Le pape rencontre des pèlerins chinois © L'Osservatore Romano

Le pape rencontre des pèlerins chinois © L'Osservatore Romano

Chine-Vatican : "Il faut plus d’humilité et d’esprit de foi", estime le card. Parolin

Proximité aux fidèles, nomination des évêques, dialogue avec les autorités civiles

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« Il faut plus d’humilité et d’esprit de foi pour découvrir ensemble le dessein de Dieu pour l’Église en Chine », a déclaré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican. « Je dis aux catholiques chinois avec une grande fraternité, a-t-il poursuivi : nous sommes proches de vous. » Le cardinal a aussi affirmé qu’en Chine, « il n’existe pas deux Églises, mais deux communautés de fidèles appelés à accomplir un chemin graduel de réconciliation vers l’unité ».
Le cardinal Parolin a décrit la situation actuelle des relations entre le Saint-Siège et la Chine, en s’arrêtant en particulier sur le problème de la nomination des évêques et sur la nécessité d’aider les fidèles chinois « à reconnaître dans la direction du pape le point de référence sûr », dans une longue interview accordée à Vatican Insider et publiée par le quotidien La Stampa ce mercredi 31 janvier 2018. « Le Saint-Père, a-t-il affirmé, suit personnellement les contacts actuels avec les autorités de la République populaire de Chine. Tous ses collaborateurs agissent de concert avec lui. Personne ne prend d’initiatives privées. »
« Le Saint-Siège, a déclaré le « numéro 2″ du Vatican, œuvre pour trouver une synthèse de vérité et une voie praticable pour répondre aux légitimes attentes des fidèles, à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine. »
Proximité vis-à-vis des fidèles chinois
Le secrétaire d’État a exprimé la proximité du Saint-Siège aux catholiques chinois, en soulignant l’importance de la confiance dans les relations : « La confiance, a-t-il dit, n’est pas le fruit de la force de la diplomatie ou des négociations. La confiance se fonde sur le Seigneur qui guide l’histoire. » « Nous sommes confiants que les fidèles chinois, a-t-il poursuivi, grâce à leur sens de la foi, sauront reconnaître que l’action du Saint-Siège est animée de cette foi qui ne répond pas à des logiques mondaines. »
« Je voudrais dire avec beaucoup de simplicité et de clarté que l’Église n’oubliera jamais les épreuves et les souffrances passées et présentes des catholiques chinois, a affirmé le cardinal. Tout ceci est un grand trésor pour l’Église universelle. »
Selon le cardinal, « la meilleure façon d’honorer » le témoignage des martyrs chinois « et de le rendre fécond au présent est de confier au Seigneur Jésus la vie actuelle des communautés catholiques en Chine ». « Cela se fait dans le choix de fidélité au successeur de Pierre, a-t-il souligné, dans un esprit d’obéissance filiale, même quand tout ne semble pas immédiatement clair et compréhensible. »
« Il ne s’agit pas, a-t-il poursuivi, de donner un coup d’éponge qui ignore ou, presque de façon magique, annule le parcours de souffrance de tant de fidèles et de pasteurs, mais d’investir le capital humain et spirituel de toutes ces épreuves pour construire un avenir plus serein et fraternel, avec l’aide de Dieu. »
Le cardinal Parolin a aussi demandé aux catholiques chinois de ne pas s’accrocher « à l’esprit d’opposition pour condamner son frère » et de ne pas utiliser « le passé comme prétexte pour fomenter de nouveaux ressentiments et fermetures ». « Nous espérons, a dit le cardinal, que chacun regardera avec confiance vers l’avenir de l’Église au-delà de toute limite humaine. »
Deux communautés de fidèles vers l’unité
« La finalité principale du Saint-Siège » dans le « dialogue en cours » avec la Chine, a expliqué le cardinal Parolin, « est précisément de sauvegarder la communion dans l’Église, dans le sillage de la tradition authentique et de la constante discipline ecclésiastique ».
Il a souligné qu’ « en Chine, peut-être plus qu’ailleurs, les catholiques ont su conserver … le dépôt authentique de la foi, gardant fermement le lien de communion hiérarchique entre les évêques et le successeur de Pierre, garantie visible de la foi ». « La communion entre l’évêque de Rome et tous les évêques catholiques touche le cœur de l’unité de l’Église, a-t-il ajouté : ce n’est pas une question privée entre le pape et les évêques chinois ou entre le Siège apostolique et les autorités civiles. »
« En Chine, a affirmé le cardinal, il n’existe pas deux Églises, mais deux communautés de fidèles appelés à accomplir un chemin graduel de réconciliation vers l’unité. Il ne s’agit pas, par conséquent, de maintenir un conflit perpétuel entre des principes et des structures opposés, mais de trouver des solutions pastorales réalistes qui permettent aux catholiques de vivre leur foi et de poursuivre ensemble l’œuvre d’évangélisation dans le contexte spécifique chinois. »
« La question du choix des évêques est cruciale »
