Hanna Chrzanowska en 1945 © Archives de la postulation, Nieznany, DP

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Pologne: le card. Amato préside la béatification d'Hanna Chrzanowska, infirmière

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La béatitude des miséricordieux

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Les infirmières, les infirmiers, les malades aussi ont une nouvelle amie « au ciel »: le cardinal Amato a en effet présidé la béatification de l’infirmière polonaise, amie de Karol Wojtyla, Hanna Helena Chrzanowska(1902-1973), laïque, oblate bénédictine, ce samedi 28 avril 2018, à Carcovie (Pologne). Il a salué en elle un modèle du rapport avec le malade.
Le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints a en effet présidé la messe, au cours de laquelle il a souligné comment la nouvelle bienheureuse se « penchait sur les malades », et combien on apprend d’elle « à se pencher sur les pauvres, à prendre soin de ceux qui ont besoin de réconfort, de soutien, d’encouragement, car ils sont nombreux, sont petits, abandonnés, exilés , faibles, marginalisés », rapporte L’Osservatore Romano du 29 avril.
La charité envers tous
On en voit certains « tous les jours sur nos routes, mais beaucoup sont cachés dans leurs misérables maisons, malades, pauvres, seuls, sans soutien », a fait remarquer le cardinal italien dans son homélie.
« Par le travail de ses enfants, l’Eglise, a-t-il dit, va à la rencontre » des personnes dans le besoin, « donnant  aide et protection avec sacrifice et générosité ». Il a exhorté les Polonais à « continuer à manifester de la charité envers tous, spécialement envers nos malades » afin que « chaque jour, ils reçoivent un signe d’attention, un signe d’encouragement et un geste de soutien ».
A travers la bienheureuse Hanna, « l’Eglise célèbre la créativité de la charité chrétienne qui ouvre ses bras, comme Jésus le Bon Samaritain, pour accueillir, protéger, et les soigner les malades, les souffrants, les faibles », a insisté le cardinal Amato.
La béatitude des miséricordieux
Il a rappelé qu’à l’occasion des obsèques de la bienheureuse, en 1973, le cardinal Karol Wojtyla a prononcé son éloge funèbre en disant, ému: « Je te remercie, Hanna, toi qui as vécu parmi nous, et qui as été pour nous tous l’incarnation des Béatitudes du Christ, en particulier de celle qui dit « heureux les miséricordieux ». »
Elle était devenue infirmière par motivation « philanthropique, à partir de sa conversion, en 1932 ». Elle a vécu cette profession « comme un véritable apostolat chrétien, de présence salvifique de la croix du Christ auprès des malades ».
Elle nourrissait sa vie de foi « par la prière, la communion et l’adoration eucharistique, des retraites, la prière du chapelet ». Et, entant qu’oblate bénédictine, elle a « vécu avec enthousiasme et joie le charisme de la prière liturgique et du travail professionnel auprès des malades ».
« Son service était à côté des malades, en qui elle reconnaissait la présence du Christ », a fait observer le cardinal Amato: « Et même aux infirmières elle a proposé une formation à la fois professionnelle et spirituelle ».
Elle rappelait à tous « l’espérance du bonheur éternel au paradis et sa foi dans la providence divine réveillait à la vie et à l’enthousiasme », si bien que, même « dans une atmosphère de douleur et de souffrance, elle réussissait toujours à apporter un rayon de lumière et de joie ».
Même pas peur
Pour elle, le patient était « le bien suprême » à approcher « comme un frère et une sœur » et sa profession d’infirmière « était une véritable vocation, un appel d’en haut pour le bien des pauvres » et elle donnait « généreusement aux autres son temps, son intelligence, sa culture, collaborant activement avec ceux qui étaient soucieux de soulager et d’améliorer les conditions des malades ».
Elle en est même arrivée à « vendre ses bijoux pour acheter des médicaments pour les pauvres ». Et elle « ne voulait ni remerciements ni reconnaissance ».
Elle montrait une attention et une compréhensions spéciale pour les familles de malades chroniques, avec le souci aussi de leur vie spirituelle et sacramentelle », leur procurant aussi l’aide d’un prêtre.
Même sous l’occupation communiste, elle « n’a pas caché sa foi » et « elle ne s’est pas plainte des moqueries et des injustices » subies, et aucune menace n’a réussi à l’empêcher de s’approcher des sacrement régulièrement.
Mais c’est en raison de ses convictions religieuses qu’elle « a été privée du poste de directrice de l’école d’infirmières ». Mais elle n’avait pas peur « des pressions du parti » et elle « défendait courageusement sa foi, organisant régulièrement des séminaires pour les malades », en dépit des interdictions.
