« Seule la fraternité peut garantir une paix durable, peut vaincre les pauvretés, arrêter les tensions et les guerres, peut extirper la corruption et la criminalité », a affirmé le pape François lors de la prière du Regina Coeli qu’il a présidée place Saint-Pierre, le 2 avril 2018, lundi de Pâques.
Depuis un balcon du palais apostolique, le pape a invité les 20 000 fidèles présents à « redécouvrir la fraternité, comme elle était vécue dans les premières communautés chrétiennes. Redécouvrir comment donner de la place à Jésus qui ne sépare jamais, qui unit toujours ».
« Il ne peut pas y avoir de vraie communion et d’engagement pour le bien commun et la justice sociale sans la fraternité et le partage. Sans partage fraternel on ne peut pas réaliser de communauté ecclésiale ou civile: il n’existe qu’un ensemble d’individus mus ou rassemblés par leurs propres intérêts », a-t-il insisté.
« Nous ne pouvons pas nous renfermer dans notre espace privé, dans notre groupe, mais nous sommes appelés à nous occuper du bien commun, à prendre soin des frères, spécialement des plus faibles et des marginalisés », a ajouté le pape.
Voici notre traduction des paroles qu’il a prononcées pour introduire la prière mariale.
Paroles du pape avant le Regina Coeli
Chers frères et sœurs, bonjour !
Le lundi après Pâques est appelé “lundi de l’Ange”, selon une tradition très belle qui correspond aux sources bibliques sur la Résurrection. Les Evangiles (cf. Mt 28,1-10, Mc 16,1-7; Lc 24,1-12) racontent en effet que, quand les femmes allèrent au Sépulcre, elles le trouvèrent ouvert. Elles craignaient de ne pas pouvoir entrer car la tombe avait été fermée avec une grande pierre. Mais elle était ouverte ; et de l’intérieur une voix leur dit que Jésus n’est pas là, mais qu’il est ressuscité.
Pour la première fois, les paroles : “Il est ressuscité” sont prononcées. Les évangélistes nous rapportent que cette première annonce a été donnée par les anges, c’est-à-dire les messagers de Dieu. Il y a une signification dans cette présence angélique : de même que l’Incarnation du Verbe avait été annoncée par un ange, Gabriel, de même une parole humaine n’était pas suffisante pour annoncer pour la première fois la Résurrection. Il fallait un être supérieur pour communiquer une réalité bouleversante, si incroyable, qu’aucun homme n’aurait peut-être osé prononcer. Après cette première annonce, la communauté des disciples commence à répéter : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre » (Lc 24,34). Cette annonce est belle. Nous pouvons la dire tous ensemble maintenant : “Le Seigneur est vraiment ressuscité”. Cette première annonce – “Le Seigneur est vraiment ressuscité” – demandait une intelligence supérieure à l’intelligence humaine.
Aujourd’hui est un jour de fête et de convivialité vécu d’ordinaire en famille. C’est une journée de famille. Après avoir célébré Pâques, on ressent le besoin de se réunir encore avec ses proches et avec ses amis pour faire la fête. Parce que la fraternité est le fruit de la Pâques du Christ qui, par sa mort et sa résurrection, a vaincu le péché qui séparait l’homme de Dieu, l’homme de lui-même, l’homme de ses frères. Mais nous savons que le péché sépare toujours, il fait toujours des inimitiés. Jésus a abattu le mur de division entre les hommes et a rétabli la paix, en commençant à tisser le filet d’une nouvelle fraternité. Il est si important à notre époque de redécouvrir la fraternité, comme elle était vécue dans les premières communautés chrétiennes. Redécouvrir comment donner de la place à Jésus qui ne sépare jamais, qui unit toujours. Il ne peut pas y avoir de vraie communion et d’engagement pour le bien commun et la justice sociale sans la fraternité et le partage. Sans partage fraternel on ne peut pas réaliser de communauté ecclésiale ou civile: il n’existe qu’un ensemble d’individus mus ou rassemblés par leurs propres intérêts. Mais la fraternité est une grâce que Jésus donne.
La Pâques du Christ a fait éclater autre chose dans le monde : la nouveauté du dialogue et de la relation, nouveauté qui pour les chrétiens est devenue une responsabilité. En effet, Jésus a dit : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13,35). C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous renfermer dans notre espace privé, dans notre groupe, mais nous sommes appelés à nous occuper du bien commun, à prendre soin des frères, spécialement des plus faibles et des marginalisés. Seule la fraternité peut garantir une paix durable, peut vaincre les pauvretés, arrêter les tensions et les guerres, peut extirper la corruption et la criminalité. L’ange qui nous dit : “Il est ressuscité”, nous aide à vivre la fraternité et la nouveauté du dialogue et de la relation et la préoccupation pour le bien commun.
Que la Vierge Marie, que nous invoquons en ce temps pascal sous le titre de Reine du Ciel, nous soutienne par sa prière, afin que la fraternité et la communion que nous expérimentons en ces jours de Pâques, puissent devenir notre style de vie et l’âme de nos relations.
© Traduction de Zenit, Anne Kurian
Regina Coeli, capture Vatican News
Regina Coeli : "seule la fraternité peut garantir une paix durable"
« Redécouvrir comment donner de la place à Jésus »