager la joie de la Résurrection avec le monde autour de nous, pour le rendre compréhensible sans le vider de son contenu salvifique et vivifiant. Par la prière de ces saints frères, puisse notre Maître ressuscité et victorieux dissiper toutes nos craintes de l’avenir, de rencontrer le monde contemporain et des autres.

Peut-être avons-nous encore un long chemin devant nous, Sainteté, pour rejoindre Emmaüs et rompre ensemble le Pain de vie. Mais nous marchons ensemble et, en outre, nous ne sommes pas seuls. Lui, notre Seigneur Jésus, marche avec nous et nous de devons pas avoir peur. Sur ce plan, notre Église locale, faisant intégralement partie de la communion de l’Église orthodoxe au niveau mondial, apprécie le travail de la Commission internationale conjointe pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, co-présidée par Son Éminence le cardinal Kurt Koch, travail auquel mon frère dans le Christ, Son Éminence Juraj, archevêque de Michalovce et Kosice, ici présent, participe depuis douze ans.

Pour conclure, j’aimerais vous présenter, Sainteté, mon cher frère pèlerin, une icône peinte des saints Cyrille et Méthode en compagnie de saint Rostislav, prince de la Grande Moravie. Puisse-t-elle être un gage d’amitié et de bonne volonté, un souvenir de notre histoire commune et un signe d’espérance pour l’avenir. Et tandis que nous marchons ensemble, puisse la grâce du Seigneur ressuscité être avec nous tous !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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