Le métropolite Hilarion offre au pape une relique de saint Séraphim de Sarov © L'Osservatore Romano

Le métropolite Hilarion offre au pape une relique de saint Séraphim de Sarov © L'Osservatore Romano

«Défendre les idéaux évangéliques», par le métropolite Hilarion

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La coopération des Églises après La Havane

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« Pour nos Églises, le moment est venu d’agir de façon conjointe pour défendre les idéaux évangéliques de la vie sociale, familiale et privée », estime le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou.
Après être intervenu, le 24 août 2017, au Meeting de Rimini (20-26 août 2017), le plus proche collaborateur du patriarche russe orthodoxe Kirill a accordé une interview au quotidien catholique italien Avvenire dans laquelle il a présenté les résultats concrets de la rencontre des primats des Églises catholique et orthodoxe de février 2016.
Le métropolite Hilarion rappelle que la Déclaration conjointe signée à Cuba par le pape François et le patriarche Kirill « est le reflet de différents problèmes sur lesquels les orthodoxes et les catholiques ont une position commune ». À La Havane, poursuit-il, « les primats des deux Églises ont souligné la nécessité d’une coopération catholique-orthodoxe pour la protection des fondements chrétiens de la civilisation européenne, de la famille comme chemin de sainteté qui manifeste la fidélité réciproque des époux et leur ouverture à la procréation et à l’éducation des enfants, du droit fondamental à la vie et du respect de la dignité humaine ».
En notant encore une fois que la rencontre à Cuba « a, sans exagérer, une signification historique », le métropolite souligne que « les relations de l’Église orthodoxe russe avec l’Église catholique romaine, ces derniers temps, se sont sensiblement intensifiées ». « Cela est dû, estime-t-il, en premier lieu, à la claire conscience de la nécessité d’unir les efforts des orthodoxes et des catholiques pour défendre les valeurs chrétiennes traditionnelles et répondre aux défis de notre temps, comme la sécularisation libérale, la discrimination des chrétiens, la crise des valeurs familiales, la dégradation de la morale dans la vie personnelle et sociale. »
Une coopération au Moyen-Orient
Parmi les résultats concrets de la rencontre à Cuba, le métropolite Hilarion cite une « coopération orthodoxe-catholique … dans le domaine de la protection des chrétiens contre les persécutions, avant tout au Moyen-Orient et dans certains pays africains où la population chrétienne est exposée à un véritable génocide de la part des forces extrémistes ». « Cette situation tragique a été la cause principale de la rencontre de La Havane », rappelle-t-il.
En s’attardant sur la situation en Syrie, il note qu’elle « reste encore très difficile ». «  Et cela est dû en grande partie à l’absence d’une juste coopération entre les coalitions anti-terroristes, estime-t-il. Par conséquent, l’appel du pape et du patriarche n’a pas perdu son actualité. »
Les deux Églises, constate le métropolite, « ont développé une coopération pour fournir une assistance humanitaire aux chrétiens qui souffrent en Syrie ». « Au mois d’avril 2016, poursuit-il, un voyage d’un groupe de représentants des deux Églises a eu lieu en Syrie et au Liban pour examiner la situation sur place. En Russie, orthodoxes, catholiques et représentants d’autres croyances réalisent régulièrement un recueil de fonds commun pour les besoins en Syrie. »
Selon le métropolite, « la rencontre entre le pape et le patriarche à La Havane a témoigné de la proximité des positions du patriarche de Moscou et de l’Église catholique romaine sur les grands thèmes de notre temps. »
Comme autre exemple de la coopération, il cite le Ve Forum catholique-orthodoxe européen, en janvier 2017, à Paris, « consacré au problème de la menace du terrorisme, directement lié à la situation au Moyen-Orient ». « Dans le message de conclusion, poursuit le métropolite Hilarion, les participants au Forum ont exprimé la nécessité d’une étroite collaboration entre orthodoxes et catholiques face aux défis jusque-là sans précédents que le monde moderne traverse ; ils ont témoigné de leur solidarité à l’égard des chrétiens qui souffrent au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie et ils ont condamné toute forme de discrimination pour des motifs religieux. »
Le métropolite pense aussi que le Sommet mondial pour la défense des chrétiens persécutés (mai 2017, Washington) a été un « événement important ». Il a été « organisé grâce à l’initiative conjointe de l’Église orthodoxe russe et l’Association évangélique de Billy Graham, et des représentants des différentes Églises orthodoxes, de l’Église catholique romaine, de diverses dénominations protestantes et des anciennes Églises orientales ». « Du côté catholique, poursuit le métropolite, ont participé au Sommet l’archevêque de Washington, le card. Donald Wuerl, et des représentants du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. »
