Card. Wyszynski, 15 août 1966 @ wikimedia commons

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Causes des saints: l’héroïsme du card. Stefan Wyszynski

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Le «primat du millénaire»

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La cause de béatification du cardinal primat de Pologne Stefan Wyszynski (1901-1981), « primat du millénaire », vient de franchir une étape décisive avec la reconnaissance par Rome de ses “vertus héroïques”, lundi, 18 décembre 2017. La reconnaissance ultérieure d’un miracle dû à son intercession permettra sa béatification.
Dans son Testament spirituel, le pape Jean-Paul II cite avec insistance le l’ancien archevêque de Varsovie et primat de Pologne (de 1948 à 1981), et fondateur de l’institut séculier de Notre-Dame de Jasna Gora.
Le cardinal Wyszynski est considéré comme la plus grande autorité morale de Pologne, grâce notamment à son attitude face au régime communiste : il reste dans les mémoires comme un pasteur soucieux des affaires de l’Eglise, mais en vue de l’intérêt de toute la Pologne.
« J’aime la Pologne plus que mon cœur »
Il aimait à répéter : « J’aime la Pologne plus que mon cœur, tout ce que je fais pour l’Eglise, je le fais aussi pour mon pays ». Ainsi, lors des accords de Gdansk entre les ouvriers du chantier naval et le gouvernement, il disait qu’il aurait voulu « faire davantage » pour éviter l’escalade de la violence. Il se sentait « responsable » de ne pas y être arrivé. Il aurait voulu faire rempart de son propre corps pour éviter ces dizaines de morts.
Une neuvaine d’années
Il a été l’initiateur de la « grande neuvaine d’années » et il est considéré comme « le primat du millénaire », pour avoir organisé les célébrations du millénaire du baptême de la Pologne (966-1966).
Il est resté aussi fameux pour la lettre aux évêques allemands de 1965, par laquelle il accordait le pardon à l’Eglise d’Allemagne… Beaucoup pensent encore aujourd’hui que cette lettre peut être le fondement d’une nouvelle Europe, sans frontières. Surtout, il avait adopté cette attitude de réconciliation envers tous.
Le pardon aux persécuteurs
Par exemple, il souffert de l’hostilité du Premier secrétaire du Parti communiste Wladyslaw Gomulka, mais dans ses sermons, il ne cessait d’appeler au pardon. Juste après la mort de Gomulka, une personne qui rendait visite à Wyszynski a commencé à critiquer le défunt, le primat l’a tout de suite arrêté : « On ne gifle pas une tête coupée ». Il n’avait pas hésité non plus à avoir de longs colloques avec Gomulka, pendant une, deux ou trois heures. Il a adopté une attitude semblable lors de la démission d’ Edward Gierek. Tout le monde se détournait de lui. Le primat, lui, est allé lui rendre visite.
Wyszynski et Wojtyla
Le régime a aussi tenté d’opposer les deux cardinaux Wyszynski et Wojtyla, sans jamais y réussir ! Ils étaient liés d’une affection très forte. Ils partageaient la même dévotion à la Vierge Marie. A propos de l’attentat du 13 mai 1981, le pape a repris ce proverbe polonais : « l’homme tire, Dieu dirige la balle », lorsqu’il a dit qu’une main avait tiré et que la Vierge Marie avait dirigé le projectile. A la nouvelle de l’attentat, le cardinal Wyszynski a offert sa vie à Dieu pour le pape : il est mort quelques jours plus tard… Le 25 mai, il a pu parler au téléphone une dernière fois avec Jean-Paul II. On l’a entendu dire : « Saint-père, bénissez-moi ». Il est mort en silence, à 4 heures du matin, le 28 mai, jeudi de l’Ascension.
Le ciel aussi pleurait
Son cercueil a été transporté à deux pas du palais présidentiel, à l’église du séminaire, parce que c’est là qu’il avait été intronisé en 1948 : la cathédrale avait été détruite pendant la guerre.
Il pleuvait beaucoup : les gens disaient que le ciel aussi pleurait ! Jusqu’au dimanche, des foules sont venues se recueillir, jour et nuit, auprès de sa dépouille. Ses funérailles ont eu lieu en plein air, au centre de Varsovie, place de la Victoire, là où saint Jean-Paul II avait célébré la messe en 1979. Volontairement, on a décoré l’autel comme le jour de la messe du pape. Une foule immense a participé à la célébration.
Un centre de spiritualité en mémoire du cardinal Wyszynski a été construit à Cestochowa, auprès de la Vierge de Jasna Gora.
Des centaines de mémoires ont été publiés sur le cardinal Wyszynski, et un doctorat en Sorbonne.
Avec Mme Iwona Czarcinska, de l’Institut de Notre-Dame de Jasna Gora (France Catholique, 2005)

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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