Cardinal Leonardo Sandri, Capture Salt&LightTV

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Ukraine: «Que disparaisse ce qui divise les Églises, les peuples et les nations», le voeu Jean-Paul II

Le card. Sandri préside la consécration de l’église des Saints Cyrille et Méthode

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« Les saints Cyrille et Méthode ont vraiment été des serviteurs de l’Évangile…et des créateurs de ponts de communion entre les Églises et entre les peuples », a dit le cardinal Leonardo Sandri qui a cité Jean-Paul II : « Je souhaite que disparaisse ce qui divise les Églises comme les peuples et les nations. »
Le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales s’est rendu samedi 10 décembre 2016 en Ukraine, pour présider le rite de consécration de l’église et de l’autel dédiés aux saints Cyrille et Méthode à Mukatcheve, ville de la Transcarpatie ukrainienne. Au cours de sa visite en 2011, le cardinal Sandri avait vu le chantier de l’église en construction et avait promis d’y retourner pour sa consécration, indique la romaine pour les Eglises orientales catholiques.
Plusieurs fidèles sont venus pour assister à la célébration parmi lesquels des personnes âgées, des femmes et des enfants, assistant debout et chantant à l’unisson pendant un rite qui avait duré presque trois heures.
« Nous invoquerons toujours l’intercession des saints frères de Thessalonique pour la paix et l’unité entre tous les peuples slaves ou qui ont bénéficié de leur prédication, a souligné le cardinal Sandri dans son homélie, et pour que l’Europe retrouve la lumière de l’Évangile comme critère d’inspiration de ses actions, mettant au centre l’homme et sa dignité. »
Le cardinal argentin a rappelé les paroles du pape Jean-Paul II qui voulut que saints Cyrille et Méthode soient à côté de saint Benoît co-patrons de l’Europe : « Je souhaite que disparaisse ce qui divise les Églises comme les peuples et les nations ; et que les diversités de traditions et de culture démontrent au contraire le complément réciproque d’une richesse commune. »
Les évêques de différentes provenances sont venus pour participer au rite de la consécration de l’église: d’Ukraine, de Lviv, le métropolite de l’archiéparchie, Mgr Ihor Voznyak ; l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse latin, Mgr Maly ; de Roumanie, l’évêque de l’éparchie d’Oradea, Mgr Bercea ; de Grande-Bretagne, l’évêque de l’éparchie ukrainienne, Mgr Lonchyna ; de Slovaquie, l’évêque de l’éparchie de Kosice, Mgr Chautur ; en plus de l’évêque de l’éparchie de Mukatcheve, Mgr Sasik, avec son auxiliaire Mgr Lushchak.
Voici notre traduction de l’homélie du cardinal Sandri, de l’italien.
MD
Homélie du card. Sandri
Excellence, Mgr Milan,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Révérends prêtres, religieux, religieuses, séminaristes,
Sœurs et frères dans le Seigneur,
« Que le Dieu de la paix, lui qui a fait remonter d’entre les morts, grâce au sang de l’Alliance éternelle, le berger des brebis, le Pasteur par excellence, notre Seigneur Jésus, que ce Dieu vous forme en tout ce qui est bon pour accomplir sa volonté, qu’il réalise en nous ce qui est agréable à ses yeux, par Jésus Christ, à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen ».
1.Cette belle expression tirée de la lettre aux Hébreux, que nous venons d’entendre, nous sert de guide pour réfléchir sur le don que le Seigneur fait aujourd’hui à cette communauté. En célébrant le rite de la consécration [de cette église] et de son autel, vous faites en effet de cet espace le lieu où l’assemblée pourra rendre un culte à Dieu et, d’une manière particulière, dans la divine liturgie, reprendre des forces et une nourriture en s’asseyant à la table du Corps et du Sang du Sauveur. C’est le sang de l’alliance extérieure qui, répandu sur le monde dans le mystère pascal du Christ, le rachète et nous permet de vivre comme des fils qui attendent les nouveaux cieux et la nouvelle terre – mais en s’engageant dès maintenant à la construction d’un monde où la paix et la justice aient une demeure stable.
Le souhait exprimé dans la lettre aux Hébreux, « qu’il vous forme en tout ce qui est bon » se fonde donc sur le roc de la fidélité de Dieu qui a eu son accomplissement dans la mort et la résurrection du Christ. C’est pourquoi l’autel est comme la pierre d’angle, rejetée par les constructeurs mais que Dieu a posée comme fondation. Nous avons tous besoin de sécurité et de stabilité pour pouvoir vivre le présent et pour nous permettre de rêver d’un avenir lumineux pour nous et pour nos enfants. Malheureusement, la réalité de tous les jours nous pousse peut-être à douter, parce que nous voyons autour de nous la pauvreté, la guerre, des milliers de nos frères restés sans maison et sans rien, nous voyons la corruption et tant de formes de division. Ce sont toutes les expressions de la fragilité de notre monde et de nos projets humains. Parfois, même parmi les disciples du Seigneur, qui confessent le même nom de Jésus et qui ont reçu le même baptême, nous assistons à des divisions et à des affrontements : le péché qui divise, sépare, met l’autre dans une mauvaise lumière, se niche avant tout dans nos cœurs, avant de se trouver dans les ténèbres du monde. Nous sommes fragiles, nous sommes pécheurs ! Nous découvrons encore plus le besoin de rester appuyés sur le roc qu’est Dieu ; si tout le monde s’écroule ou nous est contraire, il reste fidèle, parce qu’il ne peut se renier lui-même.
