Mosaïque de la Vierge Marie place Saint-Pierre, capture CTV

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"Marie de Nazareth, la foi jusqu’au bout", par Anne-Marie Pelletier

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Réflexion de la bibliste française dans L’Osservatore Romano

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« Marie de Nazareth, la foi jusqu’au bout ». C’est le titre de la réflexion de la bibliste française Anne-Marie Pelletier dans le mensuel « Femmes, Eglise, monde » de L’Osservatore Romano du mois de janvier 2017. Nous en publions une synthèse avec l’aimable autorisation de l’auteur, à partir de l’original en français.

La bibliste, Prix Ratzinger 2014, propose de « revisiter l’Ecriture », où « la présence de Marie dans le récit évangélique est parcimonieuse et discrète ». Elle énumère les événements où Marie est présente : l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation du Temple, le recouvrement de Jésus à Jérusalem, les noces de Cana, la Passion, la Pentecôte.

Mais aussi de brèves mentions de Marie, comme l’épisode où Jésus demande : « Qui est ma mère et qui sont mes frères… ? » (Mt 12,46-50). En Lc 11,27-28, devant la femme qui célèbre les entrailles maternelles qui l’ont porté, Jésus déplace la béatitude vers « ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ». Anne-Marie Pelletier y voit « une leçon majeure : l’identification de Marie, l’explicitation de son rôle et de son éminence dans le mystère du salut peuvent exposer au malentendu. Elles invitent donc à la prudence et à la vigilance ».

La salutation d’Elisabeth « Tu es bénie entre les femmes » (Lc 1,42) est « précieuse » mais elle ne saurait signifier que « seule parmi les femmes, elle sut plaire à Dieu », poursuit la lauréate du Prix Ratzinger 2014 : « Dans sa lettre, en grec comme en latin, le texte évangélique la désigne bien comme étant ‘parmi’, ‘entre les femmes’, comme trouvant place dans le cortège indénombrable des générations féminines, qui se succèdent depuis que le monde est monde ».

« Pourtant, dans le cas de Marie, cette humble condition est arrachée à la banalité », explique Anne-Marie Pelletier : « le récit évangélique résonne de fortes références bibliques, qui relient Marie aux femmes d’Israël ». Marie surgit « au débouché d’une longue lignée de femmes qui, depuis les matriarches, en passant par Ruth, Judith, Esther, et bien d’autres, ont engendré, dans la puissance de Dieu, les générations d’Israël ou qui, en cette même puissance, ont été garantes de l’avenir du peuple aux heures de péril ».

Pour la bibliste, « la figure de Marie déborde les générations féminines d’Israël pour s’égaler au peuple tout entier, engendré par Dieu à la sainteté, à partir du petit reste qui se sera tenu humblement dans l’espérance ».

Comme « écoutante », Marie « accomplit, c’est-à-dire porte à sa plénitude la tâche confiée au peuple de l’alliance dans le shema Israël (Dt 6,4) ». « C’est très précisément cette ‘écoute’, fait observer Anne-Marie Pelletier, qui est mise en avant par Jésus pour rectifier la béatitude exaltant les entrailles qui l’on porté ».

Ainsi Marie est « le verus Israël, au sens où tout ce qui la qualifie est en fait accomplissement de la vocation du peuple choisi » : « elle se trouve placée, comme nul autre être humain, au cœur brûlant de l’alliance, là où Dieu conduit à son point extrême sa volonté de salut pour l’humanité et là où cette humanité accède à une justice qui accomplit sa vérité divine ».

Lorsqu’elle se désigne elle-même comme « servante du Seigneur », c’est « l’humilité » qui est soulignée : « antidote de l’orgueil qui conduit à la mort, elle est ce à quoi le Dieu d’Israël a appelé sans cesse son peuple en lui enseignant que c’est là la voie royale, l’arme de la vraie puissance, qui confond et défait les orgueilleux ».

Anne-Marie Pelletier souligne la foi de Marie dont la vie est « jalonnée d’étonnements » et de « réalités bien déconcertantes ». « Marie demeure présente, jusqu’au bout. Stabat Mater. Elle tient jusqu’au bout de la nuit, dans l’épreuve de la contradiction, en ‘gardant ensemble’ (…) l’évidence de l’échec absolu et la confiance sans mots que Dieu sauve, dans cette perte même ».

« Et c’est à cette foi que Marie engendre l’Eglise, conclut-elle : foi courageuse, endurante, qui affronte l’effondrement de toutes les images idolâtriques de Dieu que la Croix vient contredire et dénoncer. Ainsi, vivant et engendrant de cette foi, Marie de Nazareth déborde absolument le modèle de féminité, à laquelle on a voulu l’assigner trop souvent. En cette femme associée à l’œuvre divine de la recréation de l’humanité, comme la chantait saint Anselme, c’est bien l’Eglise toute entière qui est invitée à se reconnaître maternellement engendrée, afin de porter dans le présent obscur que nous vivons le témoignage de la victoire du Ressuscité, face à toutes les évidences contraires ».

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Rédaction

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