Une Journée mondiale des pauvres est instituée par le pape François, ainsi qu’un dimanche de la Parole de Dieu, dans sa lettre apostolique « Misericordia et misera », publiée ce 21 novembre 2016, pour prolonger dans la vie de l’Eglise et la société la force de l’Année sainte extraordinaire de la Miséricorde qui s’est achevée dimanche, 20 novembre 2016.
Le pape annonce ces deux nouvelles journées, qui rappellent aux baptisés le pain des pauvres et le pain de la Parole de Dieu, en soulignant notamment « la grande et positive incidence de la miséricorde en tant que valeur sociale », dans sa lettre apostolique pour la conclution du Jubilé, « Misericordia et Misera », publiée ce 21 novembre.
La Journée mondiale des pauvres
Le pape institue la Journée mondiale des pauvres (n. 21) : « À la lumière du «Jubilé des personnes socialement exclues», alors que dans toutes les cathédrales et dans les sanctuaires du monde les Portes de la Miséricorde se fermaient, j’ai eu l’intuition que, comme dernier signe concret de cette Année Sainte extraordinaire, on devait célébrer dans toute l’Église, le XXXIIIème Dimanche du Temps ordinaire, la Journée mondiale des pauvres » (n. 21).
Le pape exauce en quelque sorte le voeu exprimé il y a dix jours par Etienne Villemin, fondateur et responsable de l’association Lazare, lors du pèlerinage des sans-abri à Rome pour leur Jubilé, « Fratello 2016 », le 11 novembre dernier en la salle Paul VI du Vatican: « Très Saint Père, permettez moi de vous partager un grand désir : Accepteriez vous que puissent être organisés les Journées mondiales des pauvres ? C’est avec confiance que nous vous adressons ce souhait.»
Le pape veut en effet éviter une « théorie de la miséricorde » et favoriser au contraire une culture concrète: « C’est un appel pressant à ne pas mal interpréter où il est déterminant de s’engager. La tentation de faire la «théorie de la miséricorde» est surmontée dans la mesure où celle-ci est notre vie quotidienne de participation et de partage. »
Le pape invite une nouvelle fois à « ne pas détourner notre regard des nouvelles formes de pauvreté et de marginalisation, qui empêchent les personnes de vivre dignement».
Pour le pape, c’est une exigence interne à la dynamique de la miséricorde reçue que de l’incarner: « Le caractère social de la miséricorde exige de ne pas rester inertes et de chasser l’indifférence et l’hypocrisie, afin que les plans et les projets ne demeurent pas lettre morte. Que l’Esprit Saint nous aide à être toujours prêts à offrir notre participation de manière active et désintéressée, afin que la justice et une vie digne ne demeurent pas des paroles de circonstance, mais marquent l’engagement concret de celui qui veut témoigner de la présence du Royaume de Dieu.»
Le pape évoque certaines détresses qui attendent la réponse vigilante et solidaire de « l’agir miséricordieux des chrétiens »: « Être sans travail et ne pas recevoir un juste salaire, ne pas avoir une maison ou une terre où habiter, subir des discriminations pour la foi, la race, le statut social… ces réalités, et d’autres encore, sont des conditions qui attentent à la dignité de la personne face auxquelles l’agir miséricordieux des chrétiens répond avant tout par la vigilance et la solidarité. Combien sont nombreuses les situations aujourd’hui où l’on peut rendre la dignité aux personnes et permettre une vie humaine! Qu’il suffise de penser à de nombreux jeunes enfants qui subissent des violences de toutes sortes qui leur volent la joie de vivre. Leur visages tristes et défaits sont imprimés dans mon esprit. Ils demandent notre aide pour être libérés de l’esclavage du monde contemporain.»
Il interpelle les baptisés: « Ces enfants sont les jeunes de demain. Comment les préparons-nous à vivre de façon digne et responsable ? Avec quelle espérance peuvent-ils affronter leur présent et leur avenir ?»
Un dimanche consacré à la Parole de Dieu
Or une telle vigilance dans la solidarité requiert de repartir sans cesse de l’écoute de Dieu lui-même. C’est pourquoi le pape demande aussi qu’un dimanche dans l’année soit consacré à la Parole de Dieu (n. 7) : « Il serait bon qu’un dimanche de l’année liturgique chaque communauté puisse renouveler son engagement à diffuser, faire connaître et approfondir l’Écriture Sainte: un dimanche entièrement consacré à la Parole de Dieu pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient du dialogue permanent entre Dieu et son peuple. »
Le pape explique solennellement sa volonté : « Je désire vivement que la Parole de Dieu soit toujours davantage célébrée, connue et diffusée, pour qu’à travers elle, le mystère d’amour qui jaillit de cette source de miséricorde soit toujours mieux compris. »
Il recommande la lectio divina, la lecture savoureuse de la Parole de Dieu: « La lectio divina, sur les thèmes de la miséricorde, permettra de toucher du doigt quelle fécondité jaillit du texte sacré lorsqu’il est lu à la lumière de toute la tradition spirituelle de l’Église, et qu’il débouche nécessairement sur des gestes et des œuvres concrètes de charité.»
« La Bible est le grand récit qui raconte les merveilles de la miséricorde de Dieu. Chaque page est baignée par l’amour du Père qui, depuis la création, a voulu imprimer dans l’univers les signes de son amour», insiste le pape François. Autrement dit, l’homme ne vit pas seulement « de pain ».
Le pape signe sa Lettre apostolique Misericordia et Misera, capture CTV
Misericordia et misera: le pape François institue la «Journée mondiale des pauvres» et un Dimanche de la Parole de Dieu
Le pain du pauvre et le pain de la Parole