Mgr Bernardito Auza, capture

Mgr Bernardito Auza, UNTV capture

ONU: le Saint-Siège redit "non" aux armes nucléaires, intervention de Mgr Auza

Un «défi contre la logique de la peur» (traduction intégrale)

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« Cette conférence est un acte de défi contre la logique de la peur », a déclaré Mgr Bernardito Auza: « C’est sûrement un moment où ensemble, nous vivons notre humanité collective, en rachetant nos liens avec les morts, en honorant notre engagement envers nos contemporains et en gardant nos promesses envers les générations encore à naître. »
Le nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, a fait cette déclaration à la conférence des Nations Unies visant à négocier « un instrument juridiquement contraignant en vue d’interdire les armes nucléaires, en vue de leur totale élimination », au siège des Nations Unies, à New York, le 30 mars 2017.
« Investir dans le développement humain intégral,  a affirmé Mgr Auza, « est le meilleur moyen de garantir la paix et la sécurité internationales, plus que nous ne le faisons avec les armes ».
Il a énuméré « sept éléments » concernant « les questions éthiques et humanitaires qui doivent être prises en compte dans l’élaboration de l’instrument juridiquement contraignant en vue d’interdire les armes nucléaires ».
Mgr Auza a souligné que « les conditions de paix » sont « créées et favorisées par la rencontre et le dialogue » et que « la paix consiste à jouir et à exercer les droits humains fondamentaux ».
Chaque État, a-t-il poursuivi,  doit « faire tout son possible pour éliminer les armes nucléaires » ainsi qu’il doit « accepter » les « responsabilités en matière d’assistance aux victimes et d’assainissement environnemental dans les zones contaminées par leurs essais nucléaires ».
Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Bernardito Auza.
MD
Intervention de Mgr Bernardito Auza :
Madame la Présidente,
Dans son Message adressé à cette Conférence, le pape François nous a rappelé que notre travail était « un exercice d’espérance […] et un pas décisif sur la route vers un monde sans armes nucléaires ».
La délégation du Saint-Siège, sans prétendre être exhaustive, souhaite souligner sept éléments en ce qui concerne les questions éthiques et humanitaires qui doivent être prises en compte dans l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant pour interdire les armes nucléaires, conduisant à leur élimination totale :
Tout d’abord, la paix consiste à jouir et à exercer les droits humains fondamentaux, exempts de la menace de guerre et de destruction ou des retombées des tests d’armes. La menace d’une destruction mutuellement assurée par des armes nucléaires ne peut pas être la base d’une éthique de la fraternité et de la coexistence pacifique entre les peuples et les États.
Deuxièmement, les conditions de paix sont plutôt créées et favorisées par la rencontre et le dialogue, le renforcement de la confiance et les pratiques de réduction des menaces.
Troisièmement, il incombe à chaque État de faire tout son possible pour éliminer les armes nucléaires, comme le mentionne l’article VI du TNP : sa double obligation de non-prolifération nucléaire et de désarmement nucléaire exige une obligation claire de détruire les armes nucléaires stockées.
Quatrièmement, les souffrances inutiles que les armes nucléaires infligent à ceux qui survivent, combattants et non-combattants, constituent une violation du droit international humanitaire, ont longtemps été interdites dans les codes militaires et le droit international et méritent une condamnation sans équivoque et sans hésitation.
Cinquièmement, les États doivent accepter leurs responsabilités en matière d’assistance aux victimes et d’assainissement environnemental dans les zones contaminées par leurs essais nucléaires et leurs accidents et doivent aider à la réinstallation de ceux qui ont été déplacés par des événements nucléaires. Un traité interdisant les armes nucléaires devrait suivre l’exemple d’accords internationaux récents qui obligent les États parties à éliminer les restes dangereux postérieurs aux conflits et et aux guerres.
Sixièmement, nous avons l’obligation de poursuivre des initiatives visant à sensibiliser le public à l’impact humanitaire des armes nucléaires et à éduquer chaque génération pour que la paix et la sécurité durables ne puissent jamais être obtenues par des moyens militaires seuls, et encore moins par la possession d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive. Nous devons être profondément engagés à renforcer la confiance mutuelle et à assurer l’implication de tous dans cette Conférence et dans le dialogue qui l’entoure.
Septièmement, nous devons investir dans le développement humain intégral, qui est le meilleur moyen de garantir la paix et la sécurité internationales, plus que nous ne le faisons avec les armes. Le Saint-Siège considère que les ressources consacrées aux armes nucléaires pourraient être mieux réparties pour le développement, en particulier pour ceux qui sont laissées en arrière.
Madame la Présidente,
Le Saint-Siège espère que ces sept éléments pourront se refléter dans le projet que nous négocions.
Au cours de la crise des missiles cubains en 1963, le pape Jean XXIII a appelé les présidents Khrouchtchev et Kennedy à éviter la guerre nucléaire. À cette époque, il nous a rappelé « l’un des devoirs cardinaux dérivant de notre nature commune, à savoir que l’amour et non la peur doivent dominer les relations entre les individus et entre les nations ».
Cette conférence est un acte de défi contre la logique de la peur. Nous pouvons ne pas le voir immédiatement comme un acte d’amour, mais c’est sûrement un moment où ensemble, nous vivons notre humanité collective, en rachetant nos liens avec les morts, en honorant notre engagement envers nos contemporains et en gardant nos promesses envers les générations encore à naître.
Merci, Madame la Présidente.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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