Pas d’Evangile « au rabais » ni de « demi-mesures », pas de « nostalgies du passé », ni de « bavardages oisifs du présent », ni de « peurs de l’avenir », mais une Eglise « amoureuse de Dieu et passionnée de l’homme ». C’est l’encouragement formulé par le pape François en visite à Alessano, village natal de Mgr Tonino Bello (1935-1993) et à Molfetta, diocèse guidé par l’évêque italien, à l’occasion du 25e anniversaire de sa mort, ce 20 avril 2018. « Quand le Seigneur … demande un “oui”, on ne peut pas répondre avec un “peut-être” », a-t-il insisté.
Parti en voiture du Vatican à 7h, le pape a décollé de l’aéroport de Ciampino pour rejoindre Alessano, dans la province de Lecce – diocèse d’Ugento-Santa Maria di Leuca – où il a atterri en hélicoptère un peu après 8h30, sur le parking du cimetière.
Accueilli par Mgr Vito Angiuli, évêque d’Ugento et par Francesca Torsello, maire d’Alessano, le pape s’est recueilli sur la tombe de « Don Tonino Bello », où il a déposé une gerbe de fleurs aux couleurs du Vatican, sous un arbre chargé de bannières bigarrées arborant le terme « paix ».
Puis il a rencontré la famille de Don Tonino, avant de monter dans une voiture pour rejoindre l’esplanade du cimetière : là, sur un podium où trônait une grande bannière avec un portrait de l’évêque, le pape a rencontré quelque 20 000 personnes, qui chantaient des hymnes énergiques en l’attendant.
L’Evangile appelle à une vie souvent inconfortable
Dans son discours devant eux, le pape a souligné que « comprendre les pauvres » était « la richesse » de Don Tonino : « Il avait raison, parce que les pauvres sont réellement la richesse de l’Eglise ». Et de prévenir contre « la tentation récurrente de suivre le rang des puissants de service, de rechercher les privilèges, de s’allonger dans une vie facile. L’Evangile … appelle à une vie souvent inconfortable, parce que celui qui suit Jésus aime les pauvres et les humbles ».
Don Tonino, a-t-il ajouté, représente un appel à « devenir non seulement des fidèles dévoués, mais de véritables amoureux du Seigneur, avec l’ardeur du rêve, l’élan du don, l’audace de ne pas s’arrêter aux demi-mesures…. Car quand le Seigneur demande un “oui”, on ne peut pas répondre avec un “peut-être” ».
Le pape François a souhaité « une Eglise non mondaine, au service du monde », « une Eglise contemplatrice, amoureuse de Dieu et passionnée de l’homme ». « Ne nous contentons pas de noter les bons souvenirs, a-t-il exhorté, ne nous laissons pas brider par les nostalgies du passé, ni par les bavardages oisifs du présent, ni par les peurs de l’avenir. Imitons don Tonino, laissons-nous transporter par sa jeune ardeur chrétienne, écoutons son invitation pressante à vivre l’Evangile sans rabais ».
Après avoir salué les personnes malades et handicapées, en fauteuil roulant, près de l’estrade, le pape a redécollé pour Molfetta, seconde étape du déplacement : il a atterri dans la zone du port, à côté de la cathédrale de cette ville située dans la province de Bari – diocèse de Molfetta-Ruvo-Giovinazzo-Terlizzi.
Le pape y a été accueilli par l’évêque Mgr Domenico Cornacchia, par le maire Tommaso Minervini, et par une foule de 40 000 personnes qui remplissait les rues adjacentes, sous des balcons décorés de bannières de bienvenue.
On ne vit plus pour soi-même mais pour les autres
Dans le port, au bord de l’eau, il a célébré une messe, durant laquelle il a souligné que l’Eucharistie « n’est pas un beau rite, mais la communion la plus intime, la plus concrète, la plus surprenante que l’on puisse imaginer avec Dieu ». « Sans Lui, Pain de vie, tout effort dans l’Eglise est vain », a-t-il insisté en citant don Tonino : « Les œuvres ne suffisent pas… s’il manque l’amour dans les œuvres. »
Le chrétien est appelé à arrêter « de vivre pour soi, pour son succès, pour avoir quelque chose ou devenir quelqu’un » et à vivre « pour Jésus et comme Jésus, c’est-à-dire pour les autres », a poursuivi le pape. Il a suggéré d’écrire cet avis à l’extérieur des églises : « Après la messe, on ne vit plus pour soi-même mais pour les autres. »
« La Parole de Jésus sert à marcher dans la vie, pas à s’asseoir pour parler de ce qui ne va pas », a-t-il encore affirmé : il faut avoir « le courage de changer… on ne répond pas à Jésus par les calculs et les convenances du moment mais par un “oui” de toute la vie ».
Durant la célébration, le pape a utilisé le bâton pastoral de Don Tonino, surmonté d’un rameaux d’olivier, du blason de l’évêque et de sa devise « Que les pauvres m’entendent et soient en fête » (Psaume 33). L’Osservatore Romano note la « simplicité » de cette messe, où le siège du pape était en bois et la grande croix de la même forme que la croix pastorale de Don Tonino. Le pape a remis une rose d’or à la statue de Notre Dame des Martyrs (datant de 1188).
Après la célébration, le pape a enfin salué une délégation du diocèse dans la cathédrale, avant de repartir en hélicoptère pour le Vatican.
Alessano, sur les pas de Don Tonino © Vatican Media
Italie : la matinée du pape sur les pas de Don Tonino Bello
Pas d’Evangile « au rabais » mais un « oui » entier