2.Être enfants de Dieu, ressentir que l’Église est notre Mère, cela nous introduit dans un mystère de communion plus grande, où nous ne sommes pas seuls : à nos côtés cheminent beaucoup de frères et sœurs qui cherchent le Seigneur d’un cœur sincère et les saints du ciel intercèdent pour nous.
Pendant le rite de consécration, plusieurs reliques de saints sont insérées dans l’autel, en souvenir de cette vérité de notre foi que nous redisons en récitant le Credo pendant la sainte liturgie. La vie même des saints, auxquels nous sommes renvoyés par leurs saints restes mortels, nous est un exemple et un soutien. Les saints Cyrille et Méthode ont vraiment été des serviteurs de l’Évangile et, pour cette raison, ils ont été capables de devenir des artisans de culture et des créateurs de ponts de communion entre les Églises et entre les peuples. Retournons en esprit et avec le cœur aux paroles du saint pape Jean-Paul II qui voulut qu’ils soient à côté de saint Benoît co-patrons de l’Europe : « Cette proclamation veut être un témoignage de la prééminence de l’annonce de l’Évangile, confié par Jésus-Christ aux Églises, pour lequel ont peiné les deux frères apôtres des Slaves. Cette annonce a été la voie et l’instrument d’une connaissance réciproque et d’une union entre les différents peuples de l’Europe naissante et a assuré à l’Europe d’aujourd’hui un patrimoine spirituel et culturel commun. Je souhaite que disparaisse ce qui divise les Églises comme les peuples et les nations ; et que les diversités de traditions et de culture démontrent au contraire le complément réciproque d’une richesse commune. Que la conscience de cette richesse spirituelle, devenue sur des routes différentes le patrimoine de chaque société du continent européen, aide les générations contemporaines à persévérer dans le respect réciproque des justes droits de chaque nation  et dans la paix, sans cesser de rendre les services nécessaires au bien commun de toute l’humanité et à l’avenir de l’homme sur la terre » (Egregiae Virtutis). Nous sommes bien conscients que ces affirmations, prononcées il y a trente-six ans, sont plus que jamais actuelles. En nous retrouvant pour célébrer le culte du Seigneur dans cette église, nous invoquerons toujours l’intercession des saints frères de Thessalonique pour la paix et l’unité entre tous les peuples slaves ou qui ont bénéficié de leur prédication, et pour que l’Europe retrouve la lumière de l’Évangile comme critère d’inspiration de ses actions, mettant au centre l’homme et sa dignité et non d’autres critères et d’autres marchés.
3.En célébrant la liturgie du Seigneur, nous deviendrons toujours plus conscients d’être la lumière et le sel de la terre, parce que rendus tels par le don de notre Père qui est dans les cieux : demandons la grâce que la lumière et le sel de l’Évangile puissent se refléter dans nos familles, en particulier pour les enfants et les jeunes, qu’ils puissent rêver et construire un bon avenir, pour les personnes âgées afin qu’elles continuent de guider par leur sagesse mûrie au fil des ans, dans les lieux de travail, dans la société, afin que l’on voit de nombreux laïcs engagés avec honnêteté et transparence dans la construction du bien commun. Que la coupe que je vous offre soit signe de communion et d’engagement de prière pour toutes les Églises orientales catholiques, pour nos frères de l’Église gréco-catholique ukrainienne, pour les latins, pour le chemin vers l’unité visible avec nos frères de l’Église orthodoxe. Et que la liturgie se traduise toujours en charité concrète, en secours, en accueil et solidarité, dans le style que le Saint-Père François continue de nous demander, lui qui n’a pas manqué d’adresser une pensée à cette nation bienaimée et à son peuple, comme cela s’est produit à travers la Collecte extraordinaire pour l’Ukraine proposée il y a quelques mois.
4.Que Marie, Mère de Dieu et notre Mère, les saints Cyrille et Méthode veillent toujours sur vous, sur votre évêque, son auxiliaire, les prêtres, les diacres et tout le peuple saint de Dieu, et que la bénédiction de Dieu descende particulièrement sur tous ceux qui, en tant que bienfaiteurs, ont permis la construction de ce temple de Dieu. Amen.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
 
 

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Constance Roques

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