Et surtout, a conclu le cardinal, « elle n’avait honte d’aucun service rendu aux malades: elle se retroussait les manches et travaillait avec humilité ».
Reconnaissance du miracle
Un miracle obtenu par son intercession a été reconnu par le pape François le 7 juillet 2017,  ce qui ouvrait la voie à sa béatification.
Les funérailles d’Hanna Chrzanowska ont été célébrées à Cracovie par le cardinal Karol Wojtyła, futur pape Jean-Paul II, qui a dit notamment : « Nous remercions Dieu pour cette vie qui avait un tel sens, qui nous a laissé un témoignage si clair, si clair … Que ta récompense soit le Seigneur Lui-même, que ton service rayonne parmi nous et nous apprenne à tous, sans cesse, comment servir le Christ et le prochain. »
Hanna Chrzanowska, la fille du professeur Ignacy Chrzanowski, était née le 7 octobre 1902, à Varsovie. Ses grands-parents maternels étaient des protestants évangéliques, tandis que les grands-parents paternels étaient catholiques. La famille était connue pour sa charité et une grande implication religieuse.
Ecole universitaire
Hanna obtint son diplôme d’études secondaires chez les Sœurs ursulines de Cracovie. En 1922, elle entreprit des études à l’École des sciences infirmières nouvellement ouverte à Varsovie et elle utilisa sa bourse pour compléter ses études en France.
De 1926 à 1929, elle travailla comme instructrice à l’École universitaire des infirmières de Cracovie. De 1929 à 1939, elle publia le mensuel « L’Infirmière polonaise » et elle participa aux travaux de l’organisation de l’Union catholique polonaise des infirmières et infirmiers en 1937.
Après le déclenchement de la guerre en 1939, Hanna arriva à Cracovie. Son père fut déporté avec les autres professeurs dans un camp de concentration où il mourut. Son frère, Bogdan Chrzanowski, mobilisé en 1939, fut assassiné à Kozelsk.
Hanna se dévoua à des activités de bienfaisance au sein du Comité d’assistance civique, présidée par l’archevêque Adam Stefan Sapieha (qui ordonna prêtre Karol Wojtyla), puis elle travailla en soignant des réfugiés et des personnes déplacées. Elle organisa pour eux l’hébergement, les repas, s’occupa particulièrement des enfants et des juifs. Hanna essayait de placer les orphelins dans les familles.
Après la guerre
Pendant ce temps, sa vie spirituelle s’approfondissait. Elle était principalement centrée sur l’Eucharistie et l’aide du prochain dans l’esprit de l’Évangile.
Avec la fin de la guerre et l’ouverture de l’École universitaire des sciences infirmières à Cracovie, elle travailla comme directrice des soins infirmiers et sociaux en mettant l’accent sur les cours de préparation des étudiants pour soigner les malades chez eux.
Pendant une courte période, elle travailla comme directrice de l’école des soins infirmiers psychiatriques à Kobierzyn. Après la fermeture de cette école par les autorités communistes, Hanna, dont l’attitude religieuse était un obstacle pour eux, fut forcée de prendre sa retraite anticipée.
Encore pleine de force et connaissant bien la situation des patients qui restaient chez eux, Hanna organisa les soins pour les malades chroniques et dans les zones abandonnées de la paroisse de Cracovie, avec la pleine approbation des autorités de l’Église. Les infirmières, les amis, les étudiants et les religieuses l’aidaient dans son activité.
On la voyait souvent plongée dans la prière dans l’église des Carmes, située à proximité de son appartement. Avec beaucoup de tact, elle essayait d’aider les patients souffrant de maladies spirituelles : elle appelait des prêtres pour célébrer la messe dans la maison du patient qui le désirait.
Depuis 1966, Hanna souffrait d’un cancer, et elle s’est éteinte le 29 avril 1973: ce sera demain, dimanche 29 avril l’anniversaire de sa « naissance au Ciel ».
Le pape polonais pour ami
Les funérailles d’Hanna ont donc été célébrées par le cardinal Karol Wojtyła, futur saint pape Jean-Paul II. Il est revenu à Cracovie spécialement pour cela, alors qu’il participait à une réunion de la Conférence des évêques polonais. Un grand nombre de patients en fauteuil roulant ont voulu accompagner leur protectrice jusqu’au cimetière. Le cardinal Wojtyła l’a remerciée en disant: « Nous te remercions, Hanna, d’avoir été parmi nous, d’avoir été comme tu as été, avec ta grande simplicité, cette chaleur intérieure ».
Un premier décret, concernant les vertus héroïques d’Hanna, avait été promulgué par le pape François le 1er octobre 2015.
Avec Marina Droujinina

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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