« Des victimes/survivants d’abus sexuels cléricaux » font partie des nouveaux membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs (CPPM), indique un communiqué de la Commission publié ce samedi 17 février 2018, en italien, en anglais et en espagnol. Et la priorité déclarée de la Commission c’est de se mettre à l’écoute des victimes et de leurs proches – comme le montre un projet de groupe consultatif de victimes – en vue de créer une « culture » de la protection contre les abus partout dans l’Eglise.
Le pape a en effet nommé 9 nouveaux membres de la Commission, et il a reconduit 7 autres membres, dont le secrétaire, Mgr Robert Oliver, ainsi que le président, le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston, ou encore le jésuite allemand, Hans Zollner.
Elle est maintenant composée du président assisté de huit femmes et huit hommes, clercs, religieux et laïcs, des cinq continents et de différents horizons.
« Des victimes/survivants d’abus sexuels cléricaux font partie des membres annoncés aujourd’hui », insiste le communiqué avant d’ajouter : « Depuis la fondation de la Commission, des personnes qui ont souffert d’abus et des parents de victimes/survivants, en ont été membres. Selon la praxis continue de la Commission, la CPPM soutient le droit de toute personne qui aurait été abusée à révéler ou à ne pas révéler publiquement son expérience. Les membres nommés aujourd’hui ont choisi de ne pas le faire publiquement, mais seulement à l’intérieur de la Commission. La CPPM croit fermement que leur vie privée est une valeur à respecter. »
Continuité du travail de la Commission
Le cardinal O’Malley a pour sa part souligné, indique la même source, que le pape a assuré la « continuité » du travail de la Commission, au service des diocèses du monde : « Notre Saint-Père, le pape François, a accordé une grande considération, priante, à la nomination de ces membres. Les nouveaux membres nommés ajouteront à la perspective globale de la commission pour la protection des mineurs et des adultes vulnérables. Le Saint-Père a assuré la continuité du travail de notre commission, qui doit assister des Eglises locales à travers le monde, dans leurs efforts pour protéger du mal tous les enfants, les jeunes, et les adultes vulnérables. »
La Commission souligne en outre que le pape a choisi ces huit hommes et ces huit femmes parmi des experts internationaux représentant différentes disciplines pour la protection des mineurs et des adultes vulnérables contre le crime des abus sexuels.
Ces nouveaux membres représentent « plusieurs pays nouveaux » et ils « offriront leur point de vue et leurs expériences à la Commission, en reflétant la sollicitude globale de l’Eglise et le défi de créer des structures pour cette protection dans différents contextes culturels ».
Ecouter les victimes et leurs proches
Et puis la commission insiste sur le fait qu’il faut « écouter les personnes qui ont subi des abus » et que « l’Eglise a besoin d’entendre leurs voix ».
Le communiqué rappelle que, comme il l’a été décidé par les membres fondateurs de la Commission ont, lors de l’assemblée plénière de septembre 2017, les nouveaux membres et le staff de la CPPM commenceront leur mission par « l’écoute » pour « apprendre » auprès des personnes qui ont été abusées, des membres de leurs familles, et de ceux qui les soutiennent.
« L’approche « les victimes en premier/les survivants en premier » continue d’être centrale dans toutes les politiques et les programmes éducatifs de la Commission. La CPPM désire écouter directement les voix des victimes/survivants, de façon à ce que le conseil offert au Saint-Père soit réellement imprégné de leur point de vue et de leurs expériences », insiste le communiqué.
On retrouve dans cette option le choix du pape François lui-même qui a révélé récemment recevoir des victimes au Vatican plusieurs fois par mois, de façon tout à fait privée.
Un groupe consultatif
L’ouverture de l’assemblée plénière de la Commission renouvelée est prévue en avril prochain avec une rencontre privée avec différentes personnes qui ont eu l’expérience des abus.
Les membres de la Commission débattront ensuite de « différentes propositions pour promouvoir un dialogue continu avec les victimes/survivants du monde entier ».
Le communiqué révèle en effet que des « consultations » ont été menées pendant différents mois en vue de créer un « Groupe consultatif international de survivants » (GCIS) : « une structure nouvelle façonnée par les voix des victimes/survivants et fondée sur l’expérience du « Survivor Advisory Panel » de la Commission nationale catholique pour la protection d’Angleterre et du Pays-de-Galles ».
La baronne Hollins, membre fondateur de la Commission, a présidé le groupe de travail pour rechercher et développer une proposition à propos de ce GCIS, et elle conduira la présentation lors de la rencontre plénière d’avril.
Parmi les objectifs du groupe, le communiqué indique « l’étude de la prévention des abus depuis la perspective des survivants et l’action pour susciter la prise de conscience du besoin de guérison et de sollicitude pour toute personne blessée par des abus ».
Créer une « culture de la protection »
« Créer une culture de la protection : notre plus grand défi à l’avenir », annonce ensuite le communiqué.
Il rappelle que la mission spécifique de la Commission pontificale est de « faire des propositions au Saint-Père liées aux meilleurs initiatives pratiques pour protéger les mineurs et les adultes vulnérables des crimes d’abus sexuels et de promouvoir la responsabilité locale dans les Eglises particulières pour la protection de tous les enfants, des jeunes et des adultes vulnérables ».
« Inculturer la prévention et la protection contre les abus dans la vie et dans l’action des Eglise locales reste l’objectif futur de la CPPM et son défi les plus grand », insiste le communiqué.
Il indique en outre que ces quatre dernières années, la CPPM a travaillé avec quelque 200 diocèses et communautés religieuses du monde entier pour « accroître la conscience et pour éduquer les personnes sur le besoin de protéger, dans nos maisons, nos paroisses, écoles, hôpitaux, comme dans les autres institutions ».
Le communiqué s’achève sur ces remerciements : « Les membres [de la commission] désirent remercier tous ceux qui ont embrassé cet appel et exprimer leur gratitude envers le Saint-Siège qui soutient et encourage ces efforts. »
Commission pour la protection des mineurs © L'Osservatore Romano
Protection des mineurs: priorité à l’écoute des victimes
Projet d’un groupe de consultation des victimes