« La question du choix des évêques est cruciale », a affirmé le secrétaire d’Etat : « Nous avons tous confiance qu’une fois considérée de manière adéquate la question de la nomination des évêques, les difficultés restantes ne devraient plus être telles qu’elles empêchent les catholiques chinois de vivre en communion entre eux et avec le pape. C’est la chose importante, si attendue et désirée par saint Jean-Paul II et par Benoît XVI et aujourd’hui poursuivie avec clairvoyance par le pape François. »
« L’espérance est que l’on arrive, quand le Seigneur le voudra, à ne plus devoir parler d’évêques ‘légitimes’ et ‘illégitimes’, ‘clandestins’ et ‘officiels’ dans l’Église en Chine, a dit le cardinal Parolin, mais à se rencontrer entre frères, en apprenant à nouveau le langage de la collaboration et de la communion… Si l’on n’est pas prêt à pardonner, cela signifie malheureusement qu’il y a d’autres intérêts à défendre : mais cela n’est pas une perspective évangélique. »
Le cardinal a souligné que « le chemin entrepris avec la Chine à travers les contacts actuels est graduel et encore exposé à bien des imprévus, comme à de nouvelles urgences possibles » et que « personne, en conscience, ne peut dire avoir des solutions parfaites pour tous les problèmes ». Il a aussi dit « que la liberté de l’Église et la nomination des évêques ont toujours été des thèmes récurrents dans les rapports entre le Saint-Siège et les États ».
« Il faut du temps et de la patience pour que l’on puisse panser toutes les blessures personnelles infligées réciproquement à l’intérieur des communautés », a-t-il ajouté.
« Un dialogue respectueux et constructif avec les autorités civiles »
« Le Saint-Siège, a assuré le cardinal, a toujours maintenu une approche pastorale, cherchant à dépasser les oppositions et se rendant disponible pour un dialogue respectueux et constructif avec les autorités civiles » de la Chine. Il a noté que dans le dialogue avec la Chine, qui a été entamé depuis les années 80, « le Saint-Siège poursuit une finalité spirituelle : être et se sentir pleinement catholiques et, en même temps, authentiquement chinois ».
« Avec honnêteté et réalisme, l’Église ne demande rien d’autre que de professer sa foi avec plus de sérénité, a déclaré le secrétaire d’Etat, en fermant définitivement une longue période d’oppositions, pour ouvrir des espaces de plus grande confiance et offrir la contribution positive des catholiques au bien de toute la société chinoise. »
Plusieurs « blessures ouvertes » qui existent « aujourd’hui encore » devraient être soignées avec « le baume de la miséricorde », a expliqué le cardinal Parolin. « Et s’il est demandé à quelqu’un un sacrifice, petit ou grand, il doit être clair pour tous que ceci n’est pas le prix d’un changement politique, mais rentre dans la perspective évangélique d’un bien majeur, le bien de l’Église du Christ. »
En se référant aux paroles du pape Benoît XVI dans sa Lettre aux catholiques chinois, il a rappelé que « la mission propre de l’Église n’est pas de changer les structures ou l’administration de l’État, mais d’annoncer aux hommes le Christ ». « L’Église en Chine, a-t-il poursuivi, ne veut pas se substituer à l’État, mais désire offrir une contribution sereine et positive pour le bien de tous. C’est pourquoi le message du Saint-Siège est un message de bonne volonté, avec le vœu de poursuivre dans le dialogue entamé pour contribuer à la vie de l’Église catholique en Chine, au bien du peuple chinois et à la paix dans le monde. »
Les critiques du dialogue avec les autorités chinoises
En répondant à la question sur les critiques à l’intérieur de l’Église de l’approche adoptée par le Saint-Siège dans son dialogue avec les autorités chinoises, le cardinal Parolin a déclaré qu’ « il est légitime d’avoir des opinions différentes sur les réponses les plus opportunes à offrir aux problèmes du passé et du présent ». Il a aussi ajouté « qu’entre chrétiens les critiques devraient viser à construire la communion et non à susciter des divisions ».
En même temps, le cardinal estime « qu’aucun point de vue personnel ne peut être considéré comme l’interprète exclusif de ce qui est bien pour les catholiques chinois. »
« Nous sommes tous appelés à distinguer de manière plus adéquate la dimension spirituelle et pastorale de la dimension politique », a-t-il souligné. Selon lui, « des expressions comme pouvoir, trahison, résistance, capitulation, conflit, rupture, compromis devraient laisser la place à d’autres comme service, dialogue, miséricorde, pardon, réconciliation, collaboration, communion ». « Si l’on n’est pas disposé à changer cette approche, a ajouté le cardinal, cela donne lieu à un grave problème : celui de penser et d’agir uniquement en termes de politique. À cet égard, le Saint-Siège espère pour tous une sincère conversion pastorale inspirée de l’Évangile de la miséricorde, pour apprendre à s’accueillir entre frères, comme l’a si souvent rappelé le pape François. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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