Mgr Gudziak a lancé un appel à l’aide pour la population ukrainienne qui souffre de la guerre « qui dure depuis deux ans et fait des morts tous les jours », dans un entretien à Radio Vatican, en italien.
Les souffrances du peuple ukrainien sont dans le cœur du pape qui, à l’audience générale de mercredi, 18 mai, a prié tout spécialement pour ses habitants et pour une paix retrouvée dans cette nation au cœur de l’Europe. Terre où règne encore un climat de guerre et non de « conflit », mot jugé « trop léger » par Mgr Borys Gudziak, éparque de Saint-Vladimir-le-Grand à Paris, responsable des rapports de l’Eglise ukrainienne gréco-catholique avec l’extérieur.
Pour faire comprendre la dimension du drame vécu par les Ukrainiens, l’éparque a fait un parallèle entre le nombre de morts provoqués chaque semaine en Ukraine, à celui recensé lors d’un massacre comme celui de ‘Charlie Hebdo’. Pour un bilan total aujourd’hui de « 10 000 morts, 5 millions de personnes touchées directement par la guerre, et deux millions de réfugiés ».
Concernant la crise économique, le responsable religieux a souligné que « la population s’est considérablement appauvrie et souffre énormément ». Il a décrit une situation dramatique: « des opérations chirurgicales qui ont lieu sans anesthésie, des personnes atteintes de maladies qui ne peuvent avoir accès à des soins ou recevoir des médicaments ; des centaines d’enfants qui vivent dehors, ni à l’école, ni chez eux ».
L’appel du pape François, le 3 avril dernier, au terme de la prière du Regina Coeli, est très important pour lui, car « même les hiérarchies catholiques en Europe pensent que tout est fini, tout est calme » en Ukraine, a regretté Mgr Gudziak. Il se rend bien compte que « l’attention médiatique est tournée ailleurs, à cause de la grande crise au Moyen Orient ». Mais ce qui se passe en Ukraine, a-t-il relevé, « pourrait causer une crise migratoire bien plus grande en Europe que celle de la Syrie ».
En demandant de prier pour les Ukrainiens, le pape François, lors de son appel, avait également demandé aux paroisses européennes d’organiser une quête spéciale le dimanche 24 avril. Interrogé sur les résultats de cette collecte, Mgr Gudziak a précisé : « ce sont des processus qui demandent du temps. Mais en plus de l’argent, nous avons besoin de prières et d’informations. Le cardinal Parolin devrait venir en Ukraine à la mi-juin, pour expliquer comment sera distribué l’argent récolté. Cette aide, bien entendue, n’est donnée « ni en fonction des confessions ou des langues », ni donnée « à la nation » mais réservée à « toutes les personnes qui en ont besoin », a-t-il ajouté.
Le chemin qui conduit à la paix est encore long, a laissé entendre le responsable religieux. Il est donc important que la communauté internationale continue de soutenir les populations en détresse. L’évêque a souligné à ce propos trois aspects importants pour rendre efficace ce soutien : « tout d’abord la prière, fondamentale pour nous chrétiens », a-t-il expliqué.
Puis l’information, car « il est très important d’être informés, pour avoir une attitude critique par rapport à ce qui est dit dans la presse et chercher ce qui n’est pas dit ». Depuis plus d’un an, a-t-il déploré encore une fois, « la presse, les médias occidentaux ne parlent plus de la guerre en Ukraine ».
Troisième aspect souligné par Mgr Gudziak, « l’importance d’aider concrètement ceux qui souffrent, comme y appelle le pape », avant de conclure par des paroles de reconnaissance : « Nous en Ukraine nous sommes reconnaissants et apprécions beaucoup cette solidarité au nom de l’Eglise. En effet, notre Eglise est catholique, universelle. Nous sommes en communion avec tous les membres de notre Eglise, mais également avec toutes les personnes de bonne volonté. Ici il s’agit de lutter contre le mal ».
Mgr Boris Gudziak, wikimedia commons
Guerre en Ukraine: appel à l’aide de Mgr Gudziak
Une guerre «qui fait des morts tous les jours»