La pacification en Ukraine
Le métropolite s’arrête également sur la situation en Ukraine en rappelant qu’ « un espace important » de la déclaration conjointe « est réservé à l’appel à un engagement actif pour la pacification et la solidarité sociale » dans ce pays.
« Pour la première fois, souligne-t-il, a été exprimée du côté catholique au plus haut niveau une condamnation claire de l’uniatisme, comme moyen pour rétablir l’unité entre orthodoxes et catholiques, ainsi que de toute forme de prosélytisme. Cela constitue une condition essentielle pour le rétablissement de la confiance réciproque et le dépassement de vieilles rancœurs et de vieux préjugés, sans lesquels il est impossible d’espérer en un véritable rapprochement entre nos Églises. »
Le métropolite regrette que « malgré les appels à la paix du pape et du patriarche, les chefs de l’Église gréco-catholique ukrainienne continuent de publier des déclarations politisées ». « La situation en Ukraine, estime-t-il, demeure la question la plus problématique dans les relations orthodoxes-catholiques. »
« En même temps, souligne le métropolite Hilarion, nous sommes reconnaissants envers le Saint-Siège d’avoir exprimé aux autorités ukrainiennes sa préoccupation à travers la discussion, à la Verkhovna Rada, de certains projets de loi destinés à établir une base juridique pour la discrimination de l’Église orthodoxe ukrainienne et la séquestration de ses lieux de culte. Je considère cette manifestation de solidarité avec la position du patriarcat de Moscou, de la part du Saint-Siège, comme un des résultats positifs de la réunion de La Havane. »
 L’art, « un langage universel »
Le président du Département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou considère la sphère de la culture comme «  une des sphères les plus prometteuses où peut se développer une fructueuse collaboration entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique ». « L’art, imprégné de sentiments religieux, dit-il, dispose d’un langage universel avec lequel il est possible de témoigner du Christ auprès de la société moderne. »
Il note « l’énorme popularité qu’a eue l’exposition des chefs-d’œuvre de la peinture italienne » des Musées du Vatican, qui s’est tenue à Moscou entre la fin 2016 et le début 2017.
Grâce à l’activité du Groupe de travail conjoint sur la coopération culturelle entre les deux Églises, « une série de concerts du Chœur synodal de Moscou et du Chœur de la Chapelle Sixtine, à Moscou et à Rome, de nombreuses expositions d’art, ainsi qu’une École d’été à Moscou pour les étudiants des différents instituts pontificaux » ont été organisés. « La coopération lancée il y a quelques années a un grand potentiel de développements ultérieurs », souligne le métropolite.
Les reliques de saint Nicolas en Russie
Le métropolite Hilarion qualifie d’ « un événement sans précédent » l’exposition en Russie  des reliques de saint Nicolas de Bari. « Cet événement exclusif, poursuit-il, a été un résultat concret de la rencontre historique des deux primats et démontre le haut niveau de confiance et de compréhension réciproques. »
« Saint Nicolas est le saint le plus vénéré en Russie, dit-il, il y a un nombre immense d’églises qui lui sont dédiées et dans toutes les familles orthodoxes, on trouve toujours son icône. »
« Plus de deux millions trois cent mille fidèles » ont pu vénérer les reliques du saint, affirme le métropolite : « Il est difficile de trouver les mots pour exprimer les sentiments dont ont été remplis ces fidèles pendant leur pèlerinage vers les reliques de leur saint préféré et vénéré. »
« Cet événement, estime-t-il, a aussi une grande importance pour les relations orthodoxes-catholiques. L’exposition des reliques de saint Nicolas en Russie a signifié un témoignage visible de la tradition encore vivante du premier millénaire, qui unit orthodoxes et catholiques qui vénèrent les saints communs de l’Église antique. »
Trop tôt pour parler d’une nouvelle rencontre
À la fin de l’interview, le métropolite Hilarion répond à une question sur la prochaine rencontre entre le pape et le patriarche Kirill. « Il est trop tôt pour parler d’une nouvelle rencontre entre le patriarche de Moscou et de toute la Russie et le pape, dit-il. La rencontre de l’année dernière à La Havane a indiqué les perspectives pour le développement des relations entre les deux Églises dans un avenir proche et maintenant nous devons nous engager à les mettre en œuvre, avec l’aide de Dieu. Pour réaliser cette tâche, il faut bien plus d’une